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« Toucher à un Juif, c’est contraire aux principes de l’Islam » a dit le secrétaire général de la fédération musulmane, Fouad Alaoui après la rencontre qui s’est tenue entre des représentants de l’UOIF et du CRIF, le jeudi 9 septembre 2004. M Alaoui a réitéré sa « condamnation totale » de l’antisémitisme et L’UOIF s’est engagée à réagir si l’un de ses membres prononçait un discours ou un prêche antisémite (La Croix.com, 13 septembre 2004). Cependant, M. Alaoui s’est dit également « très inquiet de la montée du racisme et de l’islamophobie. » « J’ai demandé au CRIF de ne pas pointer l’index à chaque acte antisémite comme étant d’origine musulmane » explique-t-il. « Les Musulmans de France n’ont aucune réticence face aux Juifs de France (…) nos religions n’ont pas été crées par Dieu pour qu’il y ait des troubles sociaux », conclut-il (Nouvelobs.com du 10 septembre 2004). « L’UOIF a fait preuve de maturité », répond en écho Bernard Kanovitch, président de la commission des relations avec les musulmans, qui ajoute aussitôt : « Un dialogue est ébauché. Nous avons exprimé les inquiétudes de la communauté juive face à la montée des violences et de l’intolérance. Nous avons demandé à l’UOIF de veiller à l’enseignement des imams dans les mosquées (La Croix, 10 septembre 2004) »
Le dialogue qui s’est engagé entre le CRIF et l’UOIF a suscité de nombreuses et diverses réactions et de nombreuses personnes ont exprimé leur incompréhension. Haim Musicant, directeur général du CRIF, leur répond : « La problématique pour nous, c’est de vivre ensemble sous le toit de la maison France » explique t-il. « Nous n’avons pas de comptes à régler, la seule chose à laquelle il faut tordre le cou dans ce pays, c’est l’antisémitisme, le racisme antimusulman et toutes les formes de xénophobie » (L’Express.fr du 10 septembre 2004). Néanmoins, insiste Haïm Musicant, « nous ne voulons surtout pas que cela apparaisse comme une confrontation entre deux communautés, juive et musulmane. Ce dialogue doit se situer dans un espace commun, qui est celui de la République française laïque. » L’ancien président du B’nai B’rith, Yves Kamami pense « la réunion pouvait avoir des effets positifs. En tout cas, M. Alaoui a prononcé des mots forts, affirmant sa volonté de paix civile et de ne pas importer le conflit israélo-palestinien. » Puis il livrait, peut-être, la clé du succès, estime Le Monde (11 septembre 2004) : « Le but était d’éviter de parler de ce conflit. Il fallait discuter de ce qui nous rapproche et pas de ce qui nous divise. »
A lire également le point de vue d’Alain Rachjman sur le site Internet de Désinfos.com (10 septembre 2004) :
« Ce n'était pas évident, mais un premier pas a été fait. On peut donc saluer le courage politique du Président du CRIF qui a pris la responsabilité de tenir cette rencontre à risque. Il a été aidé par un proche du Recteur de la Mosquée de Paris, Bernard Kanovitch, qui œuvre depuis longtemps pour le rapprochement entre juifs et musulmans. Dans un contexte extérieur et intérieur difficile, il faut se féliciter de leur détermination à tenter de lancer des ponts vers la communauté musulmane, y compris de son l'aile la plus radicale.
Toute tentative de dialogue est bonne à saisir. Bien sûr l'essentiel de l'entretien a été un dialogue de sourds. Bien sûr que Fouad Alaoui a démenti tout lien avec la mouvance des Frères Musulmans. Bien sûr qu'il ne s'est pas non plus découvert partisan de l'existence d'Israël à l'issue de ce premier face à face. Tout de même, un pas a été franchi et il est porteur d'une faible lueur d'espoir.
Le danger serait de verser dans un optimisme béat, mais qui ne ressort pas des déclarations de Bernard Kanovitch qui a su donner un ton posé et réfléchi à cet échange de vue. Des choses importantes ont été dites de part et d'autre. Même si elles ne sont pas encore entendues, ces paroles ont été formulées et prononcées. Les responsables du CRIF ont été courtois, mais fermes. L’UOIF a été placée devant ses responsabilités vis-à-vis des agissements de certains des membres de la communauté musulmane de France. Des paroles ont été échangées. Maintenant, des actes sont attendus.
