Remise des insignes de Commandeur de la Légion d’Honneur à Mme Denise Toros Marter par Me Serge Klarsfeld au Site-mémorial du Camp des Milles

 
Ce 4 septembre au Site-mémorial du Camp des Milles, devant une centaine de personnes réunies pour l’occasion, représentants de l’État, élus, famille et amis, Madame Denise Toros Marter a été élevée au rang de Commandeur de la Légion d’Honneur. Devant les drapeaux des associations concernées, Maitre Serge Klarsfeld lui remit ces insignes en hommage au parcours exceptionnel de cette « grande dame » .
 
Arrêtée avec sa famille le 13 avril 1944 à Marseille par la police française, livrée à la Gestapo, et internée successivement à la prison des Baumettes et au camp de Drancy, puis déportée le 20 mai 1944 à Auschwitz à l'âge de 16 ans, Denise Toros Marter et son frère André seront les seuls survivants de cette déportation ainsi que leur frère cadet René, qui rejoint le maquis et combat les nazis. Convaincue à son retour d’Auschwitz de la nécessité du témoignage auprès des jeunes, elle en a fait le but principal de sa vie. Elle est Présidente de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz, région Marseille-Provence depuis 1985, co-fondatrice en 1992 de l’Association du Wagon-Souvenir et du Site Mémorial du Camp des Milles, et membre du Conseil d’Administration de la Fondation Camp des Milles – Mémoire et Éducation.  
 
En ouverture de cette cérémonie, Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles rappela le message précurseur de Denise Toros Marter à peine revenue des camp de la mort : « tu nous as alertés depuis le début. Car ce qui s’est passé révèle des mécanismes humains fondamentaux qui se reproduisent de période en période et qui d’ailleurs sont en train de se reproduire avec la montée dangereuse des extrémismes identitaires. Et si ces mécanismes-là peuvent être enrayés aujourd'hui, c’est largement parce que nous pouvons être éclairés par ton histoire, votre histoire, celle des déportés, de la déportation en général ». 
 
Bernard Mossé, responsable des contenus du Site-mémorial, au nom du personnel de la Fondation, mentionna ensuite l’attachement de celui-ci à Denise Toros Marter pour son combat et pour son inspiration envers les nouvelles générations : «Tu nous as élevé au rang de passeurs de mémoire. Ce n’est pas anodin. C’est une mission noble que nous sommes fiers d’accomplir tous les jour ».
 
Puis Serge Klarsfeld, Président de l’Association des Fils et Filles Déportés Juifs de France et Vice-Président de la Fondation du Camp des Milles souligna l’importance de cette transmission de la mémoire: « Nous tous rescapés des camps comme toi, ou survivant de la Shoah comme moi, qui avons bénéficié d’un long sursis, nous ne pouvons être sûr de rien avant de quitter ce monde, l’avenir étant imprévisible. C’est pourquoi dans le « testament d’Auschwitz » que tu as rédigé ton espoir reste raisonnablement optimiste : « Puisse le flambeau de la mémoire collective que nous vous transmettons avant d’arriver au bout de notre voyage vous protéger à jamais d’un nouvel Auschwitz ».
 
Denise Toros Marter, très émue, rappela le calvaire qui avait été le sien et celui de sa famille lorsque leurs vies basculèrent dans l’horreur d’Auschwitz, puis insista sur son combat : « j’ai consacré une grande partie de mon existence à témoigner auprès des jeunes scolaires, collégiens, lycéens. J’ai milité afin d’expliquer à cette belle jeunesse que nous devions bannir toute forme de racisme et d’antisémitisme. […] Ils deviendront ainsi, je le souhaite, les témoins des témoins au service de la paix et de la démocratie pour un mieux vivre ensemble en nous enrichissant de nos différences ».