Tribune
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Publié le 5 Juin 2015

Actions et militantisme : le BDS (depuis le 9 juillet 2005)

Le 9 juillet 2005, un an après l'avis de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies située à La Haye qui jugea que le « mur » construit était illégal, la campagne BDS est lancée par 170 associations civiles palestiniennes...

Par Pascal MARKOWICZ

Avocat à la Cour
Membre du Comité Directeur et Vice-Président de la Commission Internationale du CRIF
Président Exécutif du Comité Français de l'Association Internationale des Juristes et Avocats Juifs

 

Le 9 juillet 2005, un an après l'avis de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies située à La Haye qui jugea que le « mur » construit était illégal, la campagne BDS est lancée par 170 associations civiles palestiniennes, fédérée au sein du Collectif National Palestinien (BNC), soutenue par l'Autorité Palestinienne (le DirCab Rafiq Husseini du Président Abbas), le Mufti de Jérusalem Mohammad Hussein, l'Archevêque Orthodoxe de Jérusalem Atallah Hanna, et dirigée par son « théoricien » Omar Barghouti.

Le 5 octobre 2009, le blog internet du BDS France publie la Charte de la Campagne BDS France, ainsi que la liste des 93 associations et partis politiques français qui soutiennent le boycott.

La Charte énonce que les membres s'obligent : "A refuser d'acheter ou de consommer les produits et les services de l'économie israélienne; A refuser de participer à toute action culturelle sportive...promue en France; A informer les partenaires commerciaux ou institutionnels des raisons de notre boycott; A mener des campagnes d'information et de sensibilisation du public sur les raisons du boycott, et sur les entreprises françaises qui participent à l'occupation...".

Les organisations qui prônent le boycott se défendent d'être antisémites et veulent faire une différence entre antisémitisme et antisionisme.

Cependant les dérives sont fréquentes. A titre d'exemples :

  • ils disent ne pas boycotter les produits cashers français (cependant, les produits cashers français SOLOMON ont été appelés au boycott lors d'une action dans un supermarché de Mulhouse). Par ailleurs, ils prétendent parfois ne boycotter que les produits des « colonies » alors qu'ils appellent expressément au boycott des produits cashers israéliens, ce qui revient au même,

  • lors d'une action de boycott au magasin CARREFOUR de Nancy organisée par le NPA le 12 mai 2010, une manifestante a apostrophé un étudiant de l'UEJF venu tenter de dialoguer avec les boycotteurs, en lui criant: «vous êtes juif? vous n'avez rien à faire ici, partez ! ». Il s'agit donc bien d'un antisémitisme primaire,

  • un internaute a laissé le commentaire suivant à la suite du "Manifeste des 2000" publié par le BDS FRANCE le 14 avril 2010: "Vite ramenez les étoiles jaunes et les pyjamas rayés!!!!! après les produits on va boycotter les juifs",

  • un internaute a commenté une vidéo publiée sur Youtube relatant une action de boycott dans un Mac Donald's de Limoges le 12 juin 2010: "...nous aussi on va commencer à vous brûler dans nos pays arabes s'il le faut...pas de problème pour ça! l'essence est à si bas prix que on sera très généreux envers vous",

  • cette même vidéo commençait par stigmatiser le caractère juif du président supposé de l'enseigne Mac Donald's, Jack M. Greenberg.

Le but de certains boycotteurs est d'ailleurs de vouloir mêler la religion musulmane à un problème politique, en voulant développer une haine entre les communautés juives et musulmanes de France ainsi qu'en important le conflit israélo-palestinien en France: "Rappel pour les musulmans: près de 2000 savants ont dit que le boycott est obligatoire allez voir la fatwa...". Cette fatwa, qui n'est heureusement pas reconnue par la majorité des dignitaires religieux musulmans, contient ainsi un appel explicite à boycotter les produits israéliens au motif qu'un tel boycott serait une obligation religieuse dans l'islam:

"Fatwa rendant obligatoire le boycott:

Question au Cheikh Al Albani: Etant donné la guerre nous opposant aux sionistes juifs, nous est-il permis d'acheter des produits chez eux et de travailler avec eux en Europe? Réponse: Acheter des produits aux sionistes juifs? Question: Oui et aussi travailler avec eux en Europe.

Réponse: Nous ne faisons pas de distinction entre les sionistes juifs et entre les sionistes chrétiens concernant les rapports à avoir avec eux dans ces pays-là... Il n'est pas permis d'avoir des relations et des échanges commerciaux avec ceux qui étant en guerre contre les musulmans, aussi bien ceux vivant en territoires occupés -tel les juifs en Palestine- que ceux vivant dans leurs pays. Aussi longtemps qu'ils seront en guerre contre nous, H ne sera pas permis d'avoir des relations commerciales avec eux, et ceci de manière absolue".

