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Publié le 16 Mars 2021

Commissions du Crif - Qu'est-ce que la Commission des Relations Internationales?

La Commission des Relations Internationales, présidée par Yonathan Arfi, entretient notamment des relations avec le monde diplomatique. La Commission reçoit régulièrement des invités de marque afin d'appréhender avec eux les événements d'actualité du monde. Aujourd'hui, nous vous présentons cette commission, ses projets et ses objectifs.

Le Crif : Yonathan Arfi, vous présidez la Commission Relations Internationales du Crif. Pouvez-vous nous présenter cette commission et ses objectifs ?

Yonathan Arfi : La commission "Relations internationales" est une des commissions historiques du Crif. Elle est le reflet de ce paradoxe propre à l'identité juive : être à la fois profondément enraciné dans son histoire locale, comme en témoignent près de 2 000 ans d'histoire juive en France, et en même temps toujours en résonance avec les tourments du monde qui, tôt ou tard, affectent les Juifs dans leur ensemble. Pour le dire autrement : être un Juif français vigilant et engagé impose de scruter sans cesse aussi les mutations du monde.

L'objectif de cette commission est ainsi avant tout d'entretenir un dialogue avec tous ceux à même de décrypter ces évolutions : ambassadeurs en poste en France, représentants d'organisations internationales, dirigeants d'organisations juives étrangères, experts et intellectuels,....

 

Le Crif : Comment votre commission enrichit-elle les relations qu’entretient le Crif à l’international ?

Yonathan Arfi : Depuis toujours, le judaïsme français a une place à part dans un monde juif largement dominé par les modèles israélien et américain. Tantôt il intrigue, tantôt il inquiète. Ainsi le rapport des Juifs à la laïcité dans notre pays, mal compris notamment par les anglo-saxons, suscite beaucoup de questions auxquelles il convient de répondre. Mais bien entendu, la question centrale des 20 dernières années a été l'éclosion en France, plus tôt et plus gravement qu'ailleurs, d'un renouveau de l'antisémitisme. Il a donc fallu aussi sur cette question, sans cesse, à la fois alerter et expliquer. 

La commission agit ainsi en complément de l'action internationale active du Président du Crif, Francis Kalifat et contribue ainsi à mieux faire connaître la spécificité de la situation des Juifs en France mais aussi le fait que les défis auxquels nous faisons face ont été annonciateurs de ceux qui attendaient les autres grandes communautés.

 

Le Crif : Quelle rencontre réalisée cette année a selon vous été un moment important pour les relations du Crif à l’international ?

Yonathan Arfi : Il est rare d'avoir le sentiment de vivre des moments réellement historiques : la réception de l'ambassadeur des Emirats Arabes Unis au Crif en septembre dernier reste un souvenir fort pour tous ceux qui y ont participé. S'est alors imposée dans l'esprit de chacun une idée simple : nous vivions un moment que nul n'aurait pu imaginer 5 ou 10 ans avant.

En parallèle de l'accord de normalisation entre Israël et les Emirats Arabes Unis, nous avons d'ailleurs senti chez notre interlocuteur une volonté de créer un pont avec le monde juif dans son ensemble. Cette réunion, deux ans après celle organisée avec l'ambassadeur d'Arabie Saoudite, témoigne que le monde change parfois plus vite que ce qu'on imagine. Nul n'aurait malheureusement non plus prédit il y a 30 ans l'évolution dramatique de la Turquie et son basculement géostratégique d'Etat allié d'Israël et du monde occidental à Etat bras armé de l'idéologie des Frères Musulmans.

Le rôle de la commission est donc de décrypter et accompagner, sans naïveté, ces évolutions majeures.

 

Le Crif : Quelles sont vos projets pour la Commission Relations Internationales en 2021-2022 ?

Yonathan Arfi : Pour cette année, nous continuerons d'abord à analyser les mutations en cours au Proche-Orient. La normalisation entre Israël et le Maroc constitue à mes yeux, compte tenu de l'histoire et de la sociologie des populations juives et musulmanes en France, un objet politique sur lequel nous devons travailler.

Je souhaiterais également cette année que le travail de la commission incarne l'engagement du Crif pour les Droits de l'Homme. Le sort réservé aux Ouïghours, par exemple, mérite notre mobilisation, par fidélité à nos valeurs et notre histoire.

Enfin, la commission poursuivra son travail de représentation du judaïsme français par un dialogue renforcé avec les organisations juives internationales.

 

Le Crif : Yonathan, vous êtes vice-président du Crif depuis 2014. Vous avez été président l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), mais également engagé à l'OSE, l'Alliance Israélite Universelle, l'ECUJE,... associations toutes membres du CRIF. D’où vous vient ce militantisme ? Pourquoi cet engagement ? 

Yonathan Arfi : Comme beaucoup d'autres, j'ai toujours considéré mon identité juive comme une identité militante. Etre juif, c'est refuser le fatalisme et le défaitisme. C'est conserver une capacité d'indignation face à l'injustice et l'idée que, malgré les forces lourdes de l'Histoire, notre avenir est entre nos mains. J'ai toujours été fasciné par la profondeur de l'histoire juive, qui nous offre mille exemples de Juifs qui n'ont pas baissé les bras : les fondateurs du Crif, les pionniers d'Israël, les résistants des ghettos, les refuzniks, l'histoire de Pourim etc.

Les associations juives sont à mes yeux l'incarnation d'un onzième commandement qui pourrait s'inscrire ainsi : "En tant que Juifs, engagez vous!"

 

Propos recueillis par Johana M.

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