- English
- Français
Ce terrorisme là est islamiste, il invoque « Allah » avant de tirer et de tuer. Il prétend « venger le prophète ». Ce sont les mêmes cris qui sont prononcés par les coupeurs de tête des otages occidentaux en Irak et de Syrie. Ce sont les mêmes qui ont assassinés trois adolescents juifs en Israël en juin 2014. Ce sont les mêmes jouisseurs de mort qui ont tué des enfants juifs à Toulouse et au musée juif de Bruxelles. C'est la même idéologie qui a inspiré les poseurs de bombes de Madrid, de Londres, de Boston. Ce sont les mêmes imprécations qui ont accompagné les gestes du tueur de Sidney et du conducteur de la voiture bélier de Joué-les-Tours. Etaient-ils seulement des malades mentaux ? Ce sont les mêmes individus que la France combat au Mali, en Afghanistan, en Irak. Ce sont les mêmes qu'Israël affronte à Gaza. Ils se nomment Califat Islamique, Boko Aram en Afrique, Chebab somaliens, Hamas à Gaza ou Hezbollah au Liban. Cette hydre à tête multiple a un socle commun et s'il ne faut pas assimiler tous les musulmans à des terroristes tous ces terroristes là sont musulmans. Certes tous les musulmans ne sont pas jihadistes mais tous les jihadistes sont musulmans. Cette religion « d'amour et de paix » devrait y regarder de près pour extirper de son sein ce qui de l'intérieur de l'islam nourrit cette rage meurtrière.
En 1938, pour n'avoir pas voulu nommer l'ennemi nazi pour ce qu'il était, pour n'avoir pas voulu regarder en face ce que cette idéologie au pouvoir en Allemagne, avait de mortifère, le monde va en payer un prix effroyable. Les démocraties ont les défauts de leurs qualités : elles attribuent à leurs pires ennemis des capacités rédemptrices. Le terrorisme apocalyptique de l'Etat islamique ne cherche pas à construire un Etat fut-il islamique, il cherche d'abord à tuer et à détruire ce qui n'est pas lui puisque telle est la jouissance de ceux qui le composent.
Depuis le 11 septembre 2001 l'islam radical a déclaré la guerre au monde. Ne pas considérer que cette menace est globale et qu'elle se décline de la Kabylie à la Mésopotamie, du musée juif de Bruxelles à Toulouse ou à Londres, serait reproduire la même erreur de jugement que celle qui fut commise par Daladier et Chamberlain quand ils crurent stopper Hitler par les accords de Munich. On connaît la suite.
On ne gagnera rien par les périphrases et les divers éléments de langage destinés à éviter de nommer l'ennemi. Recommander de dire « Daesh » plutôt que « Etat islamique » pour ménager les susceptibilités des musulmans relève d'une prudence dont les musulmans lucides ne s'embarrassent pas. L'acharnement mis par certains à ne pas prendre en compte la part islamique de l'islamisme relève de la volonté de ne pas voir la source du mal. Il ne s'agit pas de faire l'exégèse des textes issus du Coran mais bien plutôt d'analyser ce que certains font dire à ces textes et l'accusation d'islamophobie portée contre ceux qui osent faire cette démarche est dès lors vide de contenu. Quand des égorgeurs décapitent un otage aux cris de « Allah Akbar ! » c'est bien dieu qui est convoqué pour cautionner le crime, pour sanctifier ces gestes supposés de fidélité à dieu.
Combien faudra-t-il d'autres journalistes assassinés, d'autres têtes coupées pour que les juristes qualifient les crimes de cette barbarie? Combien d'autres mécréants, combien d'autres infidèles, combien de « croisés » et combien de Juifs vont être assassinés au nom de l'islam ? Combien d'autres adolescents israéliens vont être assassinés pour que l'on comprenne qu'il s'agit d'une barbarie identique? Les uns font ça au couteau, les autres à la kalashnikov. Les uns découpent, les autres se font exploser dans des arrêts de bus ou des cafés. Les uns sont plus artisanaux tandis que les autres sont plus modernes. Pourtant les uns envoient sur facebook les images de leurs performances alors que les autres cherchent à les dissimuler et pourchassent les journalistes qui pourraient en témoigner. Les uns sont les disciples du nouveau Calife de l'Etat Islamique en Irak et au Levant, les autres sont disciples du Hamas. Tous vénèrent Allah et tous vouent aux flammes de l'enfer, un Etat satanique, « l'entité sioniste » pour ne pas avoir à prononcer son nom.
Qu'est ce que le jihad ? Cette guerre sainte promet le paradis à celui qui pourchasse et anéantit les infidèles, les non musulmans. Il s'agit de cette forme spécifique de guerre commise au nom de l'islam, visant à l'extermination ou la réduction en esclavage de populations pour la seule raison de leur identité non musulmane. Le jihad, présenté dans un premier temps comme une ascèse spirituelle, un travail sur soi visant à une communion spirituelle avec le divin, a laissé place à sa forme politique telle que nous la voyons aujourd'hui à l'œuvre.
Qu'est ce qui définit le crime contre l'humanité ? Qu'est ce qui caractérise ce crime ? Cette notion de droit, établie après les jugements des crimes nazis au procès de Nuremberg caractérise les crimes de masse commis contre des personnes au nom de leur origine, ethnique, religieuse, politique. Il s'agit de crimes commis contre des personnes au nom de ce qu'elles sont, de leur identité, de leur appartenance, de leur religion ou de leur croyance.
