- English
- Français
Publié le 19 avril dans Le Figaro
Ce mercredi, la Cour de cassation, tout en entérinant le caractère antisémite du crime, a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier, fort consommateur de cannabis depuis l'adolescence, pris d'une «bouffée délirante» lors des faits, selon les conclusions unanimes de sept experts qui l'avaient examiné successivement.
«Il s'agit d'un échec considérable du système judiciaire français et d'un dangereux précédent pour l'État de droit et pour l'ensemble de la société, avec des conséquences potentielles pour toute l'Europe», a déclaré le président du CJE, Moshe Kantor, dans un communiqué publié à Bruxelles. «Si la Cour a finalement établi que la motivation antisémite de l'auteur était indiscutable, elle a fait preuve d'un manque de courage et de perspicacité stupéfiant en ne la considérant pas comme l'élément essentiel de cette affaire, contrairement à sa consommation de cannabis», ajoute-t-il.
Le CJE dit se joindre «à la communauté juive de France et au président Emmanuel Macron pour demander à l'Assemblée nationale de modifier les dispositions légales pertinentes concernant la responsabilité pénale et d'empêcher que ce déni de justice ne se reproduise». Dans un communiqué distinct, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, à Paris, a exprimé «son incompréhension» suite à cette décision, regrettant qu'elle «empêche la tenue d'un procès». «Dans un contexte général où l'antisémitisme ne montre aucun signe de faiblesse, dans l'espace public comme sur les réseaux sociaux, la Fondation regrette le mauvais signal envoyé par cette décision», a-t-elle écrit.
Dans une tribune au Figaro ce week-end, le grand rabbin de France Haïm Korsia avait qualifié de «choquante» l'absence de procès. «Que faire, en présence d'une décision judiciaire vouée à laisser tout honnête homme ou femme dans la sidération?», a-t-il interrogé, appelant à ce que «la conscience collective de la nation (...) se lave de ce déshonneur qui la souille». Dimanche, Emmanuel Macron avait souhaité un changement de la loi pour que l'abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n'exonère pas de sa responsabilité pénale.