Tribune
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Publié le 11 Mai 2006

L’affaire Dreyfus, une affaire toujours actuelle pour l’extrême droite ? Par Marc Knobel

L’année 2006 est le troisième temps fort de la célébration dreyfusienne, puisque la France commémore la réhabilitation du Capitaine Alfred Dreyfus (juillet 1906). Le 6 juillet 2006, une grande journée d’études sur l’affaire Dreyfus sera organisée à l’Hôtel de Ville de Paris, par le CRIF et la Mairie de Paris. A l’occasion de ce centenaire, nous avons voulu notamment mesurer, comment l’antidreyfusisme s’exprimait de 1935 à nos jours et si l’on compte, dans les rangs de l’extrême droite française, de nombreux antidreyfusards.


Le 11 juillet 1935, le lieutenant-colonel Alfred Dreyfus décède à l’âge de soixante-seize ans, entouré de sa femme Lucie, et de ses enfants, Madeleine et Pierre. Si l’affaire qui porte son nom avait déclenché, un quart de siècle auparavant, le premier événement « médiatique » de la France contemporaine, la mort d’Alfred Dreyfus, en revanche ne suscite que peu de réactions. Dans le quotidien royaliste L’Action française (1) du 14 juillet 1935, Charles Maurras rappelle à cette occasion que l’Affaire avait eu des conséquences non seulement « antimodérées, antipropriétaires, antihéréditaires, anticatholiques », mais aussi « antipatriotiques et antimilitaristes » Le 19 juillet, dans un succinct commentaire, Gringoire (2) écrit que l’homme était « sans ressort, on dirait aujourd’hui un mou », et dont le caractère « explique en partie son aventure. » Pour le journal antisémite Je suis partout (20 juillet 1935), Dreyfus gardait le silence, ce qui « est autant de preuves de sa culpabilité. » Le reste de la presse s’abstient généralement de considérations rétrospectives sur l’Affaire. Il s’agit le plus souvent d’entrefilets disparates qui correspondent plus à l’annonce d’un fait divers (3).
L’affaire Dreyfus sous l’Occupation
Les disciples de Charles Maurras, pour la plupart nés après l’affaire et regroupés au sein de la rédaction de Je suis partout, font paraître, au mois de février 1939, un numéro spécial intitulé « Les Juifs et la France ». La culpabilité de Dreyfus ne fait pas alors le moindre doute pour l’écrivain Lucien Rebatet, auteur d’un long article sur « L’Affaire » : « Dans le déluge de sottises de l’Affaire, Maurras écarte les mensonges, les sophismes, les jérémiades, les avocassiers, rappelle les Français au seul sentiment qui devraient les étreindre. Dreyfus victime ? Dreyfus la honte ? Non ! Dreyfus la calamité ! Pour tous les maux qui ont fondu sur notre pays en son nom. » Car, au-delà de l’éventuelle culpabilité ou innocence de Dreyfus, l’Affaire se situe sur un autre plan, proclame Lucien Rebatet. Ce qu’il convient de combattre écrit-il, c’est « ce clan dreyfusard triomphant, redoublant selon lui d’antimilitarisme et d’anticléricalisme, épurant l’armée, ce clan qui, après avoir chassé les congrégations, a établi la séparation de l’Eglise et de l’Etat » (en 1905).
A la fin des années 30, d’autres pamphlétaires, écrivains et journalistes antisémites comme Henry Coston, Jean Drault, Léon Daudet ou Louis-Ferdinand Céline pourfendent violemment Dreyfus. Dans Bagatelles pour un massacre, par exemple, Céline écrit: « le capitaine Dreyfus est bien plus grand que le capitaine Bonaparte. Il a conquis la France et l’a gardée » (Denoël, 1937, p. 199).
