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Photo : Carte des relations diplomatiques israéliennes dans le monde - 2016. Dans cette carte officielle du Ministère israélien des Affaires étrangères, il faut noter que depuis 2016, le Tchad et le sud Soudan entretiennent dorénavant des relations diplomatiques avec Israël.
Dans les années 70-80, Israël était isolé diplomatiquement. Les pays de la Ligue arabe tentaient d’encercler diplomatiquement Israël, en faisant pression auprès de plusieurs Etats sur le continent africain, afin qu’ils rompent définitivement avec l’Etat hébreu. Après la guerre des six jours (juin 1967), la Guinée-Conakry décide de rompre ses relations avec Jérusalem. A noter qu’avant les ruptures, les ambassades africaines résident à Jérusalem. Tout comme les ambassades sud-américaines qui se contentent de déménager à Tel-Aviv.
Les tensions vont encore s’accroître avec la guerre d’octobre 1973
La guerre voit la quasi-totalité des États africains (Malawi, Botswana, Swaziland, Lesotho et Afrique du Sud exceptés) lui emboîter le pas. La Ligue arabe organise l’isolement d’Israël. A cet égard, les promesses de la Ligue arabe coulaient à flot. Les pays qui rompraient avec Israël recevraient beaucoup d’argent et une aide substantielle dans de nombreux domaines. Ce furent en général de vaines promesses, qui frustrèrent ces pays, peu à peu.
Cette stratégie de l’encerclement était élargie aux pays asiatiques. La Conférence de l’Organisation Islamique a joué un rôle substantiel dans cette stratégie d’étouffement d’Israël. Ce conflit par essence politique, pouvait se déplacer et devenir par excellence un conflit religieux, opposant les pays membres de l’OCI au seul Etat Juif du monde. Tel était la stratégie mise en place. Une stratégie machiavélique.
En Asie du sud-est, quelques pays se révélaient à la pointe de ce combat (sournois) : la Malaisie, Brunei ou l’Indonésie, sans parler bien évidemment plus à l’ouest, du Bengladesh, du Pakistan, de l’Afghanistan. Dans un environnement régional très hostile et conflictuel, depuis 1948 et pour contourner cet obstacle, Israël entretenait des relations cordiales ou chaleureuses avec des pays de premier cercle, comme la Turquie ou l’Iran du Chah.
Israël entretenait aussi des relations diplomatiques avec un seul pays communiste, La Roumanie de Nicolae Ceausescu. Ce lien diplomatique pour Israël était important, car tous les pays du bloc communiste avaient rompu avec Israël. L’Union soviétique entretenait la manœuvre, encerclait Israël, conspirait contre l’Etat Juif, avec une hargne et une violence inouïe. L’union soviétique armait les ennemis d’Israël, soutenait les dictatures en place, votait systématiquement contre Israël aux Nations-Unies, tissait les fils d’une propagande diabolique et particulièrement huilée contre l’Etat, se servant de tous les axiomes et délires antisémites. Elle empêchait par ailleurs les Juifs d’URSS de pouvoir quitter/fuir l’empire soviétique et de faire leur alyah en Israël.
Là encore et pour contrer cette difficulté, dans un monde bipolaire et pour des raisons existentielles, Israël entretenait des relations d’amitié, et de proximité forte avec les Etats-Unis. Historiquement, pour les Etats-Unis, ce sont les circonstances liées à la conjoncture internationale, la guerre froide, la compétition avec l’Union soviétique qui révéla l’importance stratégique de l’État d’Israël. Cette importance allait se renforcer au cours du temps, devenant un partenariat stratégique, puis une alliance militaire.
Israël pouvait également compter sur de nombreux Etats occidentaux, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Australie… Des relations cordiales, mais quelquefois compliquées, étaient tissées avec d’autres pays, comme la France. La France avait, entre 1948 et 1967, établi une relation bilatérale très étroite et solide avec Israël, marquée par un soutien constant à son existence et à sa sécurité. Mais, certaines divergences demeurent et en fonction des aléas, celles-ci risquent encore de s’approfondir.
Après les accords d’Oslo
Suite à la chute du mur de Berlin et de l’Union soviétique, de nombreux nouveaux pays indépendants voient le jour en Europe de l’Est et centrale. La signature des accords d’Oslo en 1993 a ouvert la voie à plusieurs de ces pays pour l’établissement de leurs relations diplomatiques avec Israël. Les accords de Camp David, la paix signée entre Israël et l’Egypte puis la Jordanie et les accords intérimaires avec les Palestiniens encouragent progressivement une quarantaine d’États d’Afrique subsaharienne à renouer officiellement avec Israël. Une dizaine parmi eux n’avaient d’ailleurs pas attendu pour le faire auparavant.
Cependant, en 2001, à Durban (Afrique du Sud), lors de la conférence de l’ONU contre le racisme, les pays africains et arabes condamnent la politique menée dans les territoires et en 2011, la quasi-totalité des États africains votent l’adhésion de la Palestine à l’Unesco. Cependant, le Burundi, le Cameroun, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, Rwanda, Togo, Ouganda et Zambie se sont abstenus.
Il y a quelques années, Israël entretenait des relations diplomatiques avec 161 pays. Mais, au début 2009, les choses se tendent. En réponse à la guerre à Gaza, le Venezuela, la Bolivie et la Mauritanie ont rompu leurs relations avec Israël.
Cependant, Israël qui est de plus en plus considéré comme l’allié par excellence des Etats-Unis et surtout - on le croit – comme Israël disposerait d’importants leviers d’action sur le terrain américain, cela pourrait influencer quelques Etats jusque-là réticents, à aller de l’avant.
Israël dispose également d’atouts majeurs, dans le domaine de l’agriculture, de l’irrigation, de la sécurité, de la haute technologie, en médecine et dans le domaine de la santé…. Toutes ces considérations peuvent faire évoluer certains pays. Prenons un seul exemple. C’est ainsi que le Tchad et Israël ont décidé de renouer leurs relations diplomatiques, conformément à un accord signé entre les deux pays à l'occasion de la visite, dimanche 20 janvier dans la capitale tchadienne, du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Des ouvertures diplomatiques
Enfin, il faut compter aussi sur les ambitions régionales et les tentatives de déstabilisation de l’Iran. Les postures guerrières de l’Iran et les menaces que font encourir l’Iran dans la région redessinent les contours d’alliances jugées jusque-là, improbables. Ce sont tous ces éléments qui doivent être pris en compte, si l’on veut comprendre les rapprochements éventuels qui ont lieu à l’heure actuelle entre Israël, l’Arabie saoudite, les pays du Golfe, et dernièrement Oman, par exemple.
La diplomatie est un art en devenir. Israël compte améliorer ses relations avec plusieurs pays, entretenir ou renouer des relations avec d’autres, même s’il est condamné dans les instances internationales.
Marc Knobel, Historien et Directeur des Etudes au Crif
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