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Publié le 11 Avril 2023

Hommage - Roger Pinto : L'homme qui aimait les Juifs

C'est avec une profonde tristesse que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a appris le décès de Roger Pinto, Président de Siona et ancien vice-Président du Crif. Militant historique des institutions juives, il a été de tous les combats contre l'antisémitisme et aux côtés d'Israël. Le Crif présente ses condoléances à sa famille.

« Roger Pinto vient de nous quitter.

C’était un militant de conviction, un homme d’une grande générosité et un ami attachant.

Quand on parlait de Roger Pinto dans la communauté juive organisée, c'étaient les termes qui revenaient le plus souvent.

Israël, encore victime d’attaques et d’attentats durant Pessah, et les juifs, il les aimait, et il le prouvait tous les jours avec altruisme et énergie durant toute sa vie consacrée au militantisme.

Il avait fondé Siona au lendemain de la Guerre des Six Jours avec son frère jumeau Maurice. À l’origine, son objectif était de rassembler les Juifs arrivés d’Afrique du Nord pour affirmer leur adhésion au sionisme et leur soutien inconditionnel à Israël. Car Siona, c’était Sion et A comme Afrique du Nord et pour certains Algérie où Roger Pinto était né. Le siège de Siona situé au 52 rue Richer dans le 9ème arrondissement de Paris était une ruche où Roger Pinto et ses militants élaboraient des actions de soutien à Israël, mais aussi des programmes concrets destinés à des Israéliens démunis.

Vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et du Consistoire de Paris, Roger Pinto aurait pu se contenter d’être un notable. Mais il avait choisi d’être sur le terrain.

L’œuvre sociale de Siona est immense. Roger Pinto et les siens ont organisé en Israël pour des familles dans le besoin pendant un demi-siècle des bar-mitsvah et des bat-mitsvah. Ils ont fourni des cartables pour des milliers d’écoliers. Ils ont distribué des sandwichs, des colis de vivres pour chaque fête, des couvertures, des appareils de chauffage...

Roger Pinto, c’était la générosité incarnée. Mais il était aussi un défenseur acharné d’Israël et des Juifs menacés à travers le monde. Au sein du Crif, il avait présidé la commission dédiée aux « Juifs des communautés en péril ». Avec une équipe de militants qui n’avaient pas froid aux yeux, il s’était battu pour la libération des Juifs du Liban et de Syrie. Il s’était rendu au Yémen d’où il avait fait sortir les derniers Juifs de ce pays.

Roger Pinto avait fondé en 2006 le Comité international pour la libération de deux soldats israéliens, Eldad Regev et Ehud Goldwasser, qui furent exécutés par la suite par le Hezbollah et Guilad Shalit, rendu aux siens par le Hamas après cinq ans de captivité. Il avait organisé une immense manifestation pour obtenir sa libération devant le Parlement européen à Bruxelles et avait affrété des autobus pour que le plus grand nombre puisse participer à ce rassemblement.

Roger Pinto était aussi préoccupé par la résurgence de l’antisémitisme en France .Le 30 septembre 2014, il avait organisé un meeting à la mairie du 17ème arrondissement. Avec sa force de conviction, il avait déclaré ce soir-là : « Au-delà des discours et des soutiens sans cesse renouvelés et solennels, où se trouve la répression efficace et exemplaire contre l’antisémitisme ?... Je réclame la tolérance zéro. Il faut de la part des pouvoirs publics, une répression impitoyable avec une justice sans indulgence et sans concessions vis-à-vis des manifestations antisémites de quelques natures qu’elles soient ».

Mais lui qui avait toujours été en première ligne contre l’antisémitisme, il y avait été confronté de façon brutale le 8 septembre 2017. Trois personnes avaient pénétré dans la maison de Roger Pinto en pleine nuit. Ils l’avaient brutalisé ainsi que sa femme Mireille et leur fils David.

Longue, très longue est la liste des actions, certaines menées avec discrétion par Roger Pinto. Avec courage et désintéressement.

Le Pirke Avot nous rappelle que Schammai enseignait : « Parle peu, agis beaucoup et accueille tout le monde avec prévenance ». Roger Pinto a incarné cette recommandation durant toute sa vie. »

 

Haïm Musicant, ancien Directeur général du Crif