Ces propos précédent de peu l’instauration, en juillet 1940, du régime de Vichy. Les autorités, tout à leur objectif de « Révolution nationale », font expurger le contenu des manuels scolaires. Les passages concernant l’innocence du capitaine Dreyfus seront les premiers à être ainsi « oubliés » (4). Dans un récent article, l’historien Henry Rousso constate que l’antidreyfusisme ne figure pas, hormis quelques mentions clairsemées, dans l’arsenal idéologique de la collaboration. La propagande de Vichy n’y fait que rarement allusion, aucun livre, aucun pamphlet sur l’affaire n’est publié entre 1940 et 1944 (5). Notons cependant que dans la biographie de travail que distribue à ses membres l’Institut national de formation légionnaire, sorte d’école des cadres de la Légion française des combattants (6), figurent notamment Les Protocoles des Sages de Sion, le livre de chevet des antisémites, La France juive de l’écrivain antisémite Edouard Drumont (7) et un précis de l’affaire Dreyfus d’Henri Dutrait-Crozon (8).
Plus éclairant encore : à la fin de l’année 1943, Xavier Darquier de Pellepoix, le commissaire général aux questions juives (de Vichy), est compromis dans une affaire de corruption. Il faut lui envisager de trouver un successeur. L’ambassade d’Allemagne et le Sicherheitsdients (SD ou Gestapo) sont favorables à la nomination du comte Jacques Bouly de Lesdain, rédacteur politique à l’Illustration, organisateur des expositions de la France européenne, organisées à Paris, au Grand-Palais le 31 mai 1941 et 4 avril 1942, ou à celle de Louis Thomas, administrateur des éditions Calmann-Lévy, récemment aryannisés par Vichy. Les autorités vichyssoises décident cependant d’écarter la candidature de ces deux journalistes. Finalement, au début de l’année 1944, le nom du maurassien Charles Mercier du Paty de Clam est avancé pour succéder à Darquier de Pellepoix. Selon Xavier Vallat (ancien commissaire général aux questions juives), du Paty de Clam donne toutes les garanties « d’intégrité » et porte un nom « historique ». Son père, Armand Mercier du Paty de Clam (1853-1916), joua un rôle central dans les machinations de l’affaire Dreyfus. Choisi en qualité d’officier de police judiciaire et comme expert graphologique, l’officier s’était convaincu de la culpabilité d’Alfred Dreyfus. Trois ans plus tard (1897), il sera utilisé par l’état major de l’Armée française afin de protéger le vari coupable (le commandant Marie Charles Ferdinand Walsin Esterhazy), avant d’être lâché par ses successeurs. Comme le souligne le journal Le Cri du peuple du 28 février 1944, « Du Paty de Clam est le fils d’un soldat qui sut, pendant l’affaire Dreyfus, n’obéir qu’à son devoir et à sa conscience. Il fut calomnié pour la droiture de son caractère et sa fermeté par les Juifs dont il eut à supporter la haine et les vengeances, ainsi que par tout ce qui constituait l’anti-France. » Finalement, Charles du Paty de Clam occupera ce poste pendant quelques mois en 1944 (9). Pratiquement au même moment, Madeleine Lévy, la petite-fille du capitaine Dreyfus, meurt à Auschwitz. Elle est âgée de vingt-deux ans.
Sous l’Occupation encore, des expositions ou commémorations antidreyfusardes sont à mentionner. En 1941, le Capitaine Paul Sézille, officier en retraite, directeur de l’officine antisémite de l’Institut d’Etude des Questions Juives (IEQJ) entreprend de célébrer la mémoire de l’écrivain antisémite (et antidreyfusard) Edouard Drumont. Avec l’approbation de Von Valtier, fonctionnaire du Service d’Information de l’Ambassade d’Allemagne, Sézille organise le 24 septembre de cette année, une « journée Drumont ». Parmi les invités, la veuve de Drumont; Serpeille de Gobineau, petit-fils d’Arthur de Gobineau. Figurent également des représentants des autorités allemandes (Von Valtier) et françaises (Charles Magny, préfet de la Seine; l’Amiral Bard, Préfet de Police; Xavier Vallat, Commissaire général aux Questions Juives...). L’IEQJ inaugure une plaque commémorative sur la maison où Drumont vécut, il organise une cérémonie en son honneur à l’exposition du Palais Berlitz (à Paris) sur « Le Juif et la France » et offre une gerbe à sa veuve qui assiste à toutes les cérémonies prévues. Les célébrations en son honneur se poursuivront d’ailleurs pendant toute l’occupation. Au mois d’avril 1942, par exemple, plusieurs fidèles, tous membres de l’Association des Journalistes Antijuifs (AJA), fondée en 1941, Lucien Pemjean, Pierre-Antoine Cousteau, Jacques Ploncard ou Henry Coston..., se réunissent pour un déjeuner d’amitié. Ils fêtent leur confrère Jean Drault et la parution de son Histoire de l’antisémitisme. Ils célèbrent surtout le cinquantième anniversaire de La Libre Parole, le quotidien antisémite fondé par Drumont. En octobre 1942 est inaugurée la « Maison des journalistes antijuifs » dont la veuve Drumont assure la présidence...
