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Publié le 17 Décembre 2020

Crif - Francis Kalifat commente le verdict du procès des attentats de janvier 2015

La Cour d'assises spéciale de Paris a rendu son verdict, mercredi 16 décembre 2020, mettant fin au procès des attentats contre Charlie-Hebdo et l’Hyper Cacher en janvier 2015. La Cour a prononcé des peines allant de 4 à 30 ans de prison. Le Président du Crif, Francis Kalifat, était présent à l’annonce du verdict. Il nous livre son analyse, complétée par celles des avocats des parties civiles, Me Elie Korchia et Me Patrick Klugman.

Après trois mois d'un procès historique, les magistrats qui composent la Cour d'assises spéciale de Paris ont rendu leur verdict. La Justice s'est prononcée. Les condamnations vont de 4 ans de prison à la réclusion à perpétuité.

Néanmoins, les peines sont dans l'ensemble inférieures aux réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT). Et la cour d'assises spéciale de Paris a écarté la qualification terroriste pour 6 des 11 accusés présents.

 

Réaction de Francis Kalifat, suite au verdict des attentats de Janvier 2015 et notamment de l’Hyper Cacher: 

"Au terme du procès, j’ai tout d’abord une pensée pour les victimes. J’espère que la fin de ce procès les apaisera et leur permettra de cicatriser.

Ce procès a été long, éprouvant, surtout pour les victimes et pour les témoins.

Je tiens également à féliciter le travail de l’ensemble des avocats des parties civiles, et plus particulièrement le rôle de Maître Patrick Klugman, avocat du Crif, partie civile au procès, et Maître Elie Korchia. En effet, tous deux ont, à travers leurs plaidoiries, remis l’antisémitisme au cœur du procès de l’attaque terroriste de l’Hyper Cacher.

Le Crif étant partie civile, j’ai déposé devant la Cour d'assises le mercredi 23 septembre. J’y ai longuement parlé de l’antisémitisme et des trop nombreuses victimes de l’antisémitisme qui tue en France.

En ce qui concerne le verdict, autant on peut se satisfaire de la peine d'Ali Riza Polat condamné à 30 ans de réclusion criminelle dont les deux tiers incompressibles, autant on peut regretter que pour plus de la moitié des accusés, les peines aient été en deçà des réquisitions du Parquet national antiterroriste. En effet, pour six d’entre eux, l’association de malfaiteurs dans le but d’une entreprise terroriste n’a pas été retenu. Ils ont ainsi écopé de peine plus légères, étant seulement condamnés pour "association de malfaiteurs"."

"Malgré tout, ce procès démontre par ces condamnations que l’acte terroriste ne se résume pas qu’à celui qui le commet. Ces peines permettent de reconnaître la responsabilité de la chaîne des complicités de l’acte et que ceux qui ont contribué par la fourniture d’armes, de moyens de transport ou encore de lieux d’hébergement, portent une responsabilité particulière car sans eux l’acte n’aurait pas pu être commis.

En ce qui concerne la circonstance aggravante de l’antisémitisme, elle ne pouvait pas être reconnue pour un motif procédural. Néanmoins, le Président de la Cour d’Assise a bien rappelé que ce sont biens des Juifs que l’on visait, en raison de leur religion : "La séquestration des clients de l’Hyper Cacher revêtait un caractère antisémite, de même que l’assassinat de quatre d’entre eux, que seul un motif procédural a empêché de retenir la circonstance aggravante de l’antisémitisme". Il en est de même quant à la demande de Me Elie Korchia de reconnaître la caissière de l’Hyper Cacher, Zarie Sibony comme une victime de tentative d’assassinat, qui n'a pas abouti pour motif procédural."

 

Réaction de Maître Elie Korchia, avocat de victimes de la prise d'otages de l'HyperCacher, Zarie Sibony et Andréa Chamak, au micro de Radio J :

La Cour d’Assise est revenue de façon très précise sur le mobile antisémite. Dans sa feuille de motivation, la cour estime que l'attentat à l'Hyper Cacher "revêt incontestablement un caractère antisémite".

Il a été clairement rappelé que les attentats ont été commis pour "viser des symboles de nos démocraties occidentales". C’est ce que nous avons expliqué tout au long de ce procès qui a été suivie à l’échelle nationale mais aussi internationale.

Réaction de Maître Patrick Klugman, avocat de victimes de la prise d'otages de l'HyperCacher, et du Crif, au micro de Radio J :

J'avais un message et je crois que je l'ai transmis. Je voulais que l'antisémitisme pénètre le verdict de la Cour d'assises comme il avait pénétré dans l'Hyper Cacher.

 

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