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Publié le 7 mai dans Les Echos
Mark Zuckerberg se sent visiblement bien en France. En tout cas mieux qu'au Royaume-Uni, où Facebook est considéré comme un « gangster du numérique » par les parlementaires locaux et a rechigné plusieurs fois à se faire auditionner sur place.
Le patron du réseau social est attendu ce vendredi à l'Elysée pour rencontrer Emmanuel Macron, un an tout juste après le sommet Tech for Good à Paris au cours duquel il s'était déjà entretenu avec le président français. Objectif de ce nouveau tête à tête : faire le point sur les chantiers présents et futurs à propos de la régulation de la plateforme. Surtout, dresser un premier bilan du projet de collaboration entre la France et le réseau social sur les contenus haineux.
Fin novembre, le président français et celui de Facebook lançaient une initiative inédite visant pour une équipe resserrée de régulateurs français à observer pendant six mois les méthodes de l'entreprise américaine pour lutter contre les propos racistes, homophobes, sexistes ou diffamatoires sur sa plateforme.
Pour Facebook, c'était l'occasion de montrer patte blanche après une année 2018 jonchée de scandales . Pour Paris, se nourrir de l'expérience pour bâtir une régulation « intelligente », mais aussi s'assurer que le réseau social était sincère dans sa lutte contre ces contenus, dans le contexte à venir des élections européennes et d'une prolifération générale des discours agressifs.
Une étude conduite en France par la société de modération Netino By Webhelp relevait début mai que 1 commentaire sur 7 posté sur Facebook au cours du premier trimestre 2019, soit 14,3 % des commentaires, contenait des propos haineux ou agressifs. Un phénomène en hausse par rapport à l'année précédente, où le chiffre était de 10,9 %.
La collaboration entre la France et Facebook, qui a débuté le 1er janvier, doit rendre ses conclusions en fin de semaine. Entre-temps, la majorité a déposé mi-mars une proposition de loi visant à lutter contre la haine sur internet, conduite par la députée LREM Laetitia Avia.
Comme en Allemagne, où une loi similaire est entrée en vigueur début 2018 , cette nouvelle loi donnerait aux réseaux sociaux un délai de 24 heures pour retirer les commentaires racistes, antisémites, xénophobes ou homophobes. En cas de non-respect, les plates-formes s'exposent alors à une amende pouvant aller jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires mondial de l'entreprise incriminée.
Cela tombe bien, Mark Zuckerberg s'est dit prêt à s'investir pour ouvrir sa plateforme à davantage de régulation de la part des pouvoirs publics. Dans une tribune publiée pour des dizaines de journaux mondiaux fin mars , il proposait d'ailleurs la mise en place d'« organismes tiers » dont le rôle serait de « définir des standards sur la diffusion des contenus violents et haineux et d'évaluer les entreprises sur la base de ces standards ».