Pour être un peu plus complet, nous voulons mentionner ici une thèse intéressante qui n’avait pas trop retenue, l’attention des historiens. De nombreux collaborateurs qui s’illustrèrent dans la France occupée des années 1940 – 1944, prirent part dans leur jeunesse au combat pour Dreyfus. L’historien israélien Simon Epstein consacre un ouvrage entier pour parler de ce sujet (10). Il rappelle notamment que l’innocence de Dreyfus était admise chez des collaborateurs qui ne viennent pas de la droite, mais de la gauche. Les ex-communistes qui forment l’assise du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot restent étrangers à l’antidreyfusisme obsessionnel de Charles Maurras. C’est encore plus vrai pour les ex-socialistes qui donnent au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat son substrat militant et idéologique. Le RNP compte d’authentiques dreyfusards à sa direction (François Delaisi) et dans la presse, notamment dans l’œuvre (Georges Pioch pour un temps, Georges de la Fouchardière, Alexandre Zévaès). Il en va de même pour les journaux de la gauche pro-allemande (L’Atelier, Germinal) où s’épanchent d’autres plumes dreyfusardes (Félicien Challaye, Armand Charpentier).
Le mot de la fin revient quant même à Charles Maurras. Le 27 janvier 1945, alors que Maurras vient d’apprendre sa condamnation à la réclusion perpétuelle pour intelligence avec l’ennemi, il s’écrie à l’adresse des juges : « C’est la revanche de Dreyfus ! »
De 1945 jusqu’au milieu des années 1970
De 1945 jusqu’au milieu des années 1970, date à laquelle sera levée la censure cinématographique officieuse sur les films et les documentaires, l’affaire est considérée comme politiquement dangereuse et par conséquent peu mentionnée publiquement. Dans un entretien accordé à La Presse nouvelle hebdomadaire, le réalisateur Jean Chérasse retrace les obstacles rencontrés pour la mise au point de son film, « Dreyfus ou l’intolérable vérité » (11). Il s’élève notamment contre la « précensure au temps du (Président) Pompidou » qui l’a obligée à tourner clandestinement son film sur l’affaire Dreyfus, avec un titre moins « sufureux » : « La Belle époque » ! Il raconte également que lors d’une conférence à la maison de la culture de Rennes, devant des professeurs et conseillers municipaux socialistes (d’une municipalité alors de droite), il apprit que celle-ci avait refusé à deux reprises de donner le nom de Dreyfus au lycée finalement baptisé Emile Zola.
