Tribune
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Publié le 13 Juillet 2006

Commentaire sur le sondage IFOP publié dans Le Figaro, sur le « vote juif » du 19 juin 2006

1) L’échantillon de juifs dont il est question n’est pas un échantillon représentatif des juifs au sens strict du terme mais un échantillon de juifs extrait d’un échantillon national représentatif de la population française.


2) Il repose sur un cumul d’enquêtes de janvier 2004 à février 2006, d’où sont extraits les 435 interviewés se déclarant de religion juive. Une telle période est particulièrement longue : en 2 ans, il peut y avoir des évolutions, notamment dans les attitudes politiques ; or, sont ainsi mis sur le même rang l’opinion de juifs qui ont répondu en 2004 et de juifs qui ont répondu en 2006. Ce n’est pas très rigoureux pour porter ensuite un diagnostic visant à indiquer le tropisme politique des juifs aujourd’hui !…
3) L’analyse repose sur l’écart entre les réponses de l’ensemble de l’échantillon et les réponses des juifs. Ce principe n’est aucunement critiquable en soi et la méthode par écart est légitime. En revanche, on ne voit pas pourquoi l’extrême gauche est agrégée au « total gauche » alors que le FN ne l’est pas s’agissant du « total droite ». C’est un point important dans la mesure où les juifs étant moins proches du FN que l’ensemble des Français, l’écart de 10 points constaté par l’IFOP (39,3 versus 29,1) est en réalité bien moindre si l’on agrège l’extrême droite à la droite (44,2 versus 39,2). Le commentaire devient alors un tant soit peu différent…
- Le commentaire qui est fait de ce cumul concerne une prétendue évolution du vote juif et ses raisons. D’une part, les données dont il est fait état ne permettent pas une analyse en évolution ; d’autre part, les raisons d’une « évolution du vote juif » sont totalement tirées de l’opinion personnelle du commentateur et aucunement de réponses à des questions – qui n’ont pas été posées. Ce ne sont donc que des hypothèses. Eventuellement pertinentes. Eventuellement pas pertinentes. Discutables en tous cas.
- Enfin et surtout, une question de sympathie partisane n’est aucunement un indicateur de vote. L’IFOP parle de « l’électorat juif » alors même que la proximité à un parti politique n’est pas réductible au vote. Il y a évidemment une corrélation mais qui est justement de moins en moins pertinente. Cette absence de rigueur dans le maniement des indicateurs est maladroite quand elle réactive le trop fameux concept du « vote juif ».
Le CRIF