Publié dans Réforme le 14 octobre 2016
C’était en 1977, un dimanche d’automne, Louis-Marie Coudray a dix-huit ans. Après une première année universitaire réussie en droit et en gestion à Paris, le jeune homme, décide d’entrer à l’abbaye bénédictine du Bec-Hellouin en Normandie. Ce jour-là, la vie de Louis-Marie bascule. Bien plus encore qu’il ne l’imagine alors. Il ne sait pas que ce choix va le mener en Terre sainte où il restera 35 ans.
Une famille catholique pratiquante, l’intégration au Bec-Hellouin et 35 années en Israël sont les trois piliers de la personnalité du frère Louis-Marie. « Ma famille ne nourrissait aucun sentiment antisémite mais elle n’avait aucune relation particulière avec le monde juif », précise le frère bénédictin, qui a grandi à Neuilly-sur-Seine et fait toute sa scolarité dans un établissement privé catholique.
Ce monde juif, qui va devenir la trame de sa vie d’adulte, il le découvre, contre toute attente, au Bec-Hellouin. À l’époque, le maître des lieux est Dom Grammont, « une personnalité exceptionnelle, souligne Louis-Marie. Dès les années 30, donc bien avant le concile de Vatican II, il a eu l’intuition de l’importance de la relation entre le monde juif et le monde chrétien. »
Ainsi au Bec, le novice Louis-Marie va apprendre l’hébreu, assister à un office de Kippour dans la synagogue de Rouen et participer à des sessions d’études coanimées par Colette Kessler, cofondatrice du Mouvement juif libéral de France, et par le père Bernard Dupuy, qui est à l’origine du Service national pour les relations avec le judaïsme créé en 1969.
« C’est Dom Grammont, qui, en 1976, décide d’envoyer trois frères en Israël, pour établir une présence cordiale dans le monde juif contemporain », explique Louis-Marie. Ils s’établissent dans l’abbaye croisée d’Abou Gosh, domaine national français depuis 1873. C’est là qu’en 1980 Louis-Marie part faire son service militaire en tant que VSN. Parti pour 18 mois, il y restera 35 ans ! C’est là aussi qu’il prononce ses vœux définitifs en 1982 et qu’il est ordonné prêtre en 1995. C’est là, dans un monastère accolé à une mosquée, situé au cœur d’un village israélien habité par une population totalement musulmane, à l’exception des moines et moniales de l’abbaye, qu’il vit au rythme des cloches et du muezzin. « Abou Gosh m’a façonné », confie-t-il.
C’est donc cet homme-là, qui reprend les rênes du SNRJ succédant ainsi aux pères Dupuy, Dujardin et Desbois...
Lire l'intégralité.