C’est pourtant cette même municipalité de Rennes qui organisera quelques années plus tard une série de manifestations, rappelant sa place dans les péripéties de l’Affaire. En 1978, la rue parallèle au lycée Emile Zola est rebaptisée « rue du capitaine Dreyfus » tandis qu’une exposition sur l’affaire et les Droits de l’homme se tient à la bibliothèque municipale : les Rennais peuvent y voir exposés des documents exceptionnels offerts à la ville par la famille du capitaine. Ouest-France, qui couvre l’événement, rapporte la stupéfaction d’une femme qui s’exclame : « Mais alors, il était innocent ! »
Une nouvelle polémique : la statue Dreyfus réalisée par Tim
Quelques années plus tard, l’Affaire provoque toujours une vive réaction. « Une nouvelle affaire Dreyfus ? » s’interroge René Bernard dans L’Express, du 9-15 août 1985, après la polémique qui s’est élevée lorsque l’on a envisagé d’élever une statue du capitaine. Quatre-vingt ans après la victoire des dreyfusards, le nom de l’officier est en effet inscrit sur la liste des personnages historiques auxquels le président de la République François Mitterrand a décidé de rendre hommage. Sollicité par Jack Lang, ministre de la Culture, Louis Mitelberg, dessinateur éditorialiste de L’Express, peintre et sculpteur, connu sous le pseudonyme de Tim, réalise la sculpture. Coulée en bronze, elle représente le capitaine en pied, tenant son sabre brisé devant le visage. Tim propose de l’installer dans la cour de l’école militaire, à l’endroit même où Dreyfus fut dégradé. Jack Lang est d’accord mais il se heurte au refus de Charles Hernu. Le ministre de la Défense allègue que la cour de l’Ecole n’est pas accessible au public, et propose les jardins de la montagne Sainte-Geneviève qui abritent les locaux de l’Ecole polytechnique où Dreyfus fut étudiant.
Résultat de cette polémique : l’« Hommage au Capitaine Dreyfus » réalisé par Tim reste dans la fonderie du sculpteur pendant deux ans. Finalement, le 9 juin 1988, le ministre de la Culture l’inaugure dans le jardin des Tuileries, près de la terrasse dite du « bord de l’eau ». « L’honneur de l’officier injustement condamné est lavé dans le bronze dont on fait les statues » commente alors Le Monde (11 juin 1988) (12). Quelques jours plus tard, le lundi 20 juin, Charles Dreyfus, petit-fils du Capitaine, révèle que la tombe de son grand-père, située au cimetière du Montparnasse, a été profanée au début du mois : on y a tracé à la peinture des croix gammées et inscrits différentes injures antisémites (13).
L’antidreyfusisme de l’extrême droite
L'Affaire rebondira de façon inattendue à la suite de la parution dans une publication de l'armée, le SIRPA Actualités, du 31 janvier 1994, d'un article controversé et d'une analyse plus que tendancieuse sur l'Affaire Dreyfus, placée sous la responsabilité du colonel Paul Gaujac, chef du service historique de l'armée de terre (le SHAT). Paul Gaujac met sérieusement en doute l’innocence de Dreyfus. Dès parution de l'article, le ministre de la Défense, François Léotard décide de mettre fin aux fonctions du colonel. Georges-Paul Wagner, l'un des avocats de Jean-Marie Le Pen, dans le quotidien d'extrême droite Présent (10 février 1994) s’insurge. Est-il convaincu de l’innocence de Dreyfus ? « Elle fut proclamée en 1906 par un arrêt de la Cour de cassation, cassant sans renvoi, contre toute la jurisprudence, le jugement de condamnation de Rennes » écrit l’avocat de Le Pen. Et d'ajouter aussitôt, que cette innocence « ne suffit pas à la thèse officielle » car « elle doit également signifier, à peine de « faute lourde » comme l'a dit M. Léotard, la culpabilité de la France et de son armée. Un éternel mea culpa est donc nécessaire. Et nous sommes prévenus qu'il n'y aura pas d'absolution... » Quelques années auparavant, le même Wagner dans Présent (21 février 1990), se félicitait que, du temps de Dreyfus, Charles Maurras put prendre « la défense de l’identité nationale, de la nation et même de la société, menacée de disparaître pour faire proclamer l’innocence du seul capitaine... » Quant à la revue confidentielle Lectures Françaises, fondée par l’inénarrable antisémite professionnel Henry Coston, elle consacre un numéro, celui de mars 1994, pour parler de « l'Affaire » Gaujac. Lectures Françaises reproduit l'article de Georges-Paul Wagner et souligne plus particulièrement que « L'Affaire a profondément divisé le pays et l'a considérablement affaibli à la veille de la Grande Guerre ».
