Tribune
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Publié le 15 Mai 2009

Un proche de Dieudonné. Qui est Cyrille Rey-Coquais ?

Un journaliste de Libération a assisté le jeudi 7 mai 2009 à la présentation de la liste pour les élections européennes du 7 juin pour l’Ile-de-France de Dieudonné. Dans un article publié le 9, il raconte ce qu’il a vu lors de cette présentation. Les candidats sont installés aux côtés du maître des lieux : « Aussitôt, un autre candidat, Cyrille Rey-Coquais, cinéaste se présentant comme «nationaliste et catholique», corrige le tir: «Justement, un des pièges du sionisme, c'est de toujours vouloir entretenir une confusion dans ce type d'artifice. Faut pas aller chercher la petite bête», explique-t-il pour mieux dénoncer un soi-disant complot, dont la presse, malmenée lors de cette présentation de la liste, serait complice. »

Qui est donc ce Cyrille Ray-Coquais ?

Fils d’une famille de la bourgeoisie lyonnaise et de la noblesse forézienne, Cyrille Rey-Coquais est né en octobre 1963. Son père, un ancien jésuite, est un épigraphiste spécialiste du Proche-Orient, successivement professeur aux Universités de Princeton, Beyrouth, Harvard et Bourgogne. Cyrille Rey-Coquais est journaliste, il est également acteur et scénariste.

Réalisateur ? Dans le blog dénommé http://rey-coquais.blogs.allocine.fr, il est présenté (ou se présente lui-lui-même) comme « un auteur réalisateur extraordinaire » (sic). Ce Lyonnais s'est également fait connaître « dans le monde entier sous le nom de Ciri Koko. Il est également acteur et écrivain (Die Blaue Stunde, Family Tape), mais semble ne plus être sollicité depuis ses sympathies politiques suspectes (en Egypte, en Allemagne et en France)...» De quelles « sympathies politiques suspectes » est-il donc question dans cette présentation pour le moins pompeuse ?

Collaborateur du site d’extrême-droite Voxnr.com, il accorde en décembre 2006 un très long entretien (que l’on trouve également sur le site pro-Dieudonné de La banlieue s’exprime, le 10 décembre 2006). Il y raconte son cheminement idéologique et il dit avoir été attiré petit à petit (véritablement fasciné ?) par le FN, parce qu’il estime que « le nouvel ordre mondial établi après la guerre de 1945 étouffe sous le poids de ses mensonges et qu’il est condamné ». « L’Europe de Bruxelles, à force de mentir pour nous vendre des appâts indus, restera la première sur les bas-côtés de l’histoire, faute de clients comme une vieille pute surliftée », écrit-il violemment. De plus, il dit être convaincu –comme tout « bon » lepéniste qui se respecte- que la France est en pleine décadence. Il va jusqu’à affirmer « qu’une entreprise de démolition est à l’œuvre : diviser les Français pour en faire des esclaves », écrit-il, avant de s’exclamer : « Faire disparaître ces crétins de Français, le système en rêve. »
Il raconte ensuite qu’il est persuadé que « le moment de Jean-Marie Le Pen est arrivé ». « C’est le seul en France à vouloir et pouvoir supprimer les frontières entre les gens, mais à les rétablir nationalement, notamment culturellement, linguistiquement, autour d’eux. Le programme du FN met une interdépendance en place : l’assimilation complète et volontaire à l’intérieur pour une protection sacrée du Français, voire du Francophone, vis à vis de l’extérieur.»
Bref, la prose de Cyrille Rey-Coquais est somme toute classique, il utilise à satiété le thème porteur de la décadence et celui tout aussi classique (à l’extrême droite), du renouveau prétendument « patriotique ».

Candidat du FN en 2008

Lors des élections municipales des 9 et 16 mars 2008, Cyrille Ray-Coquais est tête de liste du Pole des Tricolores (Front national) dans le 1er arrondissement de Paris. Il obtient un piteux 2,48% des suffrages (152 voix). Lors de la campagne électorale, Cyrille Rey-Coquais publie le 6 février 2008 un communiqué. Dans ce texte virulent, il invite à sa manière les électeurs à voter pour le Front national : « Patriote, garde-toi à gauche ! Patriote, garde-toi à droite !» Au diable les désillusions, les déceptions, voire les amertumes qui nous divisent, nous abrutissent et font le jeu de nos ennemis mondialistes et eurocrates de tous poils. Le Front national représente aujourd’hui et plus que jamais la seule véritable force d’opposition. Il est encore temps de rejoindre les listes de rassemblement et d’espoir national. Sous l’impulsion de Martial Bild, directeur de la campagne des municipales et candidat à la mairie de Paris, nous menons avec peu de moyens un combat qui a besoin de l’énergie des Français refusant le diktat de ces minorités qui s’engraissent sur le dos de tous. Si la France n’était que cette addition d’égoïsmes auxquels «nos» élus et gouvernants prêtent chaque jour davantage allégeance, il y a belle lurette qu’elle aurait disparu… Mais nous sommes là, nous bougeons encore : les Français ne sont pas des zombies. Alors, résistons ! Convergeons vers le bien commun et l’intérêt général de notre pays. »

