- English
- Français
Par Valérie Aider, Publié sur Respect Mag le 7 février 2015
Sortie du dernier Respect Mag, avec un retour sur les 10 années de Facebook. Comment le premier réseau social au monde contrôle-t-il les appels à la haine ? Comment signaler et faire supprimer un contenu raciste ? Doit-on réguler le Web et les réseaux sociaux ? Rencontre avec Delphine Reyre directrice des affaires publiques de Facebook pour la France, et Maître Stéphane Lilti, avocat de l’Union des Etudiants Juifs de France et vice Président de l’association J’Accuse. Extrait de notre dossier exclusif " Racisme, laïcité, réseaux sociaux, cultes et politiques… Constats et perspectives pour 2015"
Extrait :
Les observations du rapport de 2004 se sont confirmées. Jean-Christophe Rufin notait que les usagers des sites de partage de vidéos, des réseaux sociaux, des forums de discussions ont une propension beaucoup plus élevée que la moyenne à produire, diffuser et partager des opinions et des préjugés. En 10 ans, le Web a multiplié ses forces. D’apparence égalitaire, spontané, immédiat, universel... ce nouvel espace public est porté par une liberté singulière où messages et opinions peuvent être diffusés sans que les auteurs aient à décliner leur identité et à engager leur responsabilité. « Une situation inédite dans l’histoire de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion confirme Dominique Reynié. Ces outils offrent aux antisémites et aux racistes un statut d’extraterritorialité et une impunité de fait, qui ne permettent plus aux États de droit ni d’assurer la défense des valeurs humanistes ni de punir ceux qui se rendent coupables de les transgresser ». Ce qui avait été considéré comme un phénomène émergent par le rapport Rufin se confirme à présent. Si le Web n’est pas que cela, il est cependant devenu potentiellement un formidable propagateur d’opinions antisémites, xénophobes et racistes auquel il faut rester attentif.
Respect Mag : Qu’avez-vous appris en matière de liberté d’expression ces 10 dernières années ?
Delphine Reyre : Nous ne laissons pas des propos négationnistes ou racistes se développer. Des contenus haineux, il y en a, mais nous travaillons avec la Licra, l’EFJF, SOS Racisme, le Crif... Ils nous aident à être vigilants. Pour nous, ces associations sont des donneurs d’alerte. Nous avons appris à nous appuyer sur leur expertise. En 2014, à la suite des signalements de Marc Knobel, pour le CRIF et la Licra, nous avons étudié la jurisprudence française qui s’est développée ses dernières années. Et en effet, sans ces signalements et en s’en tenant à nos règles, nous ne serions pas intervenus. Pour nous c’est une façon d’être plus efficace. À présent, les contenus susceptibles de tomber sont plus nombreux.
Internet serait un média encadré par la loi, mais c’est encore une zone d'impunité. Pourquoi ?
Maitre Stéphane Lilti : Internet n’est pas une zone de non-droit, mais c’est toujours une zone d’impunité. Il est extrêmement difficile d’obtenir une condamnation. En partie parce que nous sommes face à un réseau transnational. Il n’y a pas de gouvernance mondiale. Ce qui est interdit chez nous ne l’est pas à l’endroit où se situe le serveur d’où provient l’information, par exemple… Lire l’intégralité.