- English
- Français
Publié le 12 juillet dans La Croix
« Un partenaire remarquable, au dévouement stupéfiant. » Lorsqu’il s’agit du Philippe Haddad, Jacqueline Cuche ne tarit pas d’éloges. Pour celle qu’il était présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF) jusqu’à l’an dernier, il était grand temps de reconnaître l’implication du rabbin de la synagogue libérale de la rue Copernic à Paris dans l’amitié entre juifs et chrétiens. C’est ainsi que, sous la présidence de Jacqueline Cuche, l’AJCF a décidé de lui décerner son prix 2020, seulement remis ce dimanche 11 juillet à Nantes (Loire-Atlantique) en raison de la pandémie.
Né en 1956, Philippe Haddad s’inscrit d’abord dans le judaïsme consistorial, la branche prédominante en France. Diplômé du Séminaire israélite de France en 1982, il exerce son ministère dans différentes villes, notamment Marseille et Nîmes, avant de devenir rabbin de la jeunesse au Consistoire de Paris. En 2014, il rejoint l’Union libérale israélite de France et devient rabbin de la synagogue de la rue Copernic, frappée par un attentat en 1980.
« Le dialogue le prend aux tripes »
En lien avec ses fonctions rabbiniques, Philippe Haddad est depuis longtemps « très engagé dans le dialogue interreligieux, c’est une figure habituelle du dialogue judéochrétien », salue le père Christophe Le Sourt, directeur du service national des relations avec le judaïsme à la Conférence des évêques de France (CEF). « Ce dialogue le prend aux tripes, renchérit Jacqueline Cuche, il est vraiment convaincu de son importance, car pour lui, juifs et chrétiens sont comme des frères. »
Qualifiant le rabbin de la rue Copernic de « pionnier », l’ancienne présidente AJCF explique que celui-ci a choisi une voie originale : « Il a compris que la personne de Jésus était fondamentale pour les chrétiens et permettait d’aborder tout l’Ancien Testament et les traditions juives. Plutôt que d’en faire un sujet de séparation, la personne de Jésus peut être le point de rapprochement. » Le père Le Sourt ne dit pas autre chose : « Philippe Haddad travaille avec une approche de la personne de Jésus comme juif et non comme le messie. »
« Il croit vraiment à cette fraternité »
Tant le responsable à la CEF que Jacqueline Cuche saluent la disponibilité de cet homme « très chaleureux, immédiatement sympathique ». Le premier confie ainsi lui avoir demandé de dispenser une formation pour des responsables en Église sur le travail des juifs sur la parole de Dieu, tandis que la seconde assure que Philippe Haddad « n’hésite jamais à se rendre là où on l’appelle », notamment des sessions pour des communautés religieuses. Récemment encore, le service présidé par le père Le Sourt mettait en ligne une série de vidéos de grands témoins sur la fraternité, dont une réalisée avec le rabbin Haddad.
Pour son édition 2020, c’est donc un « interlocuteur privilégié » du dialogue judéochrétien que l’AJCF a choisi d’honorer. Philippe Haddad succède entre autres au grand rabbin Jacob Kaplan, au père Patrick Desbois et dernièrement à Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes (Ille-et-Vilaine). Remis annuellement depuis 1988, le prix de l’AJCF distingue une personnalité, juive ou chrétienne, qui a œuvré pour le dialogue judéo-chrétien.