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Publié le 28 octobre dans France Bleu
Le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) en avait gardé une lourde cicatrice : 269 stèles dégradées et profanées par une bande d'adolescents en février 2015. Six ans après les faits, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a participé ce jeudi à la réhabilitation du cimetière, en présence des représentants du culte israélite, d'élus locaux et des familles des défunts.
Réhabiliter
Gérald Darmanin est arrivé sur place en fin d'après-midi et a visité le cimetière entièrement rénové, dont toutes les stèles ont été remises debout. L'une d'elles a attiré son attention, une sépulture qui abrite les débris de grès, éparpillés dans le cimetière le soir de la profanation. Le ministre de l'Intérieur a ensuite écouté le grand rabbin du Bas-Rhin, Harold Abraham Weill, chanter la prière aux victimes de la Shoah, devant le monument aux morts.
Je suis cette après-midi aux côtés de @KlinkertBrigitt à Sarre-Union, à l’occasion de la cérémonie de réhabilitation du cimetière juif profané en février 2015 où 269 stèles avaient été saccagées.
La haine antisémite n’a pas sa place en France. pic.twitter.com/OOwlxIcZDN
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 28, 2021
Gérald Darmanin s'est avancé vers la tribune pour prendre la parole devant une centaine de personnes, dont les représentants des cultes israélites, catholiques et protestants, ainsi que des politiques locaux et des anonymes. "S'attaquer à des sépultures, c'est s'attaquer à des symboles", a déclaré le ministre, avant de poursuivre, "nous devons écouter avec beaucoup d'attention les discours et les volontés de nous diviser : les voix dissonantes -aussi sympathiques peuvent-elles être pour faire naître des débats artificiels- sont des voix qui attaquent la République."
Référence à peine voilée à Eric Zemmour, ex-chroniqueur sur la chaine télévisée Cnews et prétendant à une candidature à la présidentielle 2022. Gérald Darmanin a critiqué à distance le polémiste sur sa vision de la laïcité, notamment sur l'interdiction de porter un prénom non-inscrit sur le calendrier chrétien.
Je veux réaffirmer avec force l’engagement de l’Etat pour protéger les juifs, pour protéger ses membres, ses écoles, ses synagogues, ses cimetières, ses fêtes religieuses.
C’est l’honneur de la France de garantir la liberté religieuse, cette liberté fondamentale. pic.twitter.com/bEgrPusEIU
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 28, 2021
L'antisémitisme en ligne de mire
Après le ministre, le maire de Sarre-Union, Marc Séné, a pris également la parole pour exprimer "l'énorme soulagement" que constituait la réhabilitation du cimetière juif, "pour la population du territoire, et surtout pour l'ensemble des familles qui ont été touchées par la profanation des sépultures de leurs êtres chers".
"Il faut que cette région finisse par faire son introspection", a réclamé Maurice Dahan, le président du Consistoire israélite du Bas-Rhin. Une manière de pointer du doigt un antisémitisme qui est loin d'avoir disparu. Une vingtaine d'actes antisémites ont été comptabilisés en Alsace depuis le début de l'année selon le ministère de l'Intérieur. "Je ne veux pas être pessimiste mais je n'ai pas l'impression que les choses se soit améliorées", a estimé Harold Weiss, le Grand rabbin du Bas-Rhin.
En février 2015, une bande d'adolescents avait profané le cimetière, ainsi que le monument rendant hommage aux victimes de la déportation. Plus de la moitié des tombes avaient été dégradées, voire saccagées. Les profanateurs, âgés de 15 à 17 ans au moment des faits, ont été condamnés à des peines de 8 à 18 mois de prison avec sursis, assorties de travaux d'intérêt général.
Cérémonie de réhabilitation au cimetière juif de Sarre-Union : "L'antisémitisme mute sans arrêt"
https://t.co/uQEsDYtRXn pic.twitter.com/nsLs6cxYzb— France Bleu Alsace (@bleualsace) October 28, 2021
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