Dans ces trois chroniques signées Michael de Saint Cheron, l’auteur nous rappelle que « Dans son rapport général et son dialogue avec le monde arabe, Malraux a laissé ses problématiques politiques, historiques, philosophiques même, irrésolues. Pourtant, en sa qualité du ministre du général de Gaulle, il fit de nombreux voyages officiels en terre d’islam, en particulier en Égypte, au Maroc et en Iran, et maintint à son plus haut niveau le dialogue pour une culture de la fraternité ». Pour ce qui est d’Israël, « Les réalités politiques eurent le dessus sur le fraternel élan qui poussait Malraux vers le jeune État juif ». Le silence de Malraux au lendemain de la Guerre des Six Jours, de l’embargo sur les armes et, un peu plus tard après les propos scandaleux du général de Gaulle sur « le peuple d’élite, sûr de lui et dominateur » continue d’interpeller. Quoiqu’il en soit bien des interrogations demeurent : « Malraux emporta dans la tombe le mystère de son rapport ambivalent avec Israël, sans nul doute admirateur mais se tenant à une certaine distance qu’il ne voulait et ne pouvait franchir ». On ne le sait pas toujours, l’Université Hébraïque de Jérusalem avait envisagé de conférer à Malraux le titre de docteur honoris causa en même temps qu’à Marc Chagall. Mais le grand écrivain mourut entre-temps et il n’accomplit jamais ce voyage vers la Ville Sainte. Le non-voyage à Jérusalem, où selon lui, on ne pouvait aller qu’en pèlerinage, est un mystère de plus à mettre au compte d’André Malraux.
Un document qui sera très utile à tous ceux qui s’intéressent à Malraux.
Jean-Pierre Allali
(*) Avec la collaboration d’Aziz Bennis. Éditions CNRS. 2011. 892 pages. 39 euros.
Photo : D.R.