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Publié le 31 mai dans Ouest-France
Entretien avec Jacqueline Cuche, présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de France.
L’AJCF a effectivement été créée en 1948, nous avons fêté le 70e anniversaire l’an dernier. Ses fondateurs sont Jules Isaac et Edmond Fleg.
C’était juste après la conférence internationale de Seelisberg, contre l’antisémitisme (1). L’objectif était de réunir juifs et chrétiens ensemble pour réfléchir et faire évoluer la vision chrétienne des juifs, et encourager la réconciliation entre Juifs et Chrétiens. Jules Issac avait même été jusqu’à rencontrer le pape Pie XII, puis le pape Jean XXIII, obtenant ainsi que le problème des rapports de l’Église catholique et le peuple d’Israël soit abordé lors du Concile Vatican II (1962-1965).
Le Concile Vatican II et la déclaration Nostra Ætate de 1965 sur les relations de l’Église catholique avec les religions non chrétiennes a remis heureusement les choses à plat. L’accusation de peuple déicide (ndlr : en référence à la crucifixion de Jésus, dont le peuple juif était considéré comme seul coupable) était une accusation terrible, très lourde, contre laquelle il fallait lutter car elle était le ferment de l’antisémitisme. Or, le non des Juifs envers Jésus était un rappel de leur fidélité à Dieu, et aux dons de Dieu faits au peuple de l’Alliance. Nous devons porter un regard positif sur le rôle des Juifs dans l’histoire, qui ont toujours aujourd’hui une vocation à être témoins de Dieu.
L’antisémitisme n’a cependant pas disparu. Il est même en recrudescence…
Oui, aujourd’hui l’antisémitisme a plusieurs sources. L’une des plus inquiétantes est celle portée par l’islamisme, nourrie principalement du conflit israëlo-palestinien. Mais il y a aussi une persistance des thèses et préjugés antisémites « traditionnels » : les juifs seraient forcément tous riches, omniprésents… Nous devons lutter de tous côtés, il y a encore beaucoup de travail à faire.
L’une des difficultés, c’est que les catholiques pratiquants sont moins nombreux qu’autrefois ! Mais il reste chez beaucoup de gens une curiosité, une soif de connaissances. C’est le cas pour le judaïsme, comme ça l’est pour l’islam. Cela peut déjà commencer par des choses toutes simples. Par exemple, proposer la visite d’une synagogue, beaucoup de personnes n’y ont jamais mis les pieds, ou organiser un moment de rencontre pour un début du shabbat (2). Proposer également des rencontres pour une lecture de la Bible à deux voix, comment est-elle lue par les Chrétiens et les Juifs…
C’est d’ailleurs l’une des propositions faites dans un ouvrage commun par Monseigneur d’Ornellas, l’archevêque de Rennes, et Jean-François Bensahel, le président de la synagogue de la rue Copernic, à Paris (3).
Ce vendredi 31 mai, de 14 h à 16 h, conférence « L’Affaire Dreyfus dans la vie de Victor Basch », par André Hélard, historien, et Serge Saint-Eve, comédien. Au centre de la Hublais, à Cesson-Sévigné. Entrée : 5 €. Renseignements : 07 66 20 18 82.
(1) Une « Conférence internationale extraordinaire pour combattre l’antisémitisme » fut réunie du 30 juillet au 5 août 1947 à Seelisberg (Suisse) par l’« International Council of Christians and Jews ». Elle approuva une série de thèses concernant l’enseignement religieux chrétien.
(2) Jour de repos assigné au septième jour de la semaine juive, le samedi, qui commence dès la tombée de la nuit du vendredi soir.
(3) Juifs et chrétiens, frères à l’évidence ; la paix des religions
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