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Publié le 30 avril dans LCI
Ce devait être l'un des moments les plus festifs de l'année pour les juifs orthodoxes d'Israël. Il a viré au drame. Dans la nuit de jeudi à vendredi, au moins 44 personnes sont mortes dans une gigantesque bousculade, lors d'un pèlerinage à Méron, au nord du pays, à l'occasion de la fête de Lag Baomer. Le Magen David Adom, équivalent de la Croix-Rouge en Israël, a pris en charge 150 blessés durant la nuit, dont six dans un état critique, selon un communiqué.
Alors que les autorités avaient permis la présence de 10.000 personnes, plus de 650 bus ont été affrétés dans tout le pays, selon les organisateurs, soit au minimum 30.000 personnes. La presse locale fait de son côté état de 100.000 personnes sur place. LCI vous en dit plus sur cette fête religieuse ayant attiré les foules.
Lag Baomer, une pause festive durant une période de deuil
Le mot "Lag" est constitué des lettres hébraïques "lamed" et "guimel", qui ont ensemble la valeur numérique de 33, est-il expliqué sur le site chabad.org. "Baomer" signifie "dans le Omer", une période de deuil de 49 jours qui commence le deuxième jour de Pessah, la pâque juive, et s’achève à la fête de Chavouot, la Pentecôte juive. La fête de Lag Baomer intervient au 33e jour de cette période. Il s'agit d'une journée de pause festive dans cette période de deuil, au cours de laquelle la musique et les festivités, dont les mariages, ne sont pas autorisées.
À l'occasion de Lag Baomer, toutes ces restrictions sont temporairement abandonnées. En Israël comme ailleurs, la fête prend la forme de sorties, de pique-niques, de feux de joie et de pèlerinages sur les tombes des justes, en particulier sur le mausolée supposé du grand sage Rabbi Chimone bar Yo'haï au mont Méron. Ce pèlerinage est traditionnellement marqué par une forte activité musicale. Une vidéo de la fête postée sur Twitter peu avant le drame montre ainsi des dizaines de milliers de personnes, dansant et sautant sur les gradins au son d'un concert.
Une fête aux origines multiples
Les origines de cette fête sont incertaines. Selon la croyance populaire, indique l'Institut européen des musiques juives, des milliers de disciples de Rabbi Aqiva, considéré comme l'un des fondateurs du judaïsme rabbinique, périrent au cours d’une épidémie entre Pessah et Chavouot, qui pris fin au bout de 33 jours. Une autre hypothèse concernant cette fête veut qu'au IIe siècle, l’armée de Bar Kokhba, après avoir subi des défaites durant une longue période, finisse par remporter une victoire contre l’armée romaine le 33e jour de la période du Omer, cette période de deuil. La dernière hypothèse voudrait qu'il s'agisse, tout simplement, de l'anniversaire de la mort de Rabbi Chimone bar Yo'haï, un talmudiste du IIe siècle de l'ère chrétienne auquel on attribue la rédaction du Zohar, ouvrage central de la mystique juive.