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Publié le 20 Septembre 2022

Actualités des Régions - Le dîner du Crif à Marseille

Lundi 19 septembre, s'est tenu le dîner annuel du Crif Marseille-Provence, en présence du Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du Président du Crif, Yonathan Arfi. Avec toutes les institutions juives de la région, cet évènement a réuni des représentants de l'Etat et des exécutifs des collectivités locales, ainsi que de nombreux élus parlementaires et locaux. Nous avons interrogé Bruno Benjamin, Président du Crif Marseille-Provence, sur la portée et les enjeux d'un tel événement local, ainsi que sur les défis auxquels fait face la communauté juive.

Au lendemain du dîner annuel du Crif Marseille-Provence, quel est votre état d'esprit vis-à-vis de cet événement ?

Bruno Benjamin : Au cours de ce dîner, notre rôle est de dire avec honnêteté, avec une sensibilité qui caractérise les grands rendez-vous, ce qui nous inquiète, ce que nous subissons au quotidien.

Le Diner du Crif est une tribune idéale pour s'exprimer, pour relever toutes nos interrogations et en retour avoir des réponses.

La lutte contre l’antisémitisme, contre le racisme ne peut plus se contenter de mots, aussi sincères soient-ils. Les actes forts sont vitaux pour que ces fléaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ne se généralisent pas. La justice doit impérativement sévir avec des peines exemplaires.

Nos attentes sont la prise en compte des pouvoirs publics de la mutation de la société. Le législateur doit s’engager à réformer le code pénal, pour répondre à un ensauvagement généralisé. La procédure pénale n’est pas immuable et encore moins éternelle, au contraire de certaines lois gravées et figées dans le marbre.

Vous pouvez (re)vivre le dîner du Crif Marseille sur le compte Twitter du Crif Marseille-Provence.

 

Parlez-nous de votre région. Quelle est la réalité de l’antisémitisme à Marseille ? En quoi la présence du Crif Marseille-Provence est-elle importante ?

Notre ville est un lieu où les cultures s’entremêlent et s’entrecroisent, où tous les ingrédients sont réunis pour une implosion. Par ailleurs cette ville interroge les sociologues, les anthropologues, notamment sur les raisons de la conservation d’une paix relative.

À Marseille, je pourrais citer des dizaines d’organismes et de personnalités qui cherchent comme nous à vaincre les préjugés, à faire en sorte de se comprendre, de vivre côte à côte plutôt que face à face. C'est une bonne chose.

Le Crif Marseille-Provence a le leadership dans la lutte contre l'antisémitisme, il est redevenu l’acteur essentiel dans l’évolution et l’influence d’une citoyenneté mise à mal par la mutation des mentalités et des postures.

Depuis 2016, nous n'avons plus recensé aucun acte antisémite violent, et c’est pour nous une victoire, car l’essentiel de notre combat réside dans le rejet de la violence.

 

Pouvez-vous nous parler des actions que vous avez menées pour le vivre-ensemble ?

Toujours ! Rassembler avec l’intime conviction que les différences qui par essence opposent, peuvent être une force collective : parce que les religions sont différentes, les coutumes sont différentes, les symboles sont différents, les rites sont différents.

Mais au fond, que tout ce qui nous sépare doit cohabiter au nom de la liberté, au nom de la laïcité, de la fraternité, et plus généralement au nom de la République, berceau fécond des libertés publiques.

Nous avons multiplié les rencontres avec les Musulmans de notre région. Nous avons travaillé sans relâche aux renforcements des liens forgés au sein de "Marseillais unis dans l’amitié". Des ateliers de la citoyenneté, des manifestations sportives, des spectacles, des conférences dans les quartiers difficiles sont organisés pour éviter que la société ne se délite.

 

Dans quelques jours s’achève votre mandat. Rétrospectivement, quels moments ou quelles actions vous ont particulièrement marqués ?

Les tribulations de la société, la volonté d’inverser les valeurs, d’ignorer et de rejeter le socle humaniste de la constitution de nos sociétés. Ce racisme et cet antisémitisme ambiant qui réapparaît après quelques années d'apaisement.

Cet antisémitisme de salon et d’hémicycle qui s’est répandu dans les milieux politiques et institutionnels à une vitesse épidémique.

Cet antagonisme constant contre Israël, ce lot de mensonges, ces propos faux et blessants qui génèrent des pensées qui sont le monopole des antisémites les plus sectaires et virulents.

Dans l’exercice de ma fonction, j'ai été confronté à tout cela. Mais j'y étais préparé. 

Au-delà, j'ai vécu des moments forts. Je suis fier d'avoir présidé le Crif Marseille. J'en ai apprécié chaque seconde car je considère que l’institution Crif est au dessus de toutes considérations. Elle est l’institution et la représentation fidèle de ce que nous sommes : nous français juifs.

En un mot j’ai pris énormément de plaisir à la présidence du Crif Marseille Provence.