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Photo : Christophe Castaner et Francis Kalifat, président du Crif, hier soir. THIERRY DAVID/« SUD OUEST »
Hier soir, jeudi 12 septembre, Albert Roche, Président du Crif Bordeaux Sud Ouest Aquitaine tenait son Dîner au musée Mer Marine de Bordeaux, en présence notamment du Ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et du Président du Crif Francis Kalifat. De nombreuses personnalités locales et régionales étaient également présentes.
Albert Roche a ouvert la soirée avec un discours chargé d'espoir face à la montée de l'antisémitisme en France prenant la société bordelaise pour exemple. En effet, il a souligné la "sérénité" qui règne à Bordeaux et le peu d'actes de malveillance antisémite recensés pour la ville. Il s'est cependant inquiété du climat tendu qui persiste au sein de la communauté juive nationale et a insisté sur le départ de plus en plus important des éléves Juifs des établissements publics.
Albert Roche a par ailleurs mis en lumière l'histoire importante des Juifs de la région. "L’histoire des Juifs de Bordeaux est une merveille d’intégration dans le modèle républicain, sans renoncement à la tradition juive." a t-il notamment déclaré.
Dans un discours plus sombre, le Président du Crif Francis Kalifat a souligné les tristes chiffres de l'antisémitisme qui tue : "Douze Français juifs, hommes, femmes ou enfants ont été assassinés dans ce pays depuis le début des années 2000 au motif qu'ils étaient juifs".
Francis Kalifat a cependant salué les intitatives du gouvernement et des pouvoirs publics pour lutter contre l'antisémitisme parmi lesquelles la loi Avia contre les propos haineux sur Internet. Il a dit au Ministre de l'Intérieur attendre à présent des résultats concrets.
Le Ministre de l'Intérieur, invité d'honneur de la soirée, a prononcé un discours fort et engagé contre ce qu'il a appelé le "poison de l'antisémitisme". Christophe Castaner a rappelé la hausse importante de l'antisémitisme en 2018, une hausse de 74% qu'il a lui même reconnu être sous-estimée, un certain nombre de victimes ne portant pas plainte par peur, par honte, ou par résignation, et n'étant donc pas compris dans ces statistiques.
Il a appelé à ne jamais minimiser un acte antisémite, rappelant qu'il s'agissait toujours d'un délit. Il a martelé à plusieurs reprises que l'antisémitisme n'avait pas sa place dans la République.
Ma conviction est qu’il n’y a pas d’antisémitisme modéré.
Pas d’antisémitisme drôle. Pas d’antisémitisme pardonnable. Il n’y a qu’une pensée de haine, qui bientôt mène aux pires actes.
Il n’y a qu’un délit, que nous devons combattre. #CrifBordeaux. pic.twitter.com/TBpHeJHJam— Christophe Castaner (@CCastaner) 12 septembre 2019
Le Ministre a détaillé les actions récentes du gouvernement face à la haine antisémite : la sécurisation de 800 lieux de culte, une augmentation de la contribution financière de l'Etat auprès du Mémorial de la Shoah, et la dissolution de groupes extrémistes haineux, une mesure qui avait été annoncée par le Président Emmanuel Macron lors du dernier Dîner annuel du Crif, en février dernier.
Christophe Castaner a également confirmé l'annonce d'un examen prochain par l'Assemblée nationale d'une proposition de résolution afin que la France adopte la définition de l'antisémitisme de l'IHRA qui inclut l'antisionisme. Cet engagement avait également été pris par le Président Emmanuel Macron à l'occasion du Dîner du Crif. Le Ministre de l'Intérieur a réaffirmé qu'il sera tenu. Le vote de cette proposition de résolution portée par le député Sylvain Maillard devait initialement avoir lieu en juillet et avait été décalé.
Le Ministre a affiché une position sans ambiguité face à l'antisionisme : "L'antisionisme n'a souvent rien à voir avec la critique de la politique étrangère de l'Etat d'Israël, il vise trop fréquemment les personnes de confession juive. Il est devenu un antisémisitme déguisé". Des propos similaires à ceux du Président Emmanuel Macron qui avait déclaré que l'antisionisme était la forme réinventée de l'antisémitisme.
Il a enfin évoqué largement la laïcité qui doit protéger l'ensemble des citoyens dans des valeurs de tolérance et de respect. Il a précisé qu'en aucune manière, une pratique religieuse ne devait laisser de la place à l'antisémitisme.
Source : Sud Ouest