Le jihad (tel qu'il est invoqué et pratiqué par certains groupes islamistes) s'inscrit dans cette définition pénale du crime contre l'humanité. Inscrire le jihad dans la catégorie des crimes contre l'humanité constituerait déjà un fort coup de semonce contre tous ceux qui habillent leurs crimes du masque d'une différence culturelle. Aucune religion ne saurait se prétendre telle si elle devait servir d'alibi de la barbarie a estimé le Président Obama. Le dire haut et fort, au nom de principes universels, permettrait de faire un tri entre ceux qui partagent cette idée d'un universel commun pour une humanité commune et ceux qui refusent cette idée d'une communauté humaine acceptant des règles obéissant à des lois universelles.
Tant que les musulmans et ceux qui prétendent être dépositaires de l'héritage spirituel de l'islam n'auront pas fait ce travail critique sur leur propre corpus spirituel, ils resteront aveugles sur les sources intimes de leur désastre de leur supposée humiliation. C'est du sein de l'islam que des voix doivent s'élever pour dénoncer cette imposture. C'est bien plutôt l'islamisme version Hamas ou version Hezbollah ou version Etat Islamique et leurs multiples clones qui sont responsables de cet enfermement aussi surement que le goulag ne protégeait pas les droits des peuples mais les garrotait.
Pourtant tous deux ne jouissent pas d'un statut identique dans le regard que l'Occident leur porte. L'Etat Islamique est dénoncé comme un mal absolu, un « cancer » par les Etats Unis, la France et les européens. Le Hamas, bien que figurant sur la liste des organisations terroristes, jouit d'une meilleure considération et a même reçu sur ses terres, de brillants intellectuels, Stéphane Hessel et Régis Debray. Tandis que l'EI (Etat Islamique) profite de la dislocation de l'Irak et de la Syrie, dont les frontières furent établies à la serpe par la Grande Bretagne et la France, à la fin de la première Guerre mondiale, après la dislocation de l'Empire Ottoman. Presque un siècle plus tard ces châteaux de cartes s'effondrent au profit d'une nébuleuse aussi chaotique que sanglante.
Est-on capable en Occident de regarder cela en face ? On pourra toujours invoquer les mânes de la République et déclarer solennellement que ces gestes quand ils sont commis en France, sont isolés et qu'ils défigurent la France. Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, font hélas partie de la France d'aujourd'hui. Les manifestations en faveur de Gaza de juillet dernier n'étaient pas seulement pro palestiniennes, elle étaient aussi antijuives.
Ces indignés sont-ils descendus dans la rue pour dénoncer les massacres de palestiniens en Syrie ? Sont ils indignés par les deux cent mille morts en Syrie ? Sont-ils descendus dans la rue pour dénoncer les kidnapping de centaines de jeunes filles au Nigéria commis au nom d'Allah par la secte islamiste Boko Aram ? Ont-ils dénoncés les attentats contre d'autres musulmans en Somalie, en Algérie, au Liban, en Irak, en Afghanistan ? Les massacres arabo-arabes ou islamo-islamistes seraient-ils à ce point une affaire de famille pour y trouver une excuse ? Quelle serait cette normalité acceptée pour cette barbarie alors que chaque riposte d'Israël pour assurer la protection de ses habitants serait considérée comme bien plus condamnable ? Quel souci ont-ils de la Palestine ceux qui ont fait de la haine du Juif une seconde nature ? Quelle différence en effet ! Israël utilise ses armes pour protéger sa population alors que le Hamas utilise sa population pour protéger ses armes !
En juillet dernier, c'est un pogrom qui a été tenté à Sarcelles et rue de la Roquette à Paris. Au cours d'autres manifestations ce sont les drapeaux du Hamas, du Hezbollah et l'Etat Islamique qui ont été exhibés place de la République. « Nous sommes tous des jihadistes », ont crié certains manifestants. Cet avertissement est valable pour tous. La haine qui motive les émeutiers anti juifs ne s'adresse pas qu'aux seuls Juifs au prétexte de leur solidarité supposée avec Israël.
Cette haine recuite va puiser ses sources dans un archaïsme qui déjà fait la preuve de sa malfaisance. L'Europe en connaît le prix. Que cette vieille haine s'habille des atours progressistes de l'antisionisme ne change rien à l'affaire. La haine des Juifs est toujours annonciatrice d'autre chose : à travers les Juifs c'est la liberté qui est visée, celle des femmes, celle de l'autonomie de l'individu. Depuis près de quinze ans la République a perdu de nombreux territoires. Ils sont tout autant symboliques que réels. Avec le masque de la bonne conscience certains ont instillé de manière totalement irresponsable cette haine du Juif et d'Israël avec les mots du progrès et de la justice. Faire d'Israël le responsable du malheur arabe constitue l'une des grandes impostures de l'histoire contemporaine. Le déni idéologique de cette réalité constitue l'autre face de ce désastre de la pensée.
Désormais la menace est ici, chez nous, en France, en Europe. NOUS, en France, en Europe. Ne pas le comprendre est suicidaire.