Jeudi 2 juillet 2018, Madame Nicole Belloubet, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a reçu Francis Kalifat, Président du Crif, pour un long entretien.
Plusieurs points étaient à l'agenda de cette rencontre dans une journée particulièrement chargée pour la Ministre suite à l'évasion de la prison de Réau, en Seine-et-Marne. L'entretien a pourtant été long et la Ministre a pris le temps d'écouter les inquiétudes et les demandes exprimées par le Président du Crif.
Francis Kalifat atout d'abord tenu à aborder le sujet de l'antisémitisme, sous ses différentes formes, rappelant que la perception d'une relative faiblesse de la répression judiciaire participait au sentiment d'insécurité ressenti par les Français juifs.
Il a rappelé la demande de sortir l'antisémitisme et le racisme du Droit de la Presse, pour les faire rentrer dans le Droit Commun, rappelant que l'antisémitisme et le racisme sont des contentieux de masse, et que les délits racistes et antisémites ont des répercussions sur le vivre-ensemble et découlent souvent sur des passages à l'acte.
Il a également attiré l'attention de la Ministre sur la question d'exécution des décisions de justice. En effet, concernant les multirécidivistes de la haine antisémite, comme Alain Soral, on peut s'étonner que les condamnations successives à des peines de prison, n'entraînent pas la tombée du sursis et que les peines de prison ne deviennent pas effectives.
Francis Kalifat a ensuite évoqué la question du boycott d'Israël, qui reste impuni alors que l'état de la loi et du droit positif sont sans ambiguïté. Il a attiré l'attention de la Ministre sur le fait que le boycott et dé-légitimation d'Israël, exprimés par le mouvement BDS, sont le terreau du passage à l'acte antisémite.
Il a réitéré la demande exprimée à plusieurs reprises de demander aux procureurs de poursuivre systématiquement les auteurs d'appels au boycott et a exprimé le souhait qu'une réflexion Justice/Intérieur soit menée sur l'interdiction du mouvement BDS en France.
Francis Kalifat a souhaité évoquer ensuite le caractère aggravant d'antisémitisme, proposant qu'à chaque agression de juifs identifiés comme tels, le caractère aggravant d'antisémitisme soit, comme en Grande-Bretagne, retenu à priori, charge ensuite aux instructeurs de définir si ce caractère doit être retenu, plutôt que l'inverse.
Il a demandé à la Ministre de se pencher sur le cas des Français juifs victimes d'attentats terroristes à l'étranger, citant notamment le cas de Mme Lehman-Zaoui, victime d'un attentat le 27 mars 2002 pendant le Seder de la Pâques juive qu'elle passait avec son mari dans un hôtel de Netanya. Il serait normal qu'elle soit reconnue comme victime du terrorisme et qu'une plaque soit apposée dans les jardins des Invalides au même titre que les autres victimes françaises des attentats à l'étranger.
Francis Kalifat a enfin demandé la publication des peines pour crimes et délits antisémites et racistes, afin d'informer la population et prévenir les délinquants sur les risques encourus.
Concernant l'affaire de l'Imam de Toulouse, le Président du Crif a demandé à la Ministre de permettre que la traduction des propos incriminés soit faite dans les plus brefs délais afin de permettre au procureur d'agir le plus vite possible, le cas échéant.
Cette rencontre a permis un échange très dense sur les sujets de préoccupation du Crif et des Français juifs auxquels la Ministre de la Justice Nicole Belloubet a prêté une attention particulière.
Jérôme Simon, Conseiller auprès de la Ministre pour la politique pénale, et Robert Ejnes, Directeur exécutif du Crif, participaient également à cet entretien.