Sans illusion aucune, il faut se dresser contre les critiques formulées ici et là. Au cours de son premier mandat, Roger Cukierman avait été conspué pour la fermeté de ses propos. En se plaçant au-dessus de la mêlée, en parlant clair, il donne à la communauté juive une dimension politique responsable. Son ouverture et son cran seront nécessaires pour continuer à traverser la période tendue qu'affronte la communauté juive depuis plusieurs années. »
A suivre donc.
Et si nous parlions de cette initiative angevine qui permet à des Juifs, des Catholiques, des Protestants et des Musulmans de se rencontrer ?
A l'heure où les religions sont l'objet ou le prétexte de tant d'affrontements, de guerre et de malheurs, une expérience angevine ressemble à un havre de paix. Créé voici trois ans, le Cerdi permet à des Juifs, des Catholiques, des Protestants et des Musulmans de se rencontrer. Il vient d'ouvrir un local pour mieux iriser dans la ville un climat de dialogue et de tolérance.
« Vous avez devant vous un protestant, montre Louis-Michel Rénier, un juif, un musulman et moi je suis catholique. Et on s'entend bien en plus ! » Au Cerdi, le Centre de rencontres et dialogues interreligieux, la paix règne entre les fidèles des quatre religions monothéistes. En particulier les responsables du centre : Mino Randriamanatena, le pasteur, Pierre Lazarus, membre de l'association cultuelle israélite, Louis-Michel Rénier, prêtre, vice-doyen de la faculté de théologie de la Catho et Anis Limami, musulman, représentant les trois associations musulmanes d'Angers.
L'expérience a commencé voici plus de trois ans ; timidement, à l'initiative individuelle de quelques membres des quatre religions. « C'est la première fois, confie Pierre Lazarus, que j'ai eu l'occasion de rencontrer et dialoguer avec des musulmans » Aujourd'hui encore, c'est un langage différent que l'on entend au Cerdi. Le pasteur parle de ce qui est commun à toutes les religions : le service de l'humain, l'importance de l'autre. « Nous avons besoin les uns des autres, dit-il, pour nous engager ensemble envers une vérité qu'on ne cesse de chercher et qui n'est pas notre propriété. » Anis Limani dénonce « les minorités qui, au sein de chaque religion, essayent de les détourner à d'autres fins. » Il condamne « de la manière la plus ferme toute profanation et toute atteinte à une personne au nom de sa religion ». Louis-Marie Renier dit « non aux prises d'otages, en particulier celle des journalistes français et des deux Italiennes. » Anis Limani demande de penser également « au peuple irakien qui souffre et qui compte ses victimes ». Bien sûr, le Cerdi est un îlot composé de quelques personnes au sein d'une agglomération de 250 000 habitants. Mais il veut irriguer la ville, y insuffler un esprit de dialogue et de tolérance. Plusieurs fois par an, il organise des conférences sur les religions ainsi que des « café-théo ». Deux cents personnes environ participent à chacune de ces rencontres (Ouest France, 9 septembre 2004).
Et si nous parlions de ces trois lions nés en Israël et qui ont été offerts par des israéliens à un parc zoologique en Cisjordanie ?
S'il concerne des animaux et non des hommes, le geste est suffisamment rare pour être signalé et susciter l'espoir: trois lions nés en Israël viennent d'être offerts à un parc zoologique palestinien de Cisjordanie. Ils n'ont pour cela parcouru qu'une trentaine de kilomètres mais traversé ce qui alimente la haine dans la région, le mur de sécurité israélien.
Nabuko, Grass et Gvir ont quitté dimanche le "Safari Park" de Ramat Gan, dans la périphérie de Tel Aviv, pour gagner le zoo de Kalkiliya. Un haut mur de béton sépare cette ville de Cisjordanie de l'Etat hébreu. Il a été érigé pour protéger une autoroute israélienne d'éventuelles actions terroristes palestiniennes.