Lors du procès des boycotteurs de Mulhouse (magasin CARREFOUR d'ILLZACH le 26 mai 2010), Melle BEN LAKBIR, prévenue, avait déclaré: "C'était la première fois que je participais à une manifestation de ce genre...j'y ai participé car étant de religion musulmane je me sens concerné par les conflits entre la Palestine et Israël".

Le boycott contre Israël incite donc à la haine des juifs et pas seulement de l'Etat d'Israël.

Un exemple est fourni par le clip vidéo d'un rappeur dénommé NINO ZC intitulé: "ENVIE DE TOUT FAIRE SAUTER - PALESTINE", d'une rare violence et pouvant caractériser un appel au jihad et au meurtre d'israéliens ou de Juifs :

"J'ai la ge-ra palestinienne

La dégaine du paranoïaque

Je cours toujours après l'oseille,

Envie d'escroquer comme Chirac

Si la France nous pousse à bout

Bientôt je risque de disjoncter

J'ai des envies meurtrières, des envies de me faire sauter,

J'ai du lourd sur le cœur,

Les larmes des enfants de Gaza,

On nous montre des images de ouf et personne réagit à ça

Ils ont créé des Ben Laden, fabriqué des Mohamed Mera,

Pour donner une mauvaise image (des fans) devant les caméras.

J'ai targué sur le net

Toi qui regarde derrière ta fenêtre

Des crimes contre l'humanité observé par toute la planète

On parle beaucoup mais on fait rien

Et certains commettent des actes, des attentats suicidaires, un cri au secours, pas un

spectacle,

Je dénonce les sionistes

Je dénonce Israël

Je dénonce tous les états complices de leur agrandir leur aide

Je dénonce les sionistes

Je dénonce Israël

Je dénonce tous les états complices de leur agrandir leur rêve

C'est un appel au secours

La Palestine est boycottée

Plus je regarde les infos, plus j'ai envie de me faire sauter

Je vois des enfants mourir chaque jour sans que personne soit inquiété

Mais quand on parle de la Shoah, c'est le monde entier qu'est révolté.

J'ai l'envie de me faire sauter parce que je vois pas d'autres solutions.

J'suis qu'un cri dans le silence

Un problème de révolution

Si le massacre ne s'arrête pas forcément ça va péter

Dans le centre-ville de TelAviv, c'est là bas que je me ferai sauter

On n'a pas peur de la mort, ça fait pas de nous des terroristes

Quand je place une bombe, c'est les « ricals » qui fait fuir tous les touristes

J'suis pro-palestinien au caractère d'Ahmed Nejad (ahmadinejad-sic)

J'ai tellement vu de trucs de ouf que je me prépare au Djihad

Plus de soixante années de violence

Tu peux trouver ça acceptable

Quoi ? d'être raciste, tu peux être juif et v'nir manger à ma table ?

Moi je critique pas les religions

Pour ça, y t'en faut une « guez »

Laissons la Palestine tranquille

Je démonte sans être vulgaire

Prions pour ces enfants qui grandissent les armes à la main

Il suffit pas de mettre « J'aime » sur Facebook pour changer le monde de demain

Malheureusement, les gens oublient et se plaignent d'être pas assez riche

Y'a bien plus choquant dans le monde que la naissance du Reich en Autriche

Effectivement, le mur se construit, preuve qu'y a pas de reconnaissance

Gaza, ils l'ont détruit, y'a beaucoup de morts et peu de naissances

Faut faire péter le blocus et faire fuir ces sales « colons »

Qu'on vu

Je réfléchis à cette solution

C'est un appel au secours

La Palestine est boycottée

Plus je regarde les infos, plus j'ai envie de me faire sauter

Je vois des enfants mourir chaque jour sans que personne soit inquiété Mais quand on parle de la Shoah, c'est le monde entier qu'est révolté. J'ai l'envie de me faire sauter parce que je vois pas d'autres solutions. J'suis qu'un cri dans le silence

Un problème de révolution

Si le massacre ne s'arrête pas forcément ça va péter

Dans le centre-ville de Tel-Aviv, c'est là-bas que je me ferai sauter

Je rafale comme Arafat quand les sentiments me paralysent

Jegoleri comme « Prorafat » quand mes souhaits se réalisent

J'veux que la Palestine soit libre

Que les juifs retournent en Angleterre

Que les Américains claquent les doigts

Ou je vais devenir pire qu'Hitler

« .... » l'humanitaire n'arrêtons jamais cette guerre

C'qu'ilfaut c'est intervenir

Mais Israël sait vous faire taire

j'ai fait un rêve comme Monsieur Martin Luther

j'voyais tous les arabes se mobiliser pour cette guerre

Récupérer nos terres saintes, la laisser à des gentils

Bannir Israël de la carte

Qu'y ait qu'un Etat c'est Palestine

Faut boycotter les sionistes

Ça devient un peuple assassin même si on fait de « »

L'argent ne changera pas le destin

Quel con a reconnu Israël ?

