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Publié le 13 février sur RFi
Au centre de l'ancienne gare ottomane de Jérusalem, un énorme cœur est installé. Les couples peuvent monter dedans et s'y faire prendre en photo. L'œuvre est là toute l'année. La Saint-Valentin n'est guère marquée en Israël, si ce n’est dans quelques magasins. Une célébration à la saveur très commerciale, regrette Bracha Kaspiel. Cette sexagénaire ne veut pas de cadeau de la part de son mari. « Il peut me serrer dans ses bras, mais je ne veux pas qu'il m'achète quoi que ce soit. C'est ce genre de preuves d’amour que je veux. »
L'amie qui l'accompagne, elle, n’écarte pas l’idée d’acheter des chocolats. Mais « pour le plaisir d’offrir », précise-t-elle, pas pour la Saint-Valentin qui n'est pas une tradition locale. « Nous, les juifs, ne connaissons rien sur lui : Valentin était chrétien. » Elle reconnaît une ignorance totale sur la légende autour du personnage fêté. Elle le croit même « très mauvais ». Et lorsqu’elle apprend que Valentin de Terni aurait été exécuté pour avoir célébrer des mariages chrétiens lorsqu’ils étaient interdits par l’empereur romain, elle marque un certain étonnement et ajoute : « Ce n’est pas notre culture, c’est pour ça que nous ne célébrons pas cette journée ».
Le calendrier juif a sa propre fête des amoureux : Tou Beav. Elle est célébrée durant l’été. Assis sur un banc, profitant de la douceur du soleil de l’hiver, Shalom Ozach dit préférer une célébration quotidienne de l’amour à ces deux fêtes. « Mais Tou Beav correspond certainement plus à notre culture et à notre histoire », reconnaît-il. « Elle a incontestablement plus de sens pour moi. »
Une récente étude menée par l’Institut de la politique du peuple juif (JPPI) souligne la préférence des Israéliens pour Tou Beav. Elle souligne même que 10 % des Israéliens juifs n’ont jamais entendu parler de la Saint-Valentin. Le facteur religieux joue un rôle primordial. « Une personne traditionnaliste, pratiquante ou ultra-orthodoxe aura une tendance claire à préférer Tu B'Av à la Saint-Valentin », souligne Shmuel Rosner, chercheur au JPPI et directeur du projet consacré au judaïsme israélien. « A l’inverse, plus la personne est laïque, plus les chances sont grandes qu'elle privilégie la Saint-Valentin à Tou Beav ou que, dans certains cas, elle célèbre les deux. »
Malgré la mondialisation et un positionnement du pays résolument occidental, les traditions juives demeurent les plus importantes. Il en va de la célébration de l’amour comme d’autres fêtes : pour la majorité des juifs Israéliens, le nouvel an correspond à Rosh Hashana, célébré durant l’automne, et non au 1er janvier.