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Le discours du Président du Crif Francis Kalifat au rassemblement pour Sarah Halimi
"Mes amis, nous ne sommes plus seuls ! La France est dans la rue pour dire non, non à cette injustice, à ce déni de justice.
Ici, à Paris, mais aussi à Marseille, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Nice, Lyon et Strasbourg.
Vous les avez entendus, mais je vais les répéter, les noms de ces victimes juives, victimes de l’antisémitisme.
Sébastien Sellam, Ilan Halimi, Jonathan, Arieh et Gabriel Sandler, Myriam Monsonégo, Yohav Hattab, Yohan Cohen, François-Michel Saada, Philippe Braham, Sarah Halimi, et Mireille Knoll.
Dans cette trop longue litanie de noms et de visages de victimes du terrorisme antisémite, chaque destin est singulier.
Chaque vie brisée est une injonction au souvenir.
Chaque homme, femme ou enfant arraché à la vie est un appel à tirer collectivement les leçons de l’Histoire pour bâtir une société meilleure.
Il est pourtant un nom pour lequel ce travail de Mémoire
ne peut se faire : c’est celui de Sarah Halimi.
Et pourtant…
Sarah Halimi n’a pas été torturée massacrée parce qu’elle se trouvait par hasard sur le chemin du tueur. Sarah Halimi n’a pas été défenestrée parce qu’elle avait de l’argent. Non, Sarah Halimi a été bestialement assassinée parce qu’elle était Juive et pour cette unique raison.
Sarah Halimi a été la victime d’un crime antisémite pensé, planifié et exécuté dans un rituel et une mise en scène islamiste. Sarah Halimi est la victime de cet antisémitisme que la société française peine à reconnaitre et à nommer. Elle est la victime expiatoire de l’antisémitisme islamiste.
En confirmant l’irresponsabilité pénale de son assassin, la Cour de Cassation prive définitivement la famille de Sarah Halimi d’un procès indispensable à son travail de deuil, mais aussi la France toute entière d’un procès historique : le procès de l’antisémitisme qui tue encore aujourd’hui en France.
Plus qu’une évidence, il s’agit là d’un cas d’école pour décrire un meurtre antisémite ce crime ignoble ne sera pas jugé.
Dans un contexte où l’antisémitisme ne faiblit pas la Haute Cour envoie un très mauvais signal. Elle met à bas 20 ans d’efforts et de combat pour qu’enfin l’on reconnaisse que les actes et violences que subissent les Français Juifs ne sont pas de la violence ordinaire mais bien l’expression violente d’un antisémitisme nouveau.
C’est une terrible régression, particulièrement inquiétante par l’impunité qu’elle induit.
Comment la justice de notre pays peut-elle à la fois reconnaitre le caractère antisémite d’un crime et offrir l’impunité à son auteur en refusant qu’il soit jugé ? Nous sommes en pleine schizophrénie.
Nous ne le dirons jamais assez Sarah Halimi a été tuée deux fois. Elle est bien-sûr d’abord la victime de l’antisémitisme islamiste du tueur. Mais Sarah Halimi est aussi la victime d’un déni de justice et d’un naufrage judiciaire.
Alors, pour que son nom soit inscrit dans la mémoire de notre pays, la nouvelle loi doit porter le nom de Sarah Halimi. C’est une forme d’hommage qui lui serait rendu faute de lui avoir rendu justice."