Les trois lions mâles étaient accompagnés d'un bouquetin du désert et de deux zèbres qui doivent remplacer des animaux morts après avoir inhalé des gaz lacrymogènes lors d'une manifestation violente près du zoo.
Deux jours avant que le deuxième soulèvement palestinien n'éclate en septembre 2000, des vétérinaires israélien et palestinien avaient conclu un accord pour ce transfert d'animaux. Quatre ans plus tard, dimanche, ils ont pu y procéder.
« Nous avions tout annulé à cause de l'Intifada », a expliqué Sami Khader, vétérinaire au zoo de Kalkiliya. « Mais nos relations n'ont jamais cessé et nous pensons qu'elles ne cesseront jamais. »
Ni lui ni son homologue israélien, Motke Levison, ne s'imaginent influencer les hommes politiques et les groupes terroristes pour qu'ils mettent fin au conflit. Les vétérinaires entendent simplement permettre aux enfants de Cisjordanie d'oublier un peu les violences quotidiennes.
« Nous n'atteindront pas une situation de normalisation sans ce type de choses », estime Motke Levison, 65 ans, qui a lié des relations avec des vétérinaires palestiniens il y a 18 ans. "J'y apporterai ma contribution comme je pense qu'il convient de le faire."
Lorsque le camion est arrivé à Kalkiliya, des dizaines d'écoliers l'ont accueilli sous les hourras. « Je suis sorti de l'école pour voir les nouveaux animaux", a confié Omar Ahmad, 12 ans. « Je suis très content de voir de nouveaux animaux. »
Même durant les affrontements les plus intenses de ces quatre ans d'Intifada, Motke Levison et Sami Khader se parlaient presque quotidiennement au téléphone… (Associated Press, 6 septembre 2004).
Et si nous parlions de ces athlètes iraniens qui avaient refusé de se mesurer aux athlètes israéliens et qui devraient recevoir la somme rondelette de 125 000 dollars ?
Les athlètes iraniens qui avaient refusé de se mesurer aux athlètes israéliens lors des Jeux olympiques d'Athènes viennent de recevoir la somme rondelette de 125 000 $ US.
Arash Miresmaeili, le champion iranien de judo vient de recevoir cette somme, accordée par les officiels iraniens. Pourquoi? Mais parce que l'extraordinaire sportif a sacrifié sa médaille d'or à une cause bien plus noble! C’est ce que rapporte l’agence Reuters (9 septembre 2004).
Et si nous parlions des premières poursuites judiciaires engagées contre des propos antisémites en Turquie ?
La justice turque a engagé des poursuites, pour la première fois dans l’histoire du pays, contre un jeune homme accusé d’avoir tenu des propos antisémites et contre deux journalistes les ayant rapportés. Nurullah Kuncak, 17 ans est poursuivi pour avoir déclaré au journal Milliyet (septembre 2004) que les attentats contre les deux synagogues n’avaient pas suscités « de grande réactions à la maison, parce qu’ils visaient des juifs »
Et si nous parlions de la campagne parisienne contre l’antisémitisme, le racisme et les discriminations ?
Depuis une semaine, une campagne contre l'antisémitisme, le racisme et les discriminations a été lancée sur 1.200 panneaux d'affichage municipaux et dans la presse nationale ou parisienne « Paris dit non à l’antisémitisme, au racisme, à toutes les discriminations. » A cette campagne s'ajoute un renforcement de la surveillance des lieux fréquentés par la communauté juive. La campagne contre l'antisémitisme, le racisme et les discriminations, annoncée le 23 août, a commencé mercredi 1er septembre sur 1.200 panneaux d'affichage municipaux et dans la presse nationale ou parisienne. « Seule la mobilisation de chacun (...), quels que soient son âge, ses origines ou ses convictions spirituelles, peut contribuer à faire vivre les valeurs qui fondent notre vie démocratique et que Paris a célébrées avec ferveur à l'occasion du 60ème anniversaire de sa libération : solidarité et respect de chaque identité », a déclaré le maire, Bertrand Delanoë, dans un communiqué le 31 août dernier. Dans le contexte particulièrement grave que nous connaissons, la défense et la réaffirmation de ces idéaux demeure plus que jamais indispensable », a encore souligné Bertrand Delanoë (Le nouvelobs.com 13 septembre 2004).
