Tribune
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Publié le 15 Juin 2015

Criminaliser le salafisme et interdire les organisations liées aux Frères musulmans

« Il est temps de traiter les Musulmans en adultes »
 

Par Mohammed Sifaoui, Journaliste, Président de l’association "Onze janvier", publié dans le Huffington Post le 15 juin 2015
La communauté internationale et singulièrement les grandes démocraties, font preuve d'incohérence et manquent cruellement de courage dans le cadre de la lutte idéologique qui les oppose aux tenants du totalitarisme islamiste.
Depuis plusieurs années, je plaide, malgré les cris d'orfraie, à la criminalisation de l'idéologie salafiste et à l'interdiction pure et simple des organisations s'inspirant de la pensée des Frères musulmans. Ce double objectif devrait être celui de tout démocrate, attaché à la laïcité, qui aspire à vivre au sein d'une société apaisée où la violence et le terrorisme seraient bannis. Ce double objectif permettra de préserver, par ailleurs, l'ordre républicain et de garantir une compatibilité de l’Islam avec la République. Car, disons les choses clairement, si aujourd'hui, à certains égards, l’Islam pose problème, c'est parce qu'il n'est pas représenté pas une spiritualité, un culte ou une culture, mais parce qu'il est largement phagocyté par deux idéologies nihilistes : celle des salafistes et celle des Frères musulmans. En d'autres termes, si la majorité des Musulmans est apaisée et n'aspire qu'à vivre dans la quiétude, les courants, associations et organisations visibles et actifs sont dominés par les deux idéologies en question.
La criminalisation du salafisme et l'interdiction des organisations liées aux frères musulmans sont confortées par des arguments qui s'articuleraient autour de trois raisons objectives.
Pour des questions politiques d'abord. Ces deux idéologies, nous le voyons tous les jours, représentent un danger pour la cohésion d'une société. Elles la clivent et la segmentent y compris en usant de violence. Si la démarche des salafistes peut-être constatée au quotidien, les visées non avouées des Frères musulmans doivent, elles, être décryptées. Quoi qu'il en soit, les uns et les autres veulent provoquer la rupture du lien social. Pour se convaincre de leur nocivité, il suffit d'observer leurs agissements et leur comportement dans les pays dits « musulmans ». Ils sont souvent à l'origine du désordre et du chaos même lorsqu'ils font face à des régimes détestables.
Pour des questions idéologiques ensuite. Ces deux courants sunnites (on pourrait dire la même chose des intégristes chiites) sont des pensées totalitaires - à certains égards fascisantes - incompatibles avec la lettre et l'esprit du corpus démocratique qu'elles cherchent à anéantir et à réduire en cendres. Un simple examen froid et critique des textes salafistes ou fréristes permettrait de faire ce constat. Que le groupe islamiste ait pour nom le Hamas (Frères musulmans) à Gaza ou Daesh (salafistes) à Raqaa, que l'ennemi ait pour nom Israël, l'Amérique ou la France, la barbarie qui s'exerce à l'endroit de leurs propres coreligionnaires suffit à illustrer le caractère fasciste et nihiliste de ces idéologies.
Pour des questions juridiques enfin. Ces deux idéologies sont criminogènes. Au mieux, elles impliquent, là où elles sont fortement représentées, un risque de trouble à l'ordre public. Et de ce point de vue, il serait naïf de constater le caractère violent du salafisme et des Frères musulmans à travers les seules manifestations terroristes. La violence est consubstantielle à l'un et aux autres. Violence à l'égard des minorités religieuses, spirituelles, sexuelles, philosophiques. Violence par le verbe, par l'épée et par le texte, mais aussi violence par l'humiliation, par le regard, par le comportement et violence enfin par la diabolisation, l'excommunication ou le rejet de la « différence » réelle ou supposée. Les deux pensées sont, de manière assumée ou dissimulée, antisémites, homophobes, misogynes, apologétiques de la violence et de la haine dans leurs textes et dans les discours de la plupart de leurs représentants.
Écrire ce qui précède pourrait susciter le scepticisme. De belles âmes pourraient trouver que ce serait là une démarche excessive, un propos extrême et une attitude intolérante. Je suis prêt à entendre de telles critiques à condition que l'on m'explique comment devrait-on gérer les dogmes qui structurent les deux pensées en question.
Sait-on au moins ce que celles-ci pensent du projet de société que nous défendons ?...
… Au moment où doit s'ouvrir au Ministère de l'Intérieur une réunion de la nouvelle "instance de dialogue avec l’Islam de France", ce qui précède et qui est loin d'être exhaustif doit nous amener à sortir collectivement de cette léthargie qui s'installe dès qu'il est question d'islamisme. Face à ce phénomène, il faut puiser une réponse ferme dans les principes républicains et démocratiques. Et cela est du champ du possible. Il faut défendre cette fermeté républicaine d'autant plus que c'est cette même léthargie, ce même laxisme, cette même peur, ces mêmes complexes, cette quête de la paix sociale au prix de toutes les compromissions, parfois à partir de positions très nobles et fort louables, que des organisations douteuses comme l'UOIF ont pu faire leur prosélytisme en faveur du voile ou que des groupuscules criminels ont pu endoctriner des Merah ou des Kouachi.
Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous suffire de quelques palabres organisées sous les crépitements des appareils photo ou sous l'œilleton des caméras nous ne pouvons plus tolérer ces "représentants" de l’Islam de France - qui ne servent à rien - militant pour leurs médailles en chocolat.
L'État doit hisser son niveau d'exigence, car il est insupportable de voir une association comme l'UOIF par exemple se jouer de la naïveté républicaine.
Un préalable pourrait être instauré avant d'entamer un dialogue sérieux avec des organisations dites religieuses : la signature d'une charte qui amènerait ces associations à s'engager pour une dénonciation sans conditions de toutes les violences qui s'expriment, en France ou à l'étranger, au nom de l'islam, un rejet de toutes les lectures extrémistes qui valident, directement ou indirectement, le terrorisme et/ou la haine de l'Autre, un strict respect de l'ensemble des principes contenus dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et notamment ceux relatifs à la liberté de conscience, à la liberté de croire ou de ne pas croire, de changer de religion ou de ne pas en avoir et, dans le cadre des lois de la République, à la liberté d'opinion, d'expression et de création et, d'un autre côté, à une adhésion pleine et totale aux valeurs républicaines et singulièrement au corpus démocratique et laïque ainsi qu'aux droits des femmes, pour ne citer que ces valeurs.
Un non respect de ce smig républicain pourrait, y compris d'un point de vue juridique, justifier une criminalisation de l'idéologie salafiste et une interdiction des organisations et associations se réclamant de la pensée des Frères musulmans.
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