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« Les plus grands héros sont souvent ceux qui ont tout fait pour ne pas avoir à le devenir »
Du fait des contraintes sanitaires, cette commémoration, en hommage aux résistants, était restreinte et retransmise en direct sur les réseaux sociaux de la Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Education. Elle faisait suite à celle du matin au Mémorial Jean Moulin à Salon de Provence.
Cette cérémonie fut l’occasion de rappeler qu’il y a mille manières de ne pas laisser faire : « La Résistance peut prendre des formes multiples, individuelles ou collectives, spontanées ou organisées, publiques ou clandestines. De la création artistique à la lutte armée, du bulletin de vote à la manifestation ou à la grève, du tract au sabotage, elle emprunte une infinité de voies aux issues incertaines, parfois désespérées. L’action de résistance réside aussi dans la solidarité témoignée aux victimes de la répression ou de la persécution ». Cet extrait de la muséographie du Site-mémorial du Camp des Milles, lu par une jeune élève du Lycée militaire d’Aix-en-Provence, entrait en résonnance avec l’allocution de Bruno Cassette, Sous-préfet de l’Arrondissement d’Aix-en-Provence.
Ce dernier reprenant les mots de Geneviève Darrieussecq, Ministre déléguée auprès de la Ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, affirma : « Qu’ils soient célèbres ou anonymes, qu’ils aient accomplis de petites ou de grandes actions, des faits d’armes mémorables ou des luttes du quotidien, le jeune réfractaire au STO venu grossir les rangs des maquis, la secrétaire muée en agent de renseignement, l’ouvrier étranger devenu combattant au grand jour, l’écrivaine fait pourvoyeuse de tracts et de journaux clandestins, ils furent la fraternité au combat. Par leurs actions, dans leurs réseaux, dans leur mouvement, ils ont préparé et organisé le retour de la République et de la liberté ».
Sylvane Marechal-Malacrida, en lisant le message du de l’Association nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance (ANACR), a rappelé le sens de ce temps d’hommage national, institué en 2013 : « La création du Conseil National de la Résistance (CNR) […], permettra la mise en place dès la fin 1943 des Comités locaux et départementaux de la Libération […] qui auront un rôle important dans la Libération de la France, et l’adoption d’un Programme, publié le 15 mars 1944 dans la clandestinité sous le titre « Les jours heureux », aux valeurs sociales, démocratiques et humanistes si actuelles dans le monde contemporain. Des valeurs que la loi instaurant la « Journée Nationale de la Résistance, le 27 mai » nous assigne comme mission d’« assurer la transmission » ».
Avec force, Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles, s’est adressé aux invités présents : « Aujourd’hui en Europe notamment discours extrémistes et démagogiques, autoritarisme, rejet de l’autre et violences antisémites et racistes accompagnent pertes de repères, crises économiques et morales, crispations identitaires, racismes à rebours, délégitimisation du politique, des institutions et des élites, division des partis démocratiques, (…) Respectons le souvenir des résistants en évitant d’avoir à suivre leur exemple, en résistant aux engrenages qui transformeraient des adversaires en ennemis à combattre. Les plus grands héros sont souvent ceux qui ont tout fait pour ne pas avoir à le devenir».
Ce temps d’hommage s’est clôturé par la cérémonie de dépôt de gerbes des représentants de l’Etat, des élus, et des associations mémorielles.
Entre 1939 et 1942, 18 personnalités ont agi pour les internés du camp des Milles et sauvé des vies. Ils et elles ont reçu le titre honorifique de Justes parmi les Nations pour ces actes courageux.
Parmi ces personnes, le Pasteur Manen fournissait des certificats de baptêmes à des juifs. Le gardien Auguste Boyer, avec sa femme, a permis l’évasion d’enfants à l’été 1942. Des actes courageux mis en valeur le long de l’Allée des Justes devant le Site-mémorial et à l’intérieur du parcours muséographique. Pour en savoir plus sur les Justes