L'extrême droite ne fait plus de fixation particulière sur l’affaire. Mais elle considère toujours la culpabilité de Dreyfus comme un dogme nécessaire et plusieurs textes posent le dogme. Exemple : François Brigneau (14), rédacteur de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute déclare qu’à la libération, il a lui-même côtoyé « des innocents au bagne » ; et de citer pêle- mêle l’ex maréchal Pétain, Charles Maurras ou Robert Brasillach : dans ces conditions l’innocence ou la culpabilité de Dreyfus le touchent assez peu. Ce qui le fascine, c’est le « tumulte fait autour de l’affaire et l’espèce de guerre civile qu’elle a provoquée », organisée par la « conjuration de la franc-maçonnerie ». Plus grave encore, l’affaire serait à l’origine de l’interdiction « d’être antisémite. On peut être anticapitaliste, anticatholique, on peut être antiallemand, on doit être antifasciste, mais on ne peut être antisémite sans risquer cinq mille francs d’amende et deux ans de prison » (15).
Un autre chantre de l’extrême droite française du nom d’André Figueras prétend que, les Juifs montèrent une « opération anti-France et anti-Eglise, qui aboutit en particulier à la loi sur les Congrégations, et à la séparation de l’Eglise et de l’Etat. » Le dernier-né de Figueras plaît beaucoup à Henry Coston, qui considère qu’il est « d’un très grand courage...» (16) Henry Coston, qui est toujours aussi prolifique, présente à son tour son Signé Drumont, Publications HC, 1997. Il s’agit du plus délirant hommage que l’on puisse imaginer sur l’auteur antisémite de La France juive. Ce Signé Drumont n’a pas non plus échappé à la lecture attentive de Jean Mabire qui lui consacre un très long article d’une page dans l’hebdomadaire proche du Front National, National Hebdo, du 10 au 16 avril 1997, ainsi qu’à l’hebdomadaire d’extrême-droite Minute du 23 avril 1997. A noter enfin une dernière curiosité, le livre d’André Galabru, Variations sur l’auteur, Samizdat Autoédité de 1997 (et dont la diffusion est assurée par le réseau Coston de « Duquesne-Diffusion »). André Galabru dénonce une« puissance occulte et secrète » qui est « encore à l’oeuvre pour abuser les esprits et en retirer profit... » Tout un programme...
Dernier exemple si caractéristique de la violence qui émane de l’extrême droite lorsqu’elle parle de l’affaire Dreyfus : on a vendu, lors d’une fête du Front national (en 1991) l’ouvrage d’André Figueras Ce Canaille de Dreyfus (17). Figueras soutient que l’affaire ne fut ni réglée, ni classée, ni jugée et d’ajouter : « Toutes les vérités ne sont pas bonnes à taire. Et notamment celle-ci, que Dreyfus ne fut point innocent… »
Notes :
1. Journal fondé en 1899. Dans un premier temps hebdomadaire puis ensuite quotidien, le journal était l'organe du mouvement du même nom. Dans les années 30, le journal était animé par Charles Maurras et Maurice Pujo. La rédaction collabore avec Vichy avant d'être interdite de parution à la libération.
2. Gringoire est un hebdomadaire de droite fondé en 1928 par Horace de Carbuccia. Deux grands axes rédactionnels : politique et littérature. Il bascule à l'extrême droite en 1933-34. Parmi les collaborateurs de Gringoire citons : Robert Brasillach ou encore Edouard Henriot. Gringoire est interdit de parution à la libération.
3. Cf. Marc Knobel, « Il y a toujours des antidreyfusards », L’Histoire, n°173, janvier 1994, pp. 116-118 et Lendemains - Vergleichende Frankreichforschung, Les derniers antidreyfusards ou l’antidreyfusisme de 1906 à nos jours, tome 77, 1995, pp. 20-29.
4. Cf. Claude Singer, Vichy, l’Université et