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Publié le 8 Novembre 2005

Marc Lumbroso, Président du B’nai B’rith : « Nous défendons les Droits de l’Homme quand ils sont bafoués où que ce soit, nous prônons la tolérance et les valeurs morales et, par-dessus tout, en France, aujourd’hui, nous sommes à la pointe du combat pour l

Nous avons, dans une nouvelle rubrique destinée à mieux connaître les organisations membres du CRIF, interrogé Bernard Allali, Président « d’Arts et Traditions des Juifs de Tunisie » et Francis Lentschner, Président du Mouvement Juif Libéral de France. Nous poursuivons aujourd’hui avec Marc Lumbroso, Président du B’nai B'rith.



Question : Pourriez-vous nous expliquer comment a été créé le B’nai B'rith ?
Réponse :
Le B’nai B'rith a été créé le 17 octobre 1843, il y a 162 ans, par des juifs allemands immigrés aux Etats-Unis. Il s’agissait de réunir les juifs de toutes tendances et de toutes traditions en vue de préserver leur unité. Le socle du B’nai B'rith reposait déjà sur des valeurs fondamentales à la fois universelles et du judaïsme, à savoir la fraternité, la solidarité, la bienfaisance et l’harmonie. Il s’agissait aussi, dès cette époque, de protéger la communauté juive, de lutter contre l’antisémitisme et de préserver la culture juive au sens le plus large. Aujourd’hui, le B’nai B'rith est présent dans 58 pays dont 26 en Europe. C’est une ONG ayant une représentation à l’ONU, au Conseil de l’Europe et disposant d’une ambassade à l’Unesco. Elle compte aujourd’hui environ 600.000 membres dans le monde. Evidemment, le soutien à la pérennité et à l’Etat d’Israël constitue un de nos objectifs majeurs.

Question : On dit du B’nai B'rith qu’il est un mouvement proche de la Franc-maçonnerie ? Est-ce exact et comment les autres obédiences maçonniques perçoivent-elles le B’nai B'rith ?
Réponse :
Il est vrai que le B’nai B'rith a été créé sur le mode maçonnique, qui n’a pas le monopole de la notion d’initiation. Sur la forme, les fondateurs, eux-mêmes Francs-maçons, qui n’avaient pas pu s’insérer dans des obédiences locales, ont vraisemblablement voulu créer une Maçonnerie juive. Ceci dit, sur le fond, le B’nai B'rith n’est en rien une Franc-maçonnerie puisque la notion d’universalité n’existe pas au B’nai B'rith, seuls des juifs peuvent y adhérer. Nous ne sommes pas non plus une association de type « philosophique » puisque nous sommes en permanence dans l’action et sur le terrain. Enfin, la notion d’ésotérisme est totalement absente de la réflexion au B’nai B'rith et il n’a jamais été fait allusion dans nos actes fondateurs à une quelconque référence à la Kabbale. Les obédiences maçonniques se sont souvent interrogées sur la véritable nature du B’nai B'rith mais, aujourd’hui, nous ne sommes plus perçus comme une obédience ni encore moins comme un ordre.

Question : L’extrême droite a longtemps « disserté » sur le B’nai B'rith, vous accusant notamment de corrompre les hommes politiques. Que répondez-vous ?
Réponse :
Il est bien évident que pour l’extrême droite nous sommes une cible de tout premier rang. D’une part, nous sommes une internationale juive, d’autre part, nous sommes perçus comme une maçonnerie et par conséquent, le B’nai B'rith constitue pour l’extrême droite la quintessence du complot judéo maçonnique destiné à s’emparer du pouvoir mondial. Concernant les accusations proférées par l’extrême droite, notamment celles de corruption du pouvoir politique, nous les avons toujours considéré avec mépris et indifférence.

Question : Quelle est votre actualité et quelles sont vos activités ?
Réponse :
Le B’nai B'rith France est une fédération de 65 associations B’nai B'rith autonomes et indépendantes et qui entreprennent de mêmes actions, à savoir : solidarité avec Israël, lutte contre l’antisémitisme, actions culturelles de toutes sortes et rapprochement avec toutes les composantes de la communauté juive. Au niveau du B’nai B'rith France, notre rôle est de proposer des orientations claires, en fonction des priorités du moment. Nous voulons également que toutes les loges de France œuvrent dans la même direction, afin que la somme de notre action soit repérable, tangible et significative.

Question : Comment le B’nai B'rith est-il ouvert à la Cité et à la Société Civile ?
Réponse :
En qualité d’ONG et d’association juive humaniste, il est bien évident que notre rôle est essentiellement tourné vers l’extérieur. Tous les racismes nous concernent. Nous défendons les Droits de l’Homme quand ils sont bafoués où que ce soit, nous prônons la tolérance et les valeurs morales et, par-dessus tout, en France, aujourd’hui, nous sommes à la pointe du combat pour la défense de la laïcité et de la citoyenneté.

Question : En matière de lutte contre l’extrémisme, que faites-vous concrètement ?
Réponse :
Au B’nai B'rith, nous sommes des modérés par nature et politiquement non engagés mais nous oeuvrons dans le cadre d’une « neutralité active ». Nous sommes de tous les combats contre les extrémismes de quel que bord et de quelle que nature qu’ils soient. Nous combattons l’extrême droite en France et partout en Europe par des actions de terrain, voire des manifestations, nous dénonçons l’antisionisme d’extrême gauche sans relâche puisqu’il constitue, de notre point de vue, une forme d’antisémitisme, et nous luttons contre l’intégrisme islamiste, vecteur d’obscurantisme et de régression, tout ceci avec le concours d’amis, toutes religions confondues, et qui défendent les mêmes valeurs que nous.

Question : Que faites-vous pour lutter contre l’antisémitisme et le racisme ?
Réponse :
La lutte contre l’antisémitisme et le racisme a toujours été au B’nai B'rith une priorité absolue. Depuis l’année 2000, l’antisémitisme a repris de la vigueur et revêt des formes nouvelles qui ont suscité de notre part une réflexion de fond et un projet d’actions dans la durée. D’une part, nous avons approfondi nos relations avec les associations non juives en vue d’organiser ensemble des manifestations en faveur des valeurs que nous défendons. Par ailleurs, nous alertons nos partenaires sur les dangers de l’antisémitisme en leur rappelant qu’historiquement, l’antisémitisme a toujours été le prélude à des périodes noires et sanglantes. D’autre part, actualité oblige, nous disposons d’une structure de réaction rapide aux événements. Cette structure est chargée d’analyser la situation -également dans les écoles- en vue d’envisager des actions appropriées à tous les niveaux, y compris juridiques. Enfin, nous effectuons un travail de fond sur le racisme et l’antisionisme dans les universités et dans les écoles. Nous publierons un livre blanc dans le courant de l’année 2006, afin d’informer et d’alerter les médias et pouvoirs politiques.

Question : Votre vœu le plus cher ?
Réponse :
Faire en sorte que le B’nai B'rith apporte, avec l’ensemble des associations communautaires, sa contribution à la défense du judaïsme, du peuple juif et d’Israël mais aussi qu’il participe de la paix sociale, de la concorde et de la citoyenneté dans ce pays de France, notre Pays.

Propos recueillis par Marc Knobel