Avi est tombée amoureuse d’Israël pendant un voyage. Elle fait la promotion du pays qu’elle ADORE : ses plages, ses boîtes, ses hommes, ses armes, son pinkwashing, le bourrage de crâne des enfants. SO FUN.
D’abord on rit. On a envie qu’elle devienne notre meilleure amie. Puis on est mal à l’aise. Non, elle n’a pas fait ça. Elle n’a pas dit à ce réfugié soudanais : « OK. Si Israël vous disait : “On accepte que vous restiez à condition qu’on vous coupe une partie du pénis.” Vous resteriez ? » Ah si elle l’a fait. Elle est folle ! Le personnage d’Avi est un malaise ambulant, court vêtu et très coloré. Elle aime le fluo, les bites, les fallafels, le maquillage et les gros bijoux. Son personnage est une sorte de rencontre absurde entre Enjoy Phoenix et Borat. Pour la présenter, on peut reprendre ses mots : Avi est « votre salope juive préférée », ou encore, dit-elle au début de chacune des vidéos de sa chaîne YouTube :
« Bonjour, je suis Avi, une juive canadienne. J’ai fait un voyage de découverte d’Israël [Israël, propose aux jeunes juifs du monde entier un voyage gratuit de découverte du pays. C’est le “birthright trip” ou encore “taglit”, ndlr] et je suis tombée amoureuse d’Israël. Voici mon blog à propos du pays le plus polémique du Moyen-Orient. Bienvenue dans “Avi does the Holyland” (Avi se tape la Terre sainte). « Pendant que tous ces gauchistes israéliens font du blabla à propos des droits de l’Homme bla bla bla, je suis sur le terrain pour résoudre le conflit israélo-palestinien ! »
On la voit ainsi interviewer un militant palestinien, Rami Younis, qu’elle présente comme « un gaucho relou de mes deux » au sujet du « pinkwashing » (le fait pour Israël de promouvoir les droits gays pour éviter les critiques sur la Palestine). Rami Younis parle des maisons détruites, des réfugiés ? Elle répond, outrée, en parlant de la « fabuleuse gaypride » de Tel Aviv dont elle aimerait profiter sans qu’on ne lui parle de tous « ces autres trucs » qui se passent.
Très ennuyée par l’ennui que génèrent les Palestiniens, elle propose, audacieuse : « J’ai réalisé alors que les choses seraient beaucoup plus simple pour les Palestiniens, s’ils devenaient tous gays. »
Dans les conseils qu’elle donne aux jeunes sur le point de partir faire leur taglit, on trouve aussi bien : « prenez des lunettes de soleil » ; « travaillez votre h pour dire houmous ou hamas ».
A un journaliste juif critique d’Israël et de son manque de diversité, elle réplique : « Pendant mon taglit, les organisateurs du voyage nous ont amenés dans un village bédouin. Il y avait cet adorable petit mec arabe bédouin qui s’appelait Mahmoud. Il jouait des bongos.
C’était genre nous les juifs qui traînons avec des arabes. C’était complètement la diversité et je pense que quiquonque ne le pense pas est antisémite. Et c’est une déclaration pas une question. » On rit, et soudain, on se dit : et si elle ne riait pas ? Mais il suffit de regarder la vidéo où elle moque l’embrigadement des enfants pour la cause patriote pour ne plus douter...
Lire l'intégralité.