Le 21 février 2008, le même Ray-Coquais témoigne de son admiration pour Martial Bild (candidat FN à la mairie de Paris) et pour Alain Soral (ex communiste), dans un texte qu’il publie dans Paris libéré. Pôle des Tricolores : « Depuis bien longtemps, j’apprécie l’analyse sociologique de Soral (1), ce langage d’explorateur qui avance en terrain pourri. Son cheminement intellectuel s’avère très utile au mouvement national et à son désenclavement. Son écriture, son style, s’il prenait véritablement le temps de les travailler, pourrait nous emmener encore un peu plus loin… Ce que j’en pense en deux lignes : Soral est un catholique savoyard qui a lancé son « Marx voterait Le Pen» pour la bonne cause, boutade pour achalander, quoi… Au diable son côté bateleur ! Il est religieux, mystique, très certainement, mais ne se donne pas encore totalement à cette voie naturelle. Il n’est pas gagné, mais certainement pas perdu. »

Cyrille Rey-Coquais, Dieudonné et Kemi Seba

C’est également dans l’entretien qu’il a accordé en décembre 2006 à Voxnr.com, qu’il exprime semble-t-il si ouvertement son intérêt croissant pour Dieudonné : « Je crois que des artistes comme Dieudonné touchent du doigt cette idée que l’universel, à l’opposé du mondialisme qui est une formidable machine à broyer les individus, passe forcément par le rétablissement de protections naturelles, d’une identité spirituelle et territoriale : bref, par la nation. Et, je suis certain que les Français blancs, comme moi, se fichent de savoir si leurs concitoyens animés par l’amour de la patrie, sont noirs ou rouges… » Ce cheminement est relativement intéressant et cette citation explique pourquoi et en quoi Dieudonné fascinera tant ultérieurement un certain nombre de militants frontistes.

Après les élections municipales, dans Paris libéré - Pôle des Tricolores toujours, Cyrille Rey-Coquais publie (27 août 2008) un autre article : « Kemi Seba : un camarade pour la rentrée ? ». Dans cet article, il conclut : « Après avoir consulté mon camarade Jacques Viviès, je demande à tous nos amis et frères de combat contre le mondialisme, de prêter main forte au MDI (Mouvement des Damnés de l’Impérialisme) de Kemi Seba. Kemi est un honnête homme, charismatique. Il a appris avec beaucoup de clairvoyance à se dégager de ses tics verbaux et ethnico-folkloriques. Tous nos camarades nationalistes devraient, dès maintenant, être à l’écoute du MDI, dans les instances du Front, mais aussi à l’extérieur. Leur combat est le nôtre. »

Cyrille Rey-Coquais se retrouve aujourd’hui sur la liste du pseudo-humoriste Dieudonné, comme d’autres déçus du FN ou/et transfuges du FN (Alain Soral, notamment.). Doit-on s’en étonner ?

Marc Knobel


Note :

Lorsque l’on parle d’Alain Soral, il faut systématiquement rappeler son engagement politique. Pour mémoire, voilà ce qu’Alain Soral écrivait le 29 avril 2008 : « Monsieur Le Pen a tort, la chambre à gaz n'est pas un détail. Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c'est même aujourd'hui, plus qu'hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l'époque contemporaine. Dans l'ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du christ. Pourtant, ou justement pour ça, au nom du droit à la libre pensée face à ceux qui croient et veulent nous obliger à croire, je réclame le droit, pour Jean-Marie Le Pen, de considérer la chambre à gaz comme « un point de détail de la seconde guerre mondiale », comme tant d'autres se donnent le droit de chier sur la croix. Que ce soit celle d'hier ou d'aujourd'hui, le citoyen libre se doit de lutter contre toutes les inquisitions et leurs cortèges sanglants de bûchers et d'abjurations. Nous, européens, n'avons pas mis trois siècles à nous émanciper du pouvoir temporel du Pape pour en arriver là ! Aujourd'hui, dans ce climat de judéomanie délirante - une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l'esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l'amour des hommes - plus les souffrances de la guerre s'éloignent, plus c'est la seconde guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz ! 50 millions de morts, russes, communistes, polonais, anglais, américains, civils, résistants, japonais et mêmes allemands et, parmi eux, 500 mille morts Français, ce n'est presque plus rien face à la chambre à gaz, ou aux 28 mille enfants juifs que certains voudraient faire assumer pour l'éternité aux écoliers de France innocents… »




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