Tribune
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Publié le 5 Juin 2015

Qu’est-ce que l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) contre Israël ?

L’appel de la société civile palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) est lancé officiellement en 2005.

Par Marc Knobel

L’appel de la société civile palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) est lancé officiellement en 2005. Cette campagne est inaugurée le 9 juillet 2005 par un collectif d’associations palestiniennes, un an après que la Cour internationale de justice (CIJ) eut, dans un avis consultatif, déclaré illégal le mur construit dans les territoires palestiniens : « L'appel du Comité National Palestinien demande à toutes celles et ceux qui veulent agir en solidarité avec la Palestine le Boycott, le Désinvestissement et des Sanctions (campagne BDS) contre Israël, tant qu'il ne respecte pas le droit international. »
 

Mais, jusqu’en 2008 son écho reste pour l’essentiel limité à des églises, des syndicats et des associations dans des pays comme l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Irlande, la Norvège, où l’influence de groupes propalestiniens est importante. L’Occident dans son ensemble, les grands partis, les syndicats et les réseaux de la société civile sont indifférents ou ouvertement hostiles au BDS.



Avec les événements de Gaza, le mouvement pour le BDS se répand, car il est réactivé par le lobby palestinien et l’Autorité palestinienne. Il faut à cet égard prendre connaissance d’un texte daté du 27 décembre 2008, très largement diffusé dans les milieux propalestiniens, en Europe et aux Etats-Unis. Ce texte est présenté comme un « appel de la société civile palestinienne », il est intitulé : « Arrêtez le massacre à Gaza, Boycottez Israël maintenant ! » En vérité, les signataires diffusent d’ordinaire toute la propagande pro palestinienne. Ce sont eux aussi qui ont fait du boycott contre Israël, une arme majeure. Ils se sont même constitués en un « Comité national palestinien pour le Boycottage, le Désinvestissement et les Sanctions (BNC) » (3).



Dans ce texte violent, Israël est accusé de tous les maux. Il est notamment question de « massacres », de « nettoyage ethnique », de la « famine » (des palestiniens), de « bombardements aveugles », d’« actes de génocide ». La terminologie utilisée est particulièrement féroce et l’objectif est d’une « parfaite » limpidité. Pour encourager le boycottage d’Israël, les ONG palestiniennes s’emploient à démontrer que les israéliens se comportent comme des nazis.



Extraits :


« Israël paraît vouloir marquer la fin de sa soixantième année d’existence de la même manière qu’il s’était installé en perpétrant des massacres contre le peuple palestinien. En 1948, la majorité de la population palestinienne autochtone avait subi un nettoyage ethnique en étant chassée de ses foyers et de ses terres, en partie par des massacres comme celui de Deir Yassin ; aujourd’hui, les Palestiniens de Gaza, dont la plupart sont des réfugiés, n’ont même pas le choix de chercher refuge quelque part. Emprisonnés derrière les murs d’un ghetto et acculés au bord de la famine par le siège, ils sont pour Israël les cibles faciles de bombardements aveugles. » Le texte se termine ainsi : « Maintenant, plus que jamais, le Comité national palestinien pour le Boycottage, le Désinvestissement et les Sanctions (BNC), appelle la société civile internationale à ne pas se limiter à protester et à condamner de diverses manières le massacre perpétré par Israël à Gaza, mais également à s’associer à la campagne internationale de Boycottage, de Désinvestissement et de Sanctions (BDS) contre Israël pour mettre fin à son impunité et le tenir pour responsable de ses violations systématiques du droit international et des droits des Palestiniens. Sans une pression soutenue et efficace exercée par les personnes de conscience du monde entier, Israël continuera de perpétrer graduellement ses actes de génocide contre les Palestiniens, enterrant toute perspective d’une juste paix dans le sang et sous les ruines de Gaza, Naplouse et Jérusalem. »



Nous pensons que ce texte a eu un grand retentissement. Il réveille en quelque sorte les militants. Cependant, il ne faut pas ignorer le contexte, ni sous-estimer à cet égard l’impact du conflit entre le Hamas et Israël, en particulier son impact médiatique.



C’est ainsi qu’en février 2009, le conseil municipal de Stockholm annonce que la société française Veolia, actuel exploitant du métro de la ville, perd un contrat de trois milliards et demi d’euros – Veolia est impliquée dans le projet de construction du tramway reliant Jérusalem-Ouest. À Durban, le syndicat des dockers refuse de décharger un cargo israélien, ce qui rappelle des mesures analogues prises autrefois contre des navires sud-africains. Un syndicat de dockers australien, un groupe de dirigeants syndicaux progressistes américains décident d’appuyer l’action du BDS. Le Hampshire College prend une décision équivalente en annonçant qu’il cesse son investissement dans six compagnies tirant profit de « l’occupation israélienne » : ce collège est le premier à se désinvestir d’Afrique du Sud dans les années 1970. Même en France, où le boycott est fortement combattu, des universitaires de renom signent un texte soutenant explicitement le BDS.



Le 14 janvier 2009, parait sur le blog du BDS-France, le texte suivant : « Le boycott est une action de masse non violente qui nécessite une large mobilisation. C'est pourquoi il doit être appuyé sur un message simple et clair, qui peut être suivi par le plus grand nombre. Actuellement, de nombreuses initiatives de boycott contre Israël se lancent, pour répondre à l'appel des palestiniens. Mais les listes qui sont proposées sont très longues, confuses, mélangent des entreprises israéliennes et internationales, et ne hiérarchisent pas les priorités. Nous proposons de cibler des produits précis et des marques phares pour faire perdre des parts de marché à certaines entreprises israéliennes de manière visible. L'enjeu est d'avoir un impact quantifiable, de faire supporter aux décideurs économiques en Israël les conséquences des politiques suivies par le gouvernement israélien. Dans cet esprit, voici les entreprises et produits que nous proposons de boycotter :

 

Carmel ou Top : avocats

Jaffa : oranges et pamplemousses

Jordan Valley : dattes fraîches

TEVA : médicaments génériques

Etc »

 

Le 10 janvier, Naomi Klein publie dans l’hebdomadaire britannique The Guardian, (10 janvier 2009), un article qui expliqué cette stratégie : «  La meilleure façon de faire cesser cette occupation sanglante est de cibler Israël avec le même type de mouvement qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud » De plus, décidée quelques semaines plus tôt lors du Forum social mondial à Belém, au Brésil, une journée mondiale d’action a été organisée pour relancer la campagne BDS. » Le 5 octobre 2009, le blog du BDS France publie une liste des signataires de l'appel et la charte de la Campagne BDS France. Le lendemain, une nouvelle liste est publiée sur ce site Internet. Le PCF, le MRAP, les Verts et la Ligue des Droits de l’Homme rejoignent l’appel du « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » pour le BDS.