Lu dans la presse
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Publié le 25 Février 2019

Europe/Mémoire - Des chercheurs polonais insultés à la sortie d'un colloque parisien sur la Shoah

Il y a quelques jours, l'EHESS (l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) organisait à Paris un colloque sur "La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah". A la sortie de la deuxième journée de conférences, des chercheurs polonais ont été insultés par des représentants de groupes nationalistes polonais. L'EHESS recevait des menaces depuis plusieurs semaines, lui exhortant d'annuler ce colloque.

Image : Le bâtiment de l'EHESS

Publié le 25 février dans The Jerusalem Post sous le titre POLISH HOLOCAUST RESEARCHERS ATTACKED AT PARIS SHOAH RESEARCH CONFERENCE

Traduction proposée par Le Crif

Le professeur Jacek Leociak de l'Académie des sciences de Pologne a été insulté après avoir quitté l'EHESS, où se tenait un colloque sur la Shoah. Il a également reçu des menaces de mort via les réseaux sociaux. Le professeur Jan Grabowski, qui travaille à l’Université d’Ottawa, s'est aussi retrouvé dans une situation similaire. Après avoir quitté l’EHESS, un groupe de Polonais l’a notamment insulté de "Sale juif".

Des représentants de groupes polonais s'étaient opposés à la tenue du colloque intitulé "La nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah". Selon les manifestants, l’activité des orateurs de la conférence "revêt un caractère clairement xénophobe et anti-polonais". "Les organisations polonaises n'acceptent pas les résultats des recherches effectuées par les historiens, qui indiquent la participation de certains Polonais au meurtre de Juifs pendant l'Holocauste."

Lors de la conférence, Jacek Leociak a parlé des débuts de la recherche polonaise sur l'Holocauste. Lors de son discours, certains membres de l'auditoire ont vivement réagi. "Pendant les deux jours de colloque, nous avons été accompagnés par un grand groupe de Polonais, sous la protection spirituelle d'un prêtre catholique", a précisé Jacek Leociak.
 
"Il y a deux ou trois ans, ces personnes n'auraient pas osé entrer et perturber les cours d'université. Aujourd'hui, cependant, encouragés par le soutien de l'État polonais, ils sont prêts à se montrer et à affronter les érudits sur leur propre terrain", a posté Jan Grabowski sur sa page Facebook. Lorsqu'il a lui-même quitté le bâtiment de l'EHESS, un groupe de Polonais a crié : 'Honte à toi, Grabowski', 'Honte à toi, sale Juif!'
 
Jan Grabowski a engagé des poursuites envers la Ligue polonaise contre la diffamation après qu'elle l'ait accusé publiquement de nuire à la réputation de la Pologne et d’avoir accusé ses recherches de falsifier l’histoire de la nation.
 
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Suites aux diverses pressions et menances dont elle a été victime, l'EHESS a publié un communiqué :

L’École des hautes études en sciences sociales organise ces 21 et 22 février, en collaboration avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah, un colloque international sur la nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah. Depuis une vingtaine d’années, d’importants travaux conduits par des historiens polonais renouvellent la compréhension de l’histoire de la Shoah en éclairant la question des rapports judéo-polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Faire connaître en France le travail mené en Pologne constitue une exigence intellectuelle, morale et politique.

Dans les semaines précédant l’ouverture du colloque, de multiples pressions ont été exercées par téléphone et par courrier électronique à l’encontre des organisateurs du colloque ainsi que de la Présidence de l’École des hautes études en sciences sociales. La première journée du colloque a été marquée par des interventions intempestives visant à perturber son déroulement normal. La barrière de l’intolérable a été franchie avec la profération de propos antisémites.

L’École des hautes études en sciences sociales dénonce avec la plus grande fermeté ces atteintes inacceptables à la liberté de pensée et à la liberté académique qui s’inscrivent dans un contexte préoccupant d’intimidation de la recherche et des chercheurs dans plusieurs pays d’Europe. Elle étudie la possibilité de donner des suites judiciaires à ces faits.

Paris, le 22 février 2019