Tribune
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Publié le 29 Août 2014

De discours en discours, Mélenchon n'en finit pas de surfer sur la vague du populisme

Publié le 26-08-2014

 

Par Frédéric Haziza, auteur de "Vol au-dessus d'un nid de fachos"

 

 

LE PLUS. Ce weekend du 24 août, Jean-Luc Mélenchon a participé à l'université d'été du Parti de Gauche à Grenoble. Appelant à un coup de balai, l'ancien co-président du parti s'est montré très virulent contre la politique du gouvernement. D'autres passages de son discours ont choqué notre contributeur Frédéric Haziza, il s'explique.

 

"La République, c'est le contraire des communautés agressives qui font la leçon au reste du Pays" : c'est ainsi que le 24 août à Grenoble, en clôture du "Remue-méninge" du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon s'est cru autorisé à cibler les Juifs de France.

 

 

 

Que n'aurait-on dit si Marine Le Pen, son père ou l'un des responsables du Front national avait tenu de pareils propos ?

photo D.R

La communauté juive, une communauté agressive selon Mélenchon

 

Les attaques de synagogues à Paris et à Sarcelles aux cris de "Mort aux Juifs", les slogans et caricatures antisémites dans les manifestations pro-Gaza, sont-ils la manifestation de "quelques excès" provenant de "quelques énergumènes" comme le dit Mélenchon ou ne sont-ils pas plutôt le signe comme le souligne Manuel Valls que "l'antisémitisme se répand dans nos quartiers populaires, auprès d’une jeunesse souvent sans repères, sans conscience de l’histoire qui cache sa "haine du Juif" derrière un "antisionisme de façade et derrière la haine de l’État d’Israël".

 

Au passage, Mélenchon s'est même risqué à dénoncer "ceux de nos compatriotes qui ont cru bien inspiré d'aller manifester devant l'ambassade d'un pays étranger ou d'aller servir sous ses couleurs les armes à la main".

 

 En clair, le droit de manifester serait autorisé, sinon encouragé pour les Français voulant démontrer leur solidarité en faveur des Palestiniens pour ne pas dire du Hamas et interdit aux Français voulant apporter leur soutien à Israël et à la paix.

 

 

Pourquoi avoir désigné un bouc-émissaire ?

 

Une précision quant aux soldats franco-israéliens : ils ne s'enrôlent au sein de Tsahal qu'après avoir acquis la nationalité israélienne et non pas, comme d'autres, avec l'objectif d'aller combattre au nom du jihad dans un pays étranger, éventuellement contre l'armée française, pour revenir ensuite en France commettre d'autres crimes.

 

 Mélenchon nous ressort par ailleurs cette vieille antienne : il serait la victime d'un procès en antisémitisme intenté par le Crif comme à lui comme à tous ceux qui auraient "l'audace de critiquer l'action d'un gouvernement" en l'occurrence du gouvernement israélien. Il n'a pas besoin de claironner : "Je ne suis pas antisémite", qu'il soit rassuré, on veut bien le croire.

 

Mais un constat s'impose : Monsieur Mélenchon n'en finit pas de surfer sur la vague populiste. Pourquoi avoir désigné comme il l'a fait dans ce discours de Grenoble, un bouc-émissaire. Celui qui dans l'imaginaire de certaines personnes cristallise toutes les haines et toutes les critiques.

 

 

La "race supérieure" ça ne vous rappelle rien ?

 

 S'il est tout à fait légitime et salutaire de critiquer la politique du gouvernement israélien, en France comme d'ailleurs c'est le cas en Israël, Monsieur Mélenchon devrait savoir que les mots ont un sens et que l'Histoire a laissé des traces dans les mémoires.

 

Défendre comme il l'a fait devant "ses" militants, "les populations martyrisées de Gaza" en précisant : " Nous ne croyons pas aux Peuples supérieurs aux autres" est lourd, trop lourd de sous-entendus. La théorie de la "race supérieure", cela ne vous rappelle rien ?

 

 

 

Ajouter : "Ceux qui ont incarné la France républicaine, c'est ceux qui défendaient en fidélité à la mémoire du passé où déjà nous avons vu des petites communautés humaines être massacrées du seul fait de leur appartenance à une communauté", pour conclure : "En fidélité à ces combats du passé, en fidélité au souvenir des meurtres de masse qui ont été commis dans le passé, nous nous sommes portés aux avant-postes du soutien à cette malheureuse population", est une second parallèle totalement inadapté entre la Shoah et la guerre de Gaza.

 

 

Mélenchon finit par oublier les valeurs de la République

 

Non l'opération israélienne à Gaza, la guerre Israël-Palestine n'est pas un génocide.

C'est une guerre avec ses horreurs, ses tragédies, ses morts et ses victimes innocentes. Et Monsieur Mélenchon le sait bien. Étrange en tout cas de constater qu'il reprend désormais à son compte la rhétorique récurrente et habituelle des sites d'extrême-droite, de ceux d'Alain Soral, de Dieudonné M'bala M'bala ou encore de la mouvance islamo-salafiste.

 

La communauté juive serait-elle devenue pour lui, comme pour d'autres, la communauté à jeter en pâture à la nation avec un langage, des paroles et des arguments fallacieux.

 

On sait où cela a conduit par le passé. On sait aussi où cela peut conduire dans cette France de 2014 où quelques jihadistes de retour du Califat islamique peuvent à tout moment passer à l'acte. Les crimes antisémites de Mérah à Toulouse et de Nemmouche au musée juif de Bruxelles l'ont prouvé. Et que Monsieur Mélenchon ne m'accuse pas d'islamophobie ou "de montrer du doigt tous les musulmans de France".

 

D'élection en élection, de discours en discours, de dérapage en dérapage, Jean-Luc Mélenchon en finirait-il par oublier les valeurs de la République dans lesquelles il est si prompt à se draper ?