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Publié le 2 mars sur le site du Monde
La stèle rappelant l’emplacement de l’ancienne synagogue de Strasbourg, incendiée par un commando des Jeunesses hitlériennes en septembre 1940, a été vandalisée dans la nuit du vendredi 1er au samedi 2 mars. La stèle a été descellée et renversée, un acte qui a été constaté et signalé aux autorités samedi matin.
« Je le dis une nouvelle fois : ça suffit ! », a commenté le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries, qui s’est rendu sur place et a évoqué la « profanation de la stèle ».
« Ce site en lui-même est une réponse aux auteurs de ces actes odieux car il symbolise à la fois les exactions et les horreurs du régime nazi et la force de résistance du peuple de France car il est aussi dédié à l’allée des Justes. »
Cet « acte de vandalisme » comporte « tous les signes de l’antisémitisme », a estimé devant la presse Alain Fontanel, premier adjoint au maire.
La police a ouvert une enquête afin d’identifier le ou les auteurs de la dégradation, a fait savoir la préfecture du Bas-Rhin. « L’enquête explore toutes les pistes – vidéosurveillance et témoignages – afin de déterminer l’origine intentionnelle ou accidentelle de l’événement », selon une source proche du dossier, ainsi que son caractère antisémite.
Indignation unanime
Ce nouvel acte, qui s’inscrit dans un contexte général de hausse des actes antisémites, a suscité une indignation unanime.
Lire : Depuis la marche du 19 février, toujours plus d’insultes et de dégradations antisémites
Souvenir de l’ancienne synagogue, la stèle commémorative a été installée en 1976 et porte l’inscription : « Ici s’élevait depuis 1898 la synagogue de Strasbourg, incendiée et rasée par les nazis le 12 septembre 1940 », lorsque l’Alsace venait d’être annexée par le IIIe Reich. Les décombres de la synagogue avaient été dynamités l’année suivante, en 1941.
« Je condamne la dégradation de la stèle », a réagi sur Twitter le président du Parlement européen, Antonio Tajani, appelant à « stopper la recrudescence de l’antisémitisme ».
« Le consistoire est consterné par la dégradation de cette stèle (…), que ce soit intentionnel ou non », a déclaré Thierry Roos, porte-parole du consistoire israélite du Bas-Rhin dans l’attente des conclusions de l’enquête. « Si vous détruisez un tel monument et que vous fuyez, vous êtes coupable (…) de vouloir, intentionnellement ou non, éliminer une certaine mémoire dans un contexte très tendu d’antisémitisme », a-t-il observé.
Président (Les Républicains) de la région Grand-Est, Jean Rottner a dit dans un communiqué « son indignation et son émotion devant ce nouvel acte antisémite ».
« L’antisémitisme porte atteinte aux valeurs de la République que tous les Français ont en partage », a également souligné la préfecture.
La région frappée à plusieurs reprises
Le Bas-Rhin a été frappé à plusieurs reprises par des actes antisémitismes ces derniers mois.
L’épisode le plus récent remonte au 19 février, lorsque 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, au nord-ouest de Strasbourg, ont été retrouvées recouvertes de croix gammées. Un rassemblement contre l’antisémitisme est prévu dimanche devant le cimetière.
Dans un contexte particulièrement tendu, Emmanuel Macron, qui était fin février l’invité d’honneur du 34e dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a promis des « actes tranchants » contre l’antisémitisme.