Mais comment peut-on interpréter l’acte de guerre qui a été perpétré par le Hezbollah ? Le Hezbollah agit-il de sa propre initiative ou bien est-il commandité par l’Iran et la Syrie ? Dans son éditorial du 13 juillet 2006, le quotidien libanais Al-Mustaqbal -qui est bien informé- donne cette réponse : « L'Iran, (actuellement) engagé dans des négociations difficiles avec l'Occident, et en particulier avec Washington, sur son dossier nucléaire, peut se servir de cette opération comme d'un de ces « messages » transmis quotidiennement à l'Occident, et en particulier à Washington – pour faire comprendre qu'il tient la région par les veines et la contrôle de force. La Syrie (…) peut aussi se servir de cette opération (…) pour exercer des pressions sur Washington afin de lui faire faire des concessions au sujet du (problème) libanais, et en particulier de l'enquête sur le meurtre de l'ancien Premier ministre (libanais) Rafiq Al-Hariri » De nombreuses sources et de récentes déclarations permettent de conforter pleinement cette thèse. Je citerai donc quelques exemples qui sont tout à fait symptomatiques. Le 4 mai 2006, le cheikh Subhi Al-Tufeili, fondateur et ancien secrétaire général du Hezbollah (libanais), avait déclaré sur la chaîne de télévision Al-Arabiya : « Le Hezbollah est engagé par la politique iranienne (…) J'ai déjà dit que les chiites au Liban servent de « terrain de jeu » à l'Iran (…) Le Hezbollah encourage les relations avec les Syriens, mais il est en vérité dirigé par la jurisprudence, c'est-à-dire par le Guide suprême iranien Ali Khamenei. » Par ailleurs, le 11 mai, l’hebdomadaire saoudien diffusé à Londres, Al-Sharq Al-Awsat, rapportait les propos d’un haut responsable iranien qui a tenu une réunion en comité restreint avec un petit groupe de diplomates occidentaux à Londres. Ce haut responsable iranien a souligné l'importance du Hezbollah pour l'Iran : « Le Hezbollah est l'un des piliers de notre stratégie sécuritaire, et représente la première ligne de défense iranienne contre Israël. Nous refusons (l'idée) selon laquelle il doit être désarmé. »
Finalement et en plusieurs jours, plus de 1500 roquettes de tous calibres se sont abattues sur les villes du nord de l'Etat hébreu en forçant un million et demi d'Israéliens à dormir dans les miklatim (abris). Il est vrai que le Hezbollah dispose d’un arsenal conséquent d’armes syriennes et iraniennes : près de 12.000 roquettes et missiles. Certains, comme les Shahine et Zelzal iraniens, peuvent couvrir jusqu'à 145 et 200 kilomètres, mettant Tel-Aviv dans la ligne de mire du Hezbollah. Le 14 juillet, le Hezbollah a également tiré un C-802, de 110 kilomètres de portée, mis au point par l'Iran à partir d'une technologie chinoise. Ce C-802 a atteint un destroyer israélien, au large de Beyrouth.
Lors du sommet du G8, Jacques Chirac a souligné avec justesse qu’il est « indispensable d'appliquer la résolution 1559 » du Conseil de sécurité de l'Onu, qui appelle notamment au désarmement de la milice chiite pro-iranienne du Hezbollah. Et, pour cela, « il faut arrêter toutes les forces qui mettent en cause, qui mettent en danger la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban » a ajouté le président de la République. Cela implique « le désarmement de toutes les milices » libanaises et la restauration de « l'autorité du gouvernement démocratique libanais sur l'ensemble de son territoire (...) dans les délais les plus brefs », a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. Le président français a également mis en garde « ceux qui sont tenté de soutenir les forces de déstabilisation » au Liban sur « les risques qu'ils prennent ».
En tout cas, ce nouveau conflit révèle au grand jour les manigances ourdies par deux pays (l’Iran et la Syrie). En Iran, la dictature sanglante des mollahs et le régime despotique de Bachar el-Assad veulent déstabiliser toute la région. Le Hamas et le Hezbollah sont les satellites des Iraniens et des Syriens. Pour pouvoir asseoir sa soif de puissance, détenir l’arme nucléaire et importer la révolution islamiste, l’Iran allume les braises et joue avec le feu. Dans une rhétorique guerrière et vengeresse, L’Iran prône la destruction de l’Etat d’Israël. Quant à la Syrie, vexée de ne plus asservir son vassal libanais, elle rêverait que le Hezbollah entraîne le Liban dans un abîme sans nom. Ces deux pays et leurs satellites menacent gravement la stabilité de la région.
Marc Knobel