Et si nous parlions du festival d’Essaouira au Maroc ?
En totale cohérence avec la culture et la tradition souiries, la 2e édition du festival des Andalousies atlantiques « est placée sous le signe du partage, de la rencontre et du métissage des musiques », a déclaré le conseiller du Roi du Maroc André Azoulay, président de l'Association Essaouira-Mogador. Intervenant à l'occasion d'un point de presse consacré à la présentation du programme de ce Festival qui se déroulera à Essaouira du 30 septembre au 2 octobre 2004, M. Azoulay a mis en relief « tous les espoirs et toutes les ambitions qui accompagnent ce Festival pas comme les autres ». « Par la musique, le chant, la danse, la peinture et les colloques, nous voulons ranimer et retrouver les pages les plus fortes et les moments les plus exaltants de la période andalouse dont les messages et les enseignements nous sont aujourd'hui plus nécessaires que jamais », a souligné M. Azoulay.
De la musique andalouse dans son répertoire marocain au flamenco, en passant par le Malhoun, le judéo-arabe, la Salsa et tous les sons des Caraïbes, le Festival des Andalousies s’efforcera de bâtir une programmation éclectique et dense qui reflète les multiples facettes du patrimoine andalou dans ses voyages dans le temps et dans l'espace. Le Festival des andalousies atlantiques a par ailleurs décidé de rendre un hommage posthume appuyé à la mémoire du grand érudit et historien marocain Haïm Zafrani, décédé le 31 mars dernier.
« Rendre hommage à Haïm Zafrani c'est rendre hommage au fils d'Essaouira et au Juif marocain, qui a assumé son identité riche et plurielle dans toute sa plénitude », a souligné mardi l'écrivain marocain Edmond Amran El Maleh, qui présidera un colloque sur la vie et l'oeuvre de Zafrani, le 1er octobre prochain. « Haïm est le symbole même du juif marocain » qui, en sauvant le patrimoine juif de la déperdition, a sauvé du même coup « une composante essentielle de la culture marocaine » et administré la « preuve irréfutable de la communion de destin entre le judaïsme et l'Islam » dans l'occident musulman, a ajouté M. El Maleh, lors d'un point de presse consacré à la présentation du programme du festival des andalousies atlantiques (Le Matin (Maroc), 9 septembre 2004).
Et si nous parlions du dialogue « avec nos frères juifs et musulmans » ?
A noter le propos de Joël Thoraval, président du Secours catholique/ Caritas France pour la revue Croire: « Le dialogue politique entre responsables d'États est apparemment rompu entre Israéliens et Palestiniens. Mais, parmi les hommes de bonne volonté, dans les deux communautés, le dialogue existe encore et n'a jamais cessé. En allant en Terre sainte en décembre 2001, le conseil d'administration du Secours catholique a apporté sa contribution en organisant des échanges entre personnalités responsables dans un esprit de paix et de réconciliation. Ce dialogue est d'autant plus fécond qu'il part de la base, qu'il est ouvert entre des acteurs locaux de la solidarité qui sont le mieux à même de mesurer l'étendue des ravages humains résultant de ce qu'il faut bien appeler une guerre. Ces acteurs de proximité, nous en avons rencontré et leur courage et leur lucidité nous ont impressionnés. Mais ce dialogue, il faut aussi l'entretenir, le développer, ici en France, avec nos frères juifs et musulmans. Terre historique des droits de l'homme, la France et les Français doivent oeuvrer sans relâche pour faire entendre la voix de la justice. À partir de cette évidence et de cette nécessité, le Secours catholique, au retour de sa mission en Israël et dans les Territoires autonomes palestiniens, a saisi solennellement les plus hautes autorités politiques françaises pour qu'elles invitent l'Europe unie à engager le dialogue avec les deux communautés dans un ensemble international. Une telle démarche demande que chacune des deux parties reconnaisse l'autre comme responsable à part entière. Cela demande du temps. Raison de plus pour agir tout de suite » Croire.com (26 août 2004).
Marc Knobel