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Publiés les 3 et 4 avril dans l'Obs
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- Les juifs de France face au fléau de l’antisémitisme
Entre appréhension et affirmation, les juifs de l’Hexagone font face à l’immonde… Matthieu Aron est allé à leur rencontre à Strasbourg, Paris et Toulouse.
" Heureux comme Dieu en France », disait-on en yiddish hier. Menacé comme un juif en France, devrait-on dire aujourd’hui…"
Les juifs sont aujourd’hui les plus visés. Ils ne représentent que 0,7 % de la population mais sont cinquante fois plus souvent insultés ou agressés que les catholiques ou les musulmans. En 2018, les actes antisémites ont bondi de 74 %. Dans l’actualité de ces dernières semaines, les injures de certains « gilets jaunes » à l’encontre du philosophe Alain Finkielkraut, les croix gammées sur les tombes d’un cimetière juif en Alsace ou les symboles nazis tagués sur un portrait de Simone Veil ont confirmé le retour de cette phobie criminelle qui traverse les âges.
- « Le juif semble être redevenu une forme de bouc émissaire »
Pour Frédéric Potier, qui dirige la Dilcrah, la haine antijuive charrie toujours les mêmes fantasmes nauséabonds mais a été réinvesti par de nouveaux acteurs, et sur de nouveaux supports.
Agressions, tags malveillants, lieux de mémoire profanés, vandalisme dans les universités, insultes sur les réseaux sociaux, dérapages dans les conversations… L’antisémitisme se propage, comme le montre l’enquête de « l’Obs » sur les juifs face à la haine. Le préfet Frédéric Potier, à la tête de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), donne l’alerte.
Souvent, les questions des aspirants officiers fusent. Comment faire la différence entre une simple blague et une insulte raciste ou antisémite ? Qu’est-ce que le droit au blasphème ?
« Tuberculose, syphilis, cancer sont guérissables. Il faut en finir avec le plus grand des fléaux : le juif ! » Sur l’affiche de propagande imprimée en 1941, un scientifique en blouse blanche examine au microscope un « parasite » au nez crochu… Ce 8 mars, le document reproduit en fac-similé circule entre les mains d’une quarantaine d’élèves officiers de la gendarmerie, réunis au Mémorial de la Shoah pour une série d’« exercices pratiques » qui vont du décryptage des stéréotypes essentialistes (les Noirs courent vite, les Arabes sont des voleurs, les juifs sont riches) à l’analyse des discours ou images complotistes véhiculés sur la Toile. Ainsi cette capture d’écran où Emmanuel Macron apparaît en banquier, chapeau haut de forme vissé sur la tête, et doté d’un appendice nasal tout aussi crochu que celui prêté au « parasite » figurant sur l'affiche du régime de Vichy.