Tribune
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Publié le 16 Septembre 2008

Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies commente l'actualité

Nous reproduisons ci-après quelques extraits de la conférence de presse de Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies, au siège de l’ONU, le 11 septembre 2008. Cette sélection porte plus précisément sur les points suivants : l’établissement de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban; la création de « deux Etats, un Etat palestinien et Israël, vivant côte à côte »; la contrebande d’armes au Liban et le rôle de la FINUL, au sud Liban; les pourparlers indirects entre Israël et la Syrie; l’anniversaire des attentats qui ont eu lieu dans le nord-est des États-Unis le mardi 11 septembre 2001 ; le terrorisme international, notamment au Liban ; le tribunal qui devrait juger les auteurs de l’attentat perpétré contre Rafiq Hariri, Premier ministre libanais, mort assassiné le 14 février 2005 à Beyrouth et la crise qui secoue actuellement le Pakistan.


Marc Knobel
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[NDLR : l'interview est une interprétation de l’anglais]
Le Secrétaire général : En ce qui concerne le Liban, je suis encouragé par les efforts du Président [Michel] Suleiman visant à établir un dialogue ouvert à tous au plan national et à rétablir des relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie, mais en même temps, je condamne l’attaque commise hier contre un véhicule et je demande à tous de faire preuve de retenue. Il s’agit d’une situation très frustrante lorsque l’on voit de telles explosions, de tels attentats. Cette violence ne fait que montrer à quel point le dialogue est important et à quel point la réconciliation doit avancer.
La vice-Secrétaire générale, [Mme Asha-Rose] Migiro est arrivée au Liban. Sa mission portera principalement sur le développement économique, mais il y aura également une réunion avec le Président Suleiman et le Premier Ministre [Fouad] Siniora, ainsi qu’avec le président du Parlement, M. [Nabih] Berri. Nous avons appuyé fermement le processus d’Annapolis et ses objectifs très ambitieux d’une paix globale d’ici à la fin de 2008, une paix qui envisagera la réalité de deux États, un État palestinien et Israël vivant côte à côte.
(…) Nous devons poursuivre nos efforts. Les dirigeants de la Palestine et d’Israël se sont réunis régulièrement, c’est une situation tout à fait encourageante. J’espère qu’ils vont continuer à le faire, quoi qu’il arrive à la direction d’Israël. Si nous ne voyons pas d’accords concrets d’ici à la fin du mois de décembre, dans ce cas, j’espère vraiment que la prochaine administration des États-Unis reprendra le flambeau et poursuivra ce processus. Pour l’instant, je souhaite sincèrement que ce processus se poursuive et que nous essayions d’obtenir autant que possible dans le cadre de ce processus, en nous fondant sur les progrès déjà réalisés.
(…)
Question : Ma question porte sur le Liban. Vous vous êtes dit favorable au dialogue. Vous avez également dit que vous étiez un peu déçu par ce que vous voyez au Liban en ce moment même. En juillet, vous avez envoyé une équipe d’enquêteurs dont le rapport a été publié il y a deux jours. C’est un rapport officiel. Les recommandations faites dans le rapport n’allaient pas suffisamment loin. Êtes-vous préoccupé par la contrebande d’armes au Liban, à la lumière de la déclaration officielle du dirigeant israélien, M. Olmert, qui a lancé des avertissements très forts contre le Liban? Qui a remplacé M. Verbeke qui était le représentant au Liban?
Le Secrétaire général : Du fait de quelques circonstances imprévues dont je ne parlerai pas publiquement, j’ai décidé, en étroite coordination avec le Conseil de sécurité, de nommer un représentant spécial de la Géorgie. C'est M. Verbeke qui a été nommé à cette fonction. Il est en train de discuter de sa transition avec le représentant spécial actuellement en place. En ce qui concerne le Liban, la contrebande illégale d’armes vers ce pays est en effet une source de grave préoccupation. Nous avons essayé d’appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité et la FINUL a très étroitement coordonné ses efforts avec les forces armées libanaises. Il est encourageant de constater que les gouvernements libanais et syrien ont accepté de parler de la question de la démarcation de la frontière, de sa sécurité, y compris le problème du transfert illégal d’armes. Chaque fois que j’ai rencontré le Président Assad de la Syrie, j’ai soulevé cette question. Je l’ai instamment prié de renforcer le contrôle de la frontière; c’est un engagement qui se poursuit. C’est un effort constant de la part de l’ONU. Nous continuerons à les exhorter d’accélérer ce processus.
