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Nous attendons cette exposition avec inquiétude et gravité.
Renseignement pris, cette exposition s’inscrit dans le cadre plus large de la quinzaine culturelle de la Palestine organisée par la Maison des Peuples et de la Paix.
Organiser un évènement culturel sur le thème de la Palestine n’a en soi rien de répréhensible, et le Peuple palestinien aux prises avec mille difficultés mérite notre respect. J’ajoute que je souhaite, certainement beaucoup plus que certains qui parlent très fort en son nom, qu’il vive enfin libre dans un « pays aux frontières reconnues et où il exercera sa souveraineté ».
Mais c’est sur place, au Moyen-Orient, entre les parties concernées et elles seules, que ces problèmes doivent se régler.
Or, nous avons assisté depuis maintenant de nombreuses années à une importation perverse de ce conflit sur le territoire national français.
Faut-il rappeler les centaines de manifestations à la suite desquelles les passions se sont déchaînées et ont entraîné des débordements inadmissibles dans notre démocratie.
Cela est déjà grave en soi, mais à plusieurs reprises ces débordements se sont traduits par des attentats presque toujours antisémites. On a pu alléguer, pour en minimiser l’importance, qu’ils étaient le fait de groupes isolés et minoritaires ; il n’empêche, ils ont bel et bien eu lieu et nous savons parfaitement aujourd’hui quelle est la source inspiratrice des individus qui les ont commis.
Pour nous rassurer, on nous dit que ce sont des fous ; quelle naïveté !
Cette naïveté a sans doute prévalu lorsque les autorités municipales d’Angoulême ont accepté la mise à disposition de l’Hôtel Saint Simon pour une exposition de photographies sur le Hamas.
En effet, cette organisation qui revendique elle-même son islamisme radical est habilement présentée par les promoteurs de cette exposition sous ses facettes multiples : (mouvement de résistance, terroriste, social).
Il est vrai que, comme toutes les formations islamistes, le Hamas construit son image avec beaucoup d’intelligence afin de se doter d’une apparence respectable et d’une légitimité internationale. Il a lentement occupé le terrain laissé vacant par l’Autorité palestinienne, minée par la corruption et impuissante à relever les défis de l’histoire.
Est-ce une raison pour être dupe de son jeu grossier et ne pas voir sa réalité non seulement politique, mais aussi, et surtout sociale : Enfants systématiquement utilisés comme boucliers humains, opposants politiques brûlés vifs ou précipités du haut des toits, vitriolages des femmes prétendument adultères, crimes d’honneur, organisation de pénurie de denrées alimentaires, etc. la liste n’est pas exhaustive.
Malgré cela le document de présentation de l’exposition conclut par la phrase suivante : « De nombreux pays, principalement européens, reconnaissent la nécessité de discuter avec le Hamas. Ce mouvement est-il destiné à connaître la même évolution que l’OLP de Yasser Arafat qui était classée organisation terroriste avant que son dirigeant ne reçoive le Prix Nobel de la Paix ? »
Quel bel hommage rendu et quel blanc-seing remis à l’une des plus odieuses officines de la nébuleuse terroriste !
J’appelle de tous mes vœux la paix dans cette région du monde. Je ne suis pas sûr que ce type d’initiative y contribue. Je suis même persuadé du contraire.
Il en existe heureusement d’autres, ici même en Charente, pour favoriser la venue de cette paix tant attendue, et c’est avec plaisir que je m’y associerai.
(Exemple, festival de Confolens où l’on verra danser une troupe palestinienne aux côtés de danseurs israéliens et une prière oecuménique).
Le Hamas sent trop fort le soufre pour qu’on en fasse le porte-drapeau de la culture palestinienne. C’est même, selon moi, insultant pour le Peuple palestinien.
Viendrait-il à l’idée de quiconque aujourd’hui d’approcher la réalité de la culture allemande à travers le prisme du nazisme ou bien plus près de nous d’étudier la prestigieuse histoire perse à travers la personnalité du Président Iranien Ahmadinedjad ?
À ce jour et sauf erreur de ma part, le Hamas est inscrit sur la liste des organisations terroristes validée par l’Union Européenne et, partant, par la France. Ce seul fait est, à mes yeux, rédhibitoire.
Monsieur le Maire, nous vivons dans ce qu’il est encore convenu d’appeler une démocratie ; il ne m’appartient pas de vous dire ce que vous devez faire ou ne pas faire.
Lors de la cérémonie que j’ai organisée dans l’urgence à la mémoire des soldats et des enfants juifs tués à Montauban et à Toulouse j’ai été touché par le consensus républicain que ce drame avait suscité et noté avec satisfaction la présence de nombreux élus.
La tenue d’une telle exposition sous le fallacieux prétexte de la culture alors que le sang des victimes n’a pas encore séché est reçue par la communauté que je représente comme un nouveau coup de poignard. J’ajoute que l’histoire nous a enseigné que toute concession faite aux éléments extrémistes générés par nos sociétés ne peut qu’engendrer de funestes conséquences.
Après cela, comment reprocher à Madame Le Pen d’avoir dansé avec des nazis le 27 janvier 2012 soit le jour retenu par l’Union européenne pour commémorer la Shoah, et quelle voie royale ouverte à tous les Mohammed Merah qui auront d’autant moins de tabous à surmonter lorsqu’ils passeront à l’acte que c’est la société elle-même qui les aura fait sauter.
Monsieur le Maire, je ne doute pas que vous ayez été placé dans cette situation difficile par la légèreté de l’un ou plusieurs des membres de votre équipe. J’ai en revanche du mal à croire que les organisateurs de la Maison des Peuples et de la Paix (bien mal nommée en l’occurrence) qui vous ont formulé cette demande aient l’excuse de cette légèreté.
Le fait que Mr Salah Hamouri, citoyen franco-palestinien jugé pour tentative de meurtre en Israël et libéré en décembre 2011 (que son innocence soit une éventualité à retenir ou non) soit invité à Niort dans le cadre de cette « quinzaine culturelle palestinienne » lève toute ambiguïté sur leurs réelles intentions.
Vos fonctions de premier Magistrat de la Ville vous confèrent la responsabilité d’une décision qui peut être lourde de conséquences.
Nous en avons assez de voir le conflit du Moyen-Orient importé dans nos villes, nos campagnes et de pleurer les morts qui en résultent.
Nous ne demandons pas l’annulation de cette exposition de photos au demeurant intéressante sur le plan artistique ce qui précisément fausse le message.
Il n’en reste pas moins qu’à nos yeux la ligne rouge au-delà de laquelle le débat démocratique n’a plus sa place a été franchie.
Nous attendons cette exposition avec inquiétude et gravité.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma respectueuse considération.