« Les Juifs de France et d’Europe ont mal »

La parole haineuse, antisémite, raciste, xénophobe, s’est déversée sans relâche sur toutes les voies ouvertes par la modernité… Cette parole s’est malheureusement transformée en actes. Elle a fait des morts. L’affaire Halimi, la tuerie de Montauban et Toulouse, la tuerie de Bruxelles… Face au racisme, à la judéophobie mortifère, le monde ne sait pas clairement nommer le mal. Ou fait semblant. Le monde semble paralysé, figé dans son impuissance. Le temps des mots, le temps de battre le pavé est dépassé, révolu, car l’océan des conséquences est devant nous, prêt à nous submerger, à nous engloutir, nous d’abord, certes, nous sommes si peu nombreux, oserais-je le dire un détail, mais après nous, tous les démocrates, quelles que soient leurs couleurs, tous les amoureux de la liberté, d’ici et d’ailleurs. Et cela aussi, nous l’avons déjà dit, sans succès. On nous dit la loi, le respect de la loi. Mais à quand l’application stricte et ferme des lois existantes pour prévenir et éviter le pire ? Nous désirons vivre  comme tous citoyens français, pouvoir nous réunir, prier, bref, vivre en paix et sans peur. Les yeux se décillent enfin pour admettre qu’il s’agit là d’une guerre, une guerre contre l’occident pour les valeurs qu’il représente, une guerre contre le juif parce qu’il en est la quintessence symbolique. C’est aujourd’hui la cible, la première cible, mais certainement pas la dernière. L’ennemi a profité des failles de notre arsenal juridique et il semblerait que des textes soient en préparation pour les combler. La main est au législateur. Il est temps ! Il n’est que temps ! Mais les seules lois de la démocratie arriveront- elles à lutter contre cet ennemi qui, lui, se défie de ces lois. Seule, une longue et forte détermination et pas seulement nationale, dans tous les domaines, politique, juridique, répressif, éducatif et religieux…, social, a une chance d’être efficace. Si tel n’était pas rapidement le cas, l’hydre haineuse de tous les extrêmes continuera de prospérer sur les faiblesses de nos démocraties.

Nicole Bornstein a été honorée par Jean-François Carenco le 12 juin 2014 à la Préfecture de Lyon, en présence de Jean-Jacques Queyranne et du Sénateur Maire Gérard Colomb.

La cérémonie a eu lieu en présence de Pascale Crozon, Députée du Rhône ; Stéphane Rouvé, Préfet délégué à la Sécurité et à la Défense zone Sud-Est ; Philip Alloncle, Préfet pour l’Egalités des Chances en Rhône –Alpes ; Danielle Chuzeville, Présidente du Conseil Général ; Françoise Moulin Civil, Rectrice de l’Académie de Lyon ; Michel Forissier, Vice-Président du Conseil Général, Maire de Meyzieu ; Richard Wertenschlag, Grand Rabbin de la Région Rhône-Alpes ; le représentant du Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon, Primat des Gaules ; Abdelkader Laïd Bendidi, Président du Conseil Régional du Culte Musulman Rhône- Alpes ; Kamel Kabtane, Recteur de la Grande Mosquée de Lyon ; Jean-Luc Mayaud, Président de l’Université Lyon II ; Marcel Dreyfus, Président du consistoire de Lyon. Janine Meyer, Présidente d’Honneur du CRIF régional et Claude Levy, Présidente des Amitiés Judéo-Chrétiennes de Lyon. Le Préfet Carenco a retracé la carrière professionnelle exemplaire de Nicole Bornstein, titulaire de nombreux titres et postes prestigieux, parmi lesquels : membre de la Société Française de Microbiologie, Chef de laboratoire à la Direction des contrôles de l’AFASSAPS, chef de section au Laboratoire National de la Santé, responsable des formations et de l’enseignement pour les laboratoires Biomérieux, chargée des cours de Bactériologie à l’Université Claude Bernard… Il a ensuite évoqué son militantisme, rappelant son entrée au B’nai B’rith en 1973, dont elle est devenue la Présidente en 1999, avant d’être nommée Secrétaire générale du CRIF en 2004, puis Présidente de la délégation régionale depuis décembre 2012. « Très vite, vous endossez cette responsabilité et, lors du diner annuel du 31 janvier 2013, vous accueillez Manuel Valls, alors Ministre de l’Intérieur… Votre engagement intransigeant et sans faille pour la défense de votre communauté, contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, est un engagement fort, mais généreux, c'est-à-dire sans haine de l’autre… En vous reconnaissant aujourd’hui pour vos mérites éminents, la République délivre aussi un message clair. À la tête du CRIF, dans votre engagement absolu contre l’antisémitisme, vous êtes au cœur de la République », a insisté Jean-François Carenco. « L’honneur qui m’est fait aujourd’hui, je le vis comme une reconnaissance, tant au point de vue professionnel qu’au plan associatif », a déclaré à son tour Nicole Bornstein. « J’en suis très fière, mais j’ai à cœur soyez en sûr de la recevoir non pas comme un aboutissement, mais, bien au contraire, comme un encouragement à poursuivre sur la même voie. J’aurai à cœur d’être à la hauteur de la confiance que m’ont témoignée tous ceux qui m’ont élue comme Présidente du CRIF Rhône-Alpes », a-t-elle remercié.