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Publié le 18 février sur le site du Point
Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) ne défilera pas contre l'antisémitisme aux côtés des autres partis mais rendra un hommage séparé aux victimes des actes antisémites.
Lors de l'acte 14 des "gilets jaunes" ce week-end, le philosophe Alain Finkielkraut a essuyé de violentes injures antisémites à Paris. Une des figures du mouvement social, Ingrid Levavasseur, a quant à elle dû être exfiltrée de la manifestation aux Champs-Elysées face à l'hostilité d'autres "gilets jaunes". Parmi les insultes proférées à son encontre, figurent les mots "sale juive".
"Nous serons intraitables vis-à-vis de ceux qui commettent de tels actes", avait déclaré Emmanuel Macron mercredi en Conseil des ministres, ajoutant que l'antisémitisme était "la négation de la République".
Le chef de l'Etat ne devrait cependant pas faire de nouvelle annonce devant le Crif, selon son entourage. Lors du dîner du Crif l'an dernier, il avait annoncé une lutte renforcée contre la haine raciste et antisémite sur internet, avec une loi pour "contraindre les opérateurs à retirer dans les meilleurs délais" les contenus haineux.
Un projet de loi, couplé à une mobilisation générale au sein du G7 et au niveau européen, devrait être présenté avant l'été 2019, a assuré jeudi le secrétaire d'État au Numérique Mounir Mahjoubi.
"Grande fermeté"
Pour autant, Francis Kalifat, président du Crif, demande "de véritables mesures". Estimant que "toutes les haines ne peuvent pas se traiter de la même façon, il réclame un plan spécifique de lutte contre l'antisémitisme". Celui-ci pourrait comprendre "des sanctions plus fortes", sur le plan pénal, pour les actes ou les discours de haine.
"La société s'est habituée à une forme de bruit de fond". "Il faut maintenant annoncer des actes", affirme le grand rabbin Haïm Korsia, qui réclame "une grande fermeté sur l'application des lois existantes". Selon lui, "le président en a parfaitement conscience" et le plan annoncé en 2018 "montre une volonté claire du gouvernement" de se mobiliser sur le sujet.
Ariel Goldmann (Fonds social juif unifié) attend lui aussi la "déclinaison concrète" de ce plan qui propose notamment de pousser les plateformes à mettre "en quarantaine" ou retirer "en quelques heures" les contenus haineux, et à accélérer les procédures pour identifier leurs auteurs, selon M. Mahjoubi.
En attendant, beaucoup se disent satisfaits de l'appel à des rassemblements mardi à Paris et ailleurs en France.
"C'est la réponse à l'appel au sursaut national que nous avons lancé la semaine dernière", a estimé M. Kalifat, appelant "à ce qu'il ne se limite pas qu'à un rassemblement politique". "C'est un sursaut républicain", a renchéri Haim Korsia, pour qui "la question de l'antisémitisme concerne l'ensemble de la société".
"Ca fait des années qu'on demande que la société civile se saisisse de l'antisémitisme, donc je ne peux qu'être content", a déclaré le président du Consistoire Joël Mergui. "Mais j'aurais aimé qu'on dise aussi "non à l'antisionisme". Car parmi les participants, il y aura "des personnes antisionistes qui se donneront bonne conscience en défilant contre l'antisémitisme".
Quatorze partis, dont le Parti socialiste, La République en marche, Les Républicains, rejoints depuis par LFI, ont invité les Français à se réunir mardi partout en France, notamment place de la République à Paris, pour dire "Non à l'antisémitisme".
Plusieurs autres organisations, comme la Licra, les syndicats étudiants Unef et Fage, les principales obédiences maçonniques, se sont joints à cet appel. Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole des évêques de France a annoncé sa participation à Paris.
Des rassemblements sont prévus ailleurs, comme à Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Montpellier, Rennes, Nantes, Lille...
Emmanuel Macron n'y participera pas, mais l'ancien président François Hollande et le patron des Républicains Laurent Wauquiez, ont annoncé leur venue.