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François Patriat commence son propos, en remerciant la Commission de le recevoir, et retrace un peu son parcours politique très diversifié.
« Je suis fils d’agriculteur et j’ai toujours été proche de ma terre. Après avoir fait des études à l’école vétérinaire à l’École nationale d’Alfort, j’en suis sorti major de ma promotion. Je me suis installé en Pouilly-en-Auxois, parce qu’il y avait beaucoup d’animaux. Je me suis engagé en politique, et je me suis retrouvé Conseiller général à l’âge de 30 ans. En 1964, j’ai rencontré Pierre Mendès-France et Michel Rocard, et je me suis engagé derrière eux. Au moment de la loi Évin en janvier 1991, loi relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, les viticulteurs m’en ont voulu parce que j’avais voté cette loi, par contre pour la loi sur les 35 heures, je m’étais abstenu. »
« En 1981, lors de l’élection de François Mitterand, celui-ci m’a pris sous son aile notamment pour parler de la région de Bourgogne, il m’a nommé au Conseil Économique et Social. J’ai été réélu en 1998 comme député, en 2002 j’ai été nommé Ministre, j’ai fait le passage à l’euro, et contre toute attente j’ai été élu sur la région et Président de région de 2009 à 2015. J’ai rencontré Emmanuel Macron à l’époque où il était Ministre de l’Industrie, il a créé le parti En Marche, et depuis 2015 je me suis concentré sur mon groupe au Sénat, groupe que j’ai créé. Ce que je pense du Sénat : quand un sénateur est élu, il pense d’abord à sa réélection… Pour ma part je me suis occupé et concentré sur les problèmes de santé, et sur l’aménagement du territoire. »
« Au Sénat, j’ai siégé aux affaires étrangères pendant 6 ans, et en 18 ans au Sénat, j’ai fait un seul voyage en décembre 2023, en Israël après le 7 octobre, c’était mon devoir d’y aller. Nous avons rencontré le Président de la Knesset, les membres de l’opposition, le Président de l’État, les familles des otages, et nous sommes allés en territoire palestinien. J’ai ressenti de la part du peuple israélien une impression de résilience, une grande unité avec le fait qu’il faut finir avec le Hamas. »
Que pensez-vous de la décision de la CPI ?
« J’ai été très surpris par cette annonce, j’étais d’accord avec Joe Biden. En droit il y a eu des crimes de guerre, mais en aucun cas on ne peut mettre sur le même plan Israël et le Hamas, et c’est un abus de dire que Benyamin Netanyahou poursuit la guerre pour sa propre survie, c’est inconvenable, par contre le droit à l’existence même d’Israël c’est une réalité, c’est ma position personnelle. »
Que pensez-vous de la montée de l’antisémitisme en ce moment ?
« Tout est exacerbé, je ne suis pas sur les réseaux sociaux, mais ma secrétaire me dit ce que je reçois et c’est souvent trois ou quatre menaces de mort par semaine, et ma maison a été agressée deux fois par les agriculteurs, sans compter les menaces reçues dans des enveloppes. Je pense que l’antisémitisme a commencé dans les années 2000, et comment bien vivre ensemble dans ce climat, aussi ce que nous vivons aujourd’hui ne peut se terminer que par un ordre violent. Il faut être très ferme sur les actes antisémites. »
Depuis le 7 octobre, nous avons vu une nouvelle vague d’antisémitisme, avant cette date nous avions quelques actes, aujourd’hui il y a une augmentation de 1 000 %. De plus il faut constater que La France Insoumise (LFI) a fait de Gaza son argument politique pour les futures élections, que peut faire un Sénateur français ?
« Si seulement j’avais la réponse ! Moi-même je ne mets plus de cocarde sur ma voiture, et ce n’est pas en abdiquant que nous pouvons gagner le combat, cependant c’est le résultat des réseaux sociaux, le Sénateur de Côte-d’Or Alain Houppert qui est médecin et complotiste a 100 000 followers ; c’est dramatique, et nous constatons tous la montée de la haine sur ces réseaux. »
Vous n’aspirez pas à plus d’ordre ?
« Il faut, je pense, réprimer avec plus de force, pourtant on n’a jamais mis autant de moyens qu’en ce moment, mais nous avons des médias en-dessous de tout, et bien-sûr que j’aspire à l’ordre. »
Que pensez-vous des futures élections européennes ?
« Nous voulons une campagne rationnelle, toutefois si vous posez la question à certaines personnes comment elles vont voter, plusieurs vous répondent qu’elles ne vont pas voter, l’Europe n’est pas importante pour le gros du public. Les questions qui préoccupent nos concitoyens sont portées sur le climat, la santé, la sécurité, le terrorisme, l’émigration. »
Que pensez-vous du découpage des régions actuellement ?
« Il y a une rivalité des régions avec un éparpillement, il faudrait créer l’échelon de proximité, un échelon départemental, et supprimer la région. »
Propos recueillis par Anne Brandy, Secrétaire de la Commission relations avec les Élus
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