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Publié le 15 juin dans la Newsletter de l'AJCF
Les sociétés contemporaines sont entrées hélas dans l’ère de la désinformation, des fake news relayées par les réseaux dits sociaux, mais aussi parfois par des responsables politiques jusqu’au plus haut niveau des États, et bien sûr la presse et les télévisions. N’oublions pas les manuels scolaires dont la récente étude par le B’nai B’rith offre un panorama préoccupant. Ce que l’on appelait jadis la propagande a pris des proportions gigantesques et mortifères. Les juifs le savent bien hélas. « Les Protocoles des Sages de Sion », élaborés en Russie au début du XX° siècle par la police tsariste, répandus en Europe et dans le monde entier, ont inventé de toute pièce un plan de domination du monde par les juifs. Ils ont nourri le nazisme et continuent à entretenir un antisémitisme virulent notamment dans le monde arabe.
La récente reprise du conflit armé entre l’État d’Israël et le Hamas retranché à Gaza a été l’occasion de nouvelles offensives idéologiques mêlant antisémitisme et antisionisme rassemblés dans une même haine, qui est la haine toujours renouvelée des juifs. Plus que tout autre État dans le monde, Israël est toujours accusé des forfaits les plus sinistres, et les juifs du monde entier accusés d’en être les complices. Tout événement opposant Israël à ses voisins a quasi automatiquement des répercussions en France et sur les Français juifs mis en accusation.
L’AJCF est une association française, et ses membres juifs et chrétiens sont tous des citoyens français. De ce fait, elle n’entre évidemment pas dans la politique du gouvernement israélien. Celle-ci est analysée et jugée par les citoyens israéliens qui ont la chance de vivre dans un pays démocratique, avec des changements de majorités. Ce n’est hélas pas le cas des habitants placés sous le joug du Hamas. Nous savons combien le débat en Israël est vif. Mais l’AJCF s’indigne de l’injustice (comme dans le cas de Sarah Halimi) et du mensonge, et se doit d’apporter son soutien, non pas à la politique d’un État, mais aux juifs français qui se sentent blessés par des propos amplement relayés par les médias qui visent finalement les juifs dans leur ensemble. Un chercheur israélien vient de publier un ouvrage très intéressant, L’industrie du mensonge. Les médias, le milieu universitaire et le conflit israélo-arabe. On pourra en lire un compte rendu dans le prochain numéro de notre revue Sens. C’est bien à une « industrie du mensonge » qui mêle contre-vérités, haine et cynisme que l’on est confronté lorsqu’il s’agit du conflit du Moyen-Orient.
L’une des accusations les plus choquantes, qui heurte profondément nos amis juifs, est l’identification d’Israël avec l’Allemagne nazie. On les trouve même dans des publications chrétiennes qui reprennent sans y réfléchir la propagande du Hamas, mouvement reconnu sur le plan international comme terroriste, soutenu par l’Iran, qui prône dans sa charte la disparition d’Israël. On avance par exemple l’idée d’une extermination des Palestiniens, ce qui est inadmissible : la population palestinienne se trouve dans une dynamique démographie, et ceux qui vivent en Israël s’y trouvent plutôt bien et participent à la vie du pays.
Toute guerre est par définition même effroyable avec ses atrocités et l’accumulation de morts. On se jette alors la comptabilité macabre des cadavres des deux côtés, en insistant sur les enfants victimes du conflit. Mais les commentateurs qui insistent toujours sur le déséquilibre du nombre des victimes du côté palestinien, ne posent jamais les questions du pourquoi et du comment ? Comment se fait-il que le territoire de Gaza qui reçoit des aides internationales considérables soit surarmé et doté des armes les plus sophistiquées ? Pourquoi les 4 600 roquettes destinées au territoire israélien (protégé par le dôme de fer) ont-elles été tirées depuis des zones très peuplées ? Pourquoi la population sert-elle de bouclier humain ?
Ce que nous demandons, en nous désespérant de voir ce conflit s’éterniser et conforter les extrémistes de tous bords, c’est une information dénuée de tout relent antisémite, équilibrée qui prenne le temps de s’appuyer sur l’histoire et la réalité du présent.
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