Tribune

Interrogé par le Figaro, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, explique que l’Iran est prêt à accepter tout proposition concernant son programme nucléaire tant que son « droit à l'indépendance dans le nucléaire civil » est reconnu. Concernant le désarmement du Hezbollah, le ministre explique que cela ne concerne pas l’Iran : « La prise de décision politique au Liban est fondée sur le consensus entre les différents mouvements qui structurent sa société. Aussi, toute acceptation d'une résolution internationale doit venir d'un consensus entre tous les mouvements libanais. » Enfin, vantant le potentiel de modernisation économique de son pays, il appelle les entreprises étrangères à investir en Iran.

Dans un entretien au Monde, Manouchehr Mottaki, le ministre iranien des Affaires étrangères, estime que la France « trop alignée » sur Washington « n’a pas eu de succès » dans ses initiatives au Moyen-Orient. Interrogé sur les relations entre la Syrie et Israël, le ministre iranien estime : « Le droit de la Syrie de récupérer des territoires qui lui appartiennent est absolu ; cela ne peut que la renforcer dans la région. Israël doit rendre les fermes de Chebaa au Liban et les hauteurs du Golan à la Syrie. » Concernant le programme nucléaire de Téhéran, il assure que l’Iran est de bonne volonté et « ne cherche pas à gagner du temps ».

Lors de son dernier sommet européen en Slovénie, mardi 11 juin, le président américain George W. Bush a demandé de nouvelles sanctions contre l’Iran. « Un groupe de pays peut envoyer un message clair aux Iraniens », a déclaré Bush faisant allusion à la nouvelle proposition de la Grande-Bretagne, de la Chine, de la France, de l'Allemagne, de la Russie et des Etats-Unis. « Le message est le suivant : nous allons continuer de vous isoler, nous allons continuer de travailler sur des sanctions, nous allons trouver de nouvelles sanctions au besoin si vous continuez d'ignorer les demandes d'un monde libre qui suppose l'arrêt de votre programme d'enrichissement », a-t-il précisé. « L'Iran avec l'arme nucléaire serait incroyablement dangereux pour la paix dans le monde », a-rappelé le président américain.

Les diplomates l’ont appris jeudi 5 juin : les Etats-Unis se retirent du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies. Le coup est rude pour l’institution basée à Genève et créée au printemps 2006 pour remplacer la Commission des droits de l’homme. Washington a toujours été critique à l’égard de l’instance onusienne qui est une enceinte multilatérale où les plus vertueux côtoient les Etats les moins respectueux des droits de l’homme. Le retrait américain peut paraître anodin, les Etats-Unis n’occupant qu’un rang d’observateur au CDH. Mais le rôle qu’ils ont joué jusqu’ici allait bien au-delà de ce statut.

Des membres de la communauté juive de Rome, essentiellement des jeunes, des femmes et leurs enfants, ont manifesté, de manière spontanée, dans la capitale contre la présence du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et sa politique contre l'existence de l'État d'Israël. Les manifestants sont partis de Portico d'Ottavia, au cœur de l’ancien ghetto et se sont dirigés vers Piazza di Porta Capena où se déroule le sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire. Les manifestants ont brandi des drapeaux israéliens en criant « Israël, Israël ». « Après les dernières déclarations du tyran iranien, nous avons décidé de venir ici pour exprimer notre désaccord sur la présence d'Ahmadinejad à ce sommet. Nous souhaitons, cependant, remercier les autorités italiennes à commencer par le président Berlusconi qu'il ne l’a pas reçu au Palais Chigi et le président de la Chambre, Fini qui a décidé de ne pas répondre à l'ambassadeur iranien », a déclaré le porte-parole des manifestants qui a également « apprécié la position prise par le Vatican qui a décidé de refuser une audience avec le Pape au président iranien ».

La nouvelle est passée inaperçue mais elle va faire du bruit dans les douze prochains mois : Durban II, la suite de la grande conférence sur le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’intolérance, aura lieu à Genève du 20 au 24 avril 2009, rappelle la Tribune de Genève (3 juin 2009). L’Afrique du Sud n’en voulait plus, New York a esquivé en prétextant les travaux de son siège, tous les autres ont prudemment décliné ce redoutable honneur si bien que la patate chaude a échoué dans les mains des Suisses. On se souvient que Durban I, en 2001, avait viré au cauchemar pour Israël, accusé de tous les maux envers les Palestiniens, et pour les Occidentaux, sommés de payer pour ce « crime contre l’humanité » que fut l’esclavage. Louise Arbour, la Haut Commissaire aux droits de l’homme, avait proposé deux scénarios : une grande conférence unique ou des mini-sommets régionaux qui rapporteraient à un comité chargé de présenter les conclusions à l’Assemblée générale de l’ONU. Opposition des pays du Sud, qui n’ont pas voulu rater l’aubaine d’un grand show médiatique. Fait nouveau : il n’y aura pas de forum séparé pour les ONG – qui avaient été à l’origine des dérapages de Durban. A Genève, comme c’est le cas lors des sessions du Conseil des droits de l’homme, elles seront intégrées à la conférence. Mais n’empêche, il va y avoir du sport !