Combien de français innocents (pour reprendre les mots de Raymond Barre) devront ils payer le prix de nos myopies successives ? En faisant passer brutalement notre pays d'une longue période de paix à une situation de guerre, les assassins du vendredi 13 novembre ont d'abord produit un effet de sidération. Mais ils ont aussi mis à mal les dénis qui empêchaient de regarder la réalité en face, de l'appeler par son nom, et de l'affronter.
Tant que les cibles étaient israéliennes, puis juives, on avait fini par s'accommoder de cet état de fait. Un conflit lointain exportait ici ses mauvais effets. Une guerre par procuration se déroulait sur notre sol mais ses dégâts collatéraux faisaient néanmoins couler le sang. Les élans de solidarités étaient limités malgré les débordements antijuifs des indignations antisionistes. Le rapt et l'assassinat crapuleux ET antisémite d'Ilan Halimi avaient ému l'opinion sans que pour autant ce signe de la corrosion progressive de l'espace républicain ne vienne ouvrir les yeux sur ces territoires perdus de la République. Nommer les choses, qualifier les passages à l'acte, regarder le réel en face semblait trop difficile pour la doxa dominante.
http://www.huffingtonpost.fr/jacques-tarnero/radicalisation-attentats-13...