Quel con n'a pas voulu d'eux ?

Ceux qui pactisent avec elle, c'est ceux qui se disent au milieu des deux

Moij'vois tout ça de la maison, incapable de réagir

j'ai l'envie de me faire sauter, faire des victimes à Tel-Aviv"

Des journées de formation sont organisées pour former les activistes propalestiniens aux actions de boycott dans toute la France.

Plusieurs sites internet traitant du boycott et appelant le public à se joindre au mouvement naissent et se développent en France. Ceux de l'AFPS et de la CAPJPO-EUROPALESTINE sont les plus actifs.

Des actions de boycott, surtout économiques, se développent dans des magasins de grandes enseignes (CARREFOUR, LECLERC, DARTY, SEPHORA...) qui distribuent des produits israéliens.

La méthode utilisée est toujours identique : une dizaine d'activistes pénètrent discrètement dans un supermarché, se réunissent en général au rayon des fruits et légumes, enfilent leurs t-shirts verts « Boycott Israël - Palestine Vivra », crient dans leurs mégaphones leur haine d'Israël selon l'argumentaire établi (Etat apartheid qui ne respecte pas le droit international ni les palestiniens, les massacre...), en interpelant la foule pour les dissuader d'acheter les produits « made in Israël », en agitant des drapeaux palestiniens, en distribuant et en collant des étiquettes contenant des messages de boycott, en enlevant tous les produits israéliens des rayons pour les remettre aux directeurs des magasins en les menaçant de revenir pour vérifier s'ils persistent à vendre ces produits.

Les slogans "N'ACHETEZ PAS LES PRODUITS DES CRIMINELS DE GUERRE", "CES CLEMENTINES DE JAFFA C'EST AUTANT DE BOMBES", "BOYCOTT ISRAËL BOYCOTT ISRAËL", "ISRAËL ASSASSIN", "ISRAËL CRIMINEL", "MADE IN ISRAËL C'EST ILLEGAL", "ETAT D'ISRAËL ETAT CRIMINEL BOYCOTT" criés et hurlés avec ou sans mégaphone, sont d'une violence verbale incontestable et ne peuvent s'analyser que comme un appel à la haine: les conditions du déroulement de ces actions constituèrent des troubles manifestes, d'ailleurs reconnus par certains prévenus lors de leur audition.

Le visionnage des vidéos est sans équivoque sur la violence des propos ordonnant aux consommateurs de boycotter (l'usage du verbe à l'impératif permet de le prouver), et la mise à l'écart des produits pour vider les rayons (à l'instar des produits et des magasins tenus par des Juifs mis en quarantaine dans les années 1930 en Allemagne).

Exemple, lors de l'action opérée à Aulnay-Sous-Bois, on distingue clairement les manifestants déclarer, ayant vidé un rayon: "C'est bien, ici il n'y a plus rien...A la poubelle tous ceux qui soutiennent Israël, regardez ce qui vous attend, (un enfant ayant participé à l'action dit: "Attendez, il en reste"). Voyez c'est vide maintenant. On ne veut plus de ces produits chez nous. On est chez nous ici, on n'est pas en Israël. Ces clémentines de Jaffa, c'est autant de bombes avec lesquelles ils ont détruit des maisons habitées, des écoles, des mosquées".

Un manifestant a également retiré des bottes de fleurs d'un rayon au motif qu'il n'y avait pas d'étiquette de provenance et qu'ainsi, dans le doute, il fallait retirer ces produits du libre choix des consommateurs: "// n'y a rien de marqué, on ne sait pas d'où ça vient, ça vient peut-être d'Israël, on ne sait pas".

Pour donner plus de publicités à leurs actions, les organisations pro-palestiniennes qui réalisent ces actions, les filment et diffusent leurs opérations sur internet.

Barghouti a publié une bible sur la théorie du BDS et un mode d'emploi destiné à toutes les organisations pro-palestiniennes ainsi qu'à tous les activistes qui soutiennent cette position, traduite en français le 8 avril 2010. Certains extraits ont été décrits ci-dessus.

En Novembre 2009, il sollicite de toutes les organisations concernées dans le monde, de lui prêter un serment d'allégeance et d'obéir à toutes les directives qui seront données par le BNC.

Le 1er janvier 2010, la Déclaration du Caire est adoptée par les organisations ayant participé à la « Gaza Freedom March » de Décembre 2009, dont les associations françaises précitées, pour renforcer l'idée du boycott mondial d'Israël.

Au mois de Janvier 2010, l'organisation de la campagne BDS en France se structure

Une plateforme unique est créée, avec un site internet privilégié (www.bdsfrance.org), largement documenté et constamment mis à jour avec, notamment, des vidéos. Il complète ceux de l'AFPS et de la CAPJPO-EUROPALESTINE.

