Elie Barnavi parle du livre d'Anne Sinclair écrit à la mémoire de son grand-père

 
Par Elie Barnavi, Ancien ambassadeur d'Israël en France, publié dans le Huffington Post le 21 septembre 2016, sous le titre "21 rue de la Boétie"
 
On ne compte plus les livres dont on tire des films. En revanche, rares sont ceux qui inspirent des expositions. Le livre qu'Anne Sinclair a écrit à la mémoire de son grand-père Paul Rosenberg appartient à la seconde catégorie, avant de migrer aussi, qui sait, vers la première.
 
Le livre empruntait son titre -21 rue La Boétie (Grasset, 2011)- à l'adresse parisienne de la célèbre galerie ouverte en 1910 par Paul Rosenberg.
 
L'homme appartenait à la deuxième génération des grands marchands d'art du siècle dernier. Il a été l'agent exclusif, et, ce qui est tout aussi important, l'ami des plus éminents maîtres de l'art moderne - Picasso et Braque, Matisse, Léger et Marie Laurencin. A ce titre, il est sans conteste l'un des promoteurs de l'avant-garde artistique en France, mais aussi aux Etats-Unis, où il a contribué de manière décisive à former le goût des Américains à l'art moderne.
 
Rattrapé par les malheurs du temps, il a été le témoin impuissant de la déferlante nazie. Mais il a eu la chance de pouvoir fuir aux Etats-Unis, où il a ouvert une galerie à New York. Sa "Florence parisienne" devenue, par une de ces ironies amères dont l'histoire a le secret, l'Institut d'Etude des Questions juives, une officine de la Gestapo dont le principal titre de gloire fut de préparer l'infâme exposition Le Juif et la France, sa nationalité révoquée par le régime de Vichy, il a été à son corps défendant un acteur de premier plan dans la grande transhumance de l'intelligence, du talent et de la beauté d'une rive de l'Atlantique à l'autre. Après la guerre, il lui restait à jouer sa part dans le drame, toujours mal clos, de la restitution des œuvres d'art spoliées par l'occupant et ses valets... Lire l'intégralité.