Le brief du Crif - 7 Octobre au Camp des Milles : Laïcs et religieux, musulmans, chrétiens et juifs pour réparer ensemble le tissu social face au terrorisme

Crédits photos : ©Fondation du Camp des Milles

Un événement inédit de solidarité et de fraternité face au terrorisme

« Il n’était pas évident, pour ce sombre anniversaire, que chacune et chacun partage la volonté de prendre du recul, d’élargir la perspective et d’approfondir des liens de fraternité » (Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles -Mémoire et Education)

Dans ce lieu hautement symbolique, la journée s'est déroulée dans une atmosphère de respect, de dialogue et d’engagement, rassemblant des personnalités religieuses et laïques de divers horizons. Les prises de parole ont exprimé une condamnation ferme du terrorisme « qui viole le respect des valeurs fondatrices de l’humanité et de l’Islam » (Denis Gril, Imam à Aix-en-Provence). Les intervenants ont souligné la nécessité de rester unis face à ces attaques visant à diviser nos sociétés, « pour préserver notre belle démocratie » (Jean-Jacques Zenou, directeur de Radio Juive Marseille),
« en n’ayant pas peur de la complexité de l’autre » (Valérie Dufayet, professeure de lycée).

Parallèlement, un message fort en faveur de la fraternité a été prononcé, affirmant que le dialogue des cultures et des croyances était un socle nécessaire, et que c’est dans le respect de l’altérité qu’un avenir de paix peut être bâti. « Quand on oublie la fraternité, l’égalité de tous, on oublie les valeurs de la république » (Aurélien Viers, Directeur de la rédaction de La Provence). Ce message d’unité a traversé tous les échanges, renforçant la volonté de dépasser les divisions et de se rassembler autour de valeurs communes. Ainsi le Grand Rabbin Moshe Lewin souligna que « la fraternité ne doit pas être seulement une coexistence pacifique, mais des actions, le partage de valeurs communes qui, permettent ce dialogue : la justice, la dignité humaine ».

Des échanges autour de trois thématiques majeures

Trois tables rondes, dédiées à la mémoire, à la fraternité et à la réparation, ont permis des discussions riches et constructives sur les enjeux d’aujourd’hui

- Mémoire : La lutte contre l'oubli face au terrorisme, expression la plus violente des extrémismes identitaires, « qui menacent la cohésion sociale et la démocratie » (Alain Chouraqui)

- Fraternité : Le renforcement de liens solides entre les différentes communautés pour s’opposer à l’essentialisation - qui fait disparaitre les personnes - et favoriser le vivre ensemble. Ainsi la préoccupation de Mgr Delarbre, archevêque d’Aix-en-Provence, est que « les fidèles de ma paroisse
catholique connaissent ceux avec qui ils vivent et qu’ils n’aient pas peur les uns des autres ».

- Réparation : Faire converger les leçons des mémoires blessées et utiliser la culture et l’éducation comme leviers majeurs de rencontre entre les peuples pour contribuer chaque jour à une société plus apaisée : « Il y a suffisamment de choses en commun pour mettre de côté ce qui nous sépare. » (Brigitte Stora, Les Guerrières de la Paix). Et « pourquoi ne pas utiliser l’énergie de nos attachements respectifs et légitimes pour agir ensemble plutôt que nous diviser ? » (Alain Chouraqui).

Un hommage marquant à la diversité des héros ordinaires

L'intervention, en début de rencontre, de Haim Musicant, auteur de l’ouvrage « Héros du 7 octobre », a permis de parler aussi des héros et des héroïnes du 7 octobre et de rappeler le sort des 101 otages, vivants et morts, encore détenus.
La résistance courageuse de personnes très diverses de toutes origines (juifs, chrétiens, musulmans, druzes, bédouins) face à la barbarie terroriste, a illustré l'unité de leurs auteurs dans la défense des valeurs communes. « Il est essentiel de mettre en avant les actes positifs » (Alain Chouraqui).

Des actions de terrain et une vigilance nécessaire

Le Père Alexis Leproux souligna « la nécessité pour la jeunesse de se retrouver dans des stades, dans des moments joyeux, mais aussi dans des lieux de mémoire pour enraciner l’éthique et le vivre ensemble. » Rachid Zeroual évoqua son engagement déterminé contre l’antisémitisme et le racisme
dans le grand club de supporters de l’OM qu’il préside. Le Rabbin Haïm Bendao rappela l’importance « d’apprendre aux jeunes à nuancer, à décortiquer et ainsi savoir la véracité ou non d’une information ». Des propos complétés par ceux du Pasteur Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France de 2013 à 2022 : « Il y a une grande attention à porter sur les mots et sur le langage que nous utilisons lorsque nous parlons de l’antisémitisme.

Quand toute une génération perd ses repères, quand ceux que l’on croyait être porteurs de valeurs humanistes, universelles, y compris
à gauche, se laissent contaminer par le discours antisémite, il y a de quoi être vraiment perturbé. »

Alors que la violence antisémite et que toutes les haines s’exacerbent, sachons ensemble réparer le tissu démocratique qui se déchire de plus en plus. C’est dans la jeunesse « que réside notre espoir » (Mondher Abdennader, Les Voix de la Paix).

À l’issue des trois tables rondes, l’exposition photo « L’après 7 octobre » réalisée par Laura Sahin a été inaugurée en présence d’élus représentant la ville d’Aix-en-Provence, le Département des Bouches-du-Rhône, et la Région Sud. Le représentant de la Ville de Marseille a ouvert la perspective d’une réactivation de « Marseille Espérance » rassemblant l’ensemble des religions.

Retrouvez tous ces échanges via le lien suivant :

Table 1 « Mémoire » : https://youtu.be/jngntQrA4d0
Table 2 « Fraternité » : https://youtu.be/zhPOlSqZux4
Table 3 « Réparation » : https://youtu.be/pYwSHYhmpxs

À lire aussi :

• Commémorations du 7-octobre : au Camp des Milles, la « force de l’unité » face au terrorisme (source : La Provence) 

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