Le 26 Avril 2010, la 5ème Conférence Internationale sur la Résistance Populaire de Bil'in déclare qu'il faut encourager le BDS au niveau mondial.Salam Fayyad, le Premier Ministre de l'AP, suit le mouvement et impose un boycott des produits provenant des territoires disputés, assorti de lourdes sanctions pour les palestiniens qui commerceraient avec des israéliens.

En France, nous constatons environ quatre actions de boycott par semaine.

La société israélienne la plus majoritairement citée par les actions de boycott était AGREXCO (avocats CARMEL), en cours de transfert de son port de débarquement de Marseille pour celui de Sète. Cela mobilisait beaucoup d'organisations pro-palestiniennes qui pensent qu'en faisant pression sur les hommes politiques locaux et le public, AGREXCO ne pourra s'implanter dans le sud de la France et devra quitter le territoire, ce qui fera école à l'égard des autres sociétés israéliennes.

Mais les décideurs locaux, y compris syndicaux, souhaitaient qu'AGREXCO arrive rapidement à Sète pour développer l'emploi : les ambitions du BDS à ce sujet sont donc un échec.

Pour des raisons de pure gestion financière, et non à cause des actions de boycott, la société AGREXCO a été déclarée en faillite. Ses activités sont actuellement relayées par la société MEHADRIN qui fait désormais l'objet des actions des boycotteurs.

Les actions de boycott sont surtout économiques car elles ont plus de poids que les actions de boycott sportifs ou culturels : la tentative de boycotter le match de football Bordeaux-Haïfa en 2009 n'a mobilisé qu'une dizaine d'activistes, et le boycott du film «A 5 heures de Paris » par la chaine de cinéma UTOPIA a eu l'effet inverse puisque toute la classe politique, les médias et le show business ont dénoncé ce boycott.

Le boycott universitaire ne fonctionne pas non plus

Les tentatives de suspension des accords entre les écoles ou universités françaises et israéliennes sont rejetées par les enseignants et les responsables académiques. Au mois de Juillet 2010, des participants arabes à un colloque prévu au mois d'Avril 2011 à l'Université d'Aix-en-Provence ont tenté de faire boycotter la présence d'une israélienne mais, en réaction et pour s'opposer à ce chantage, le Président de l'Université a décidé d'annuler le colloque car, pour lui, « le boycott est étranger à l'universalité du savoir ».

Le Collectif PALESTINE ENS avait tenté d'organiser, au mois de Mars 2011 pendant l'Israël Apartheid Week, un « colloque » à une voix et non contradictoire au sein de l'Ecole Normale Supérieure en présence, notamment, de Stéphane HESSEL. Refusant d'allouer une salle aux organisateurs, ceux-ci avaient saisi le Tribunal Administratif pour se plaindre d'une atteinte à la liberté d'expression et de réunion et contraindre la Directrice de l'établissement à revenir sur sa décision.

Le Tribunal Administratif de Paris leur donna raison mais, en appel, le Conseil d'Etat cassa cette décision et, par une ordonnance du 7 mars 2011, jugea qu'en refusant de permettre à ce colloque politique qui appelait à la commission d'actes discriminatoires contraires à l'éthique et à la mission éducative de l'école de se tenir dans l'enceinte de cet établissement d'enseignement supérieur, la Directrice n'avait porté aucune atteinte à la liberté d'expression et de réunion.

A nouveau en Février 2012, pendant la même Israël Apartheid Week, le Collectif Palestine de l'Université Paris VIII voulu organiser un faux « colloque » sur ce thème. Le Président de l'Université, abusé en découvrant les sujets qui seraient abordés et les intervenants, revint sur sa décision et refusa d'allouer une salle pour que cette conférence puisse se tenir au sein de son établissement.

Ce Collectif tenta d'obtenir un revirement de la décision du Président par le Tribunal Administratif de Montreuil qui, le 24 février 2012, débouta ce Collectif et jugea que le Président de l'Université Paris VIII avait eu légalement raison.

Pendant le mois de Juillet 2010, l'organisation CAPJPO-EUROPALESTINE a organisé un BDS TOUR des plages pour tenter de mobiliser le public au boycott, en organisant des activités festives (concerts de rue, dégustation d'huile d'olive palestinienne, vente de t-shirts et de keffieh) et des actions de boycott dans les supermarchés. Cette initiative n'a pas été appréciée par d'autres organisations concurrentes comme l'AFPS, qui s'en est désolidarisée et l'a même menacé de la traîner en justice ! On peut dire que le BDS TOUR a été un échec car il n'y avait qu'une trentaine d'activistes à chaque fois et seulement une cinquantaine de personnes qui les regardaient ou les écoutaient.