Par Josyane Savigneau, publié dans le Monde le 9 septembre 2016
Le documentaire de Jérôme Prieur redonne une voix à celle qui tint son journal pendant l’Occupation avant de mourir en déportation.
Ceux qui ont été bouleversés par le Journal d’Hélène Berr (Points, Seuil) seront émus par le beau film de Jérôme Prieur. Les autres, on l’espère, auront envie de lire le livre. Hélène Berr a maintenant une voix, celle, délicate et juste, de Céline Sallette. Mais son visage reste celui, immobile, lumineux, des photos. Il ne s’agissait pas pour Jérôme Prieur de réincarner Hélène Berr. Seulement de faire revivre le texte, avec des documents d’archives.
Hélène commence son journal le 7 avril 1942. Elle a eu 21 ans le 27 mars. Elle ne sait pas qu’elle n’a plus que deux ans à vivre, mais elle sait que la menace est là, « comme dans un mauvais rêve ». Etudiante brillante, elle ne peut pas passer l’agrégation d’anglais, car elle est juive, et que le statut des juifs vient d’être promulgué. Elle doit porter l’étoile jaune. Ses réflexions sur cette stigmatisation sont accompagnées d’images prises dans les rues, qui font honte. Il y a là une certaine horreur française, dans l’abstention, dans le consentement à ce statut des juifs, à la « brutalité de la discrimination » dont parle Hélène Berr. On s’arrête un moment sur ce panneau : « Parc à jeux. Réservé aux enfants. Interdit aux juifs ». Pas même un graffiti pour rayer cette mention....
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Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé... par fondationshoah