Vous savez sans doute qu’il y a eu des pourparlers indirects entre Israël et la Syrie avec l’aide du gouvernement turc. J’espère que ces négociations se poursuivront car cela devrait permettre de réduire les menaces posées à la sécurité du Liban. Nous souhaitons de toute évidence que la paix et la stabilité soient instaurées dans la région. Toutefois, la paix et la stabilité au Liban sont également très importantes. À présent, on constate une évolution positive de la situation entre toutes les parties concernées. Nous continuons à œuvrer dans ce sens. Je suis en contact constant avec les dirigeants; j’en ai d’ailleurs parlé avec le Premier ministre de la Turquie que j’ai encouragé à poursuivre ses efforts et à contribuer à ce processus.
Question : Pensez-vous que le Liban devrait entamer un processus de paix avec Israël?
Le Secrétaire général : Tout processus de paix est bien sûr souhaitable. Puisqu’il y a maintenant un gouvernement d’unité nationale en place, ils ont désormais beaucoup plus de poids et d’unité politique. Je pense en effet que c’est le moment idoine pour qu’ils entament un dialogue.
(…)
Question : Nous commémorons aujourd’hui l’anniversaire du 11 septembre et nous pensons beaucoup aux victimes du terrorisme. Vous avez parlé de l’attentat qui a eu lieu hier au Liban et les populations du Moyen-Orient se demandent quand on va mettre un terme à l’impunité au Liban. Pouvez-vous annoncer quelque chose concernant le tribunal par exemple, va-t-il se produire quelque chose avant la fin de l’année? Et en ce qui concerne le terrorisme, le New York Times a indiqué que le Président Bush avait donné son accord en juillet dernier à la conduite d’une opération spéciale dans le sud du Pakistan, mais le nouveau président pakistanais a indiqué qu’il n’autoriserait pas d’intervention de forces étrangères sur le territoire du Pakistan. Est-il possible de mener une opération sur un territoire étranger sans l’approbation des autorités?
Le Secrétaire général : En ce qui concerne votre deuxième question, je crois que je ne suis pas habilité à réagir. Sur la question du terrorisme, nous en avons parlé longuement lors de ma dernière conférence de presse, le terrorisme ne se justifie en aucun cas. Il faut combattre toutes les formes et toutes les manifestations du terrorisme. L’Organisation des Nations Unies met tout en œuvre pour mobiliser la volonté politique de la communauté internationale. Dernièrement, nous avons assisté à beaucoup d’attentats suicides contre des civils, et cela montre à quel point il est important et prioritaire de protéger les civils.
Question : En ce qui concerne le Liban, y a t il des progrès envisageables au sujet du tribunal par exemple? Et en ce qui concerne le Pakistan, et la déclaration du chef des forces armées, c’est une situation grave qui menace la paix et la sécurité. Vous devriez avoir un avis là-dessus. Je comprends bien que ce sont les États-Unis qui sont concernés au premier chef, mais nous avons besoin d’avoir un avis de votre part.
Le Secrétaire général : Mon greffier a été chargé de continuer ses activités pour poursuivre les préparatifs du tribunal. Une fois que le tribunal aura été officiellement créé et mis en place, il devrait pouvoir commencer à fonctionner immédiatement. Comme je l’ai déjà dit, des fonds suffisants ont été réunis pour assurer la création du tribunal et son fonctionnement pendant 12 mois, et je suis en train de mobiliser des ressources pour deux autres années de fonctionnement. Et je dois m’entretenir de la question avec les dirigeants libanais pour arrêter une date réaliste pour le lancement officiel du tribunal. Mais pour ce qui est de la volonté politique, je peux vous assurer de la mienne. Je souhaite m’abstenir de toute observation sur l’autre question.
Source : www.un.org.
Département de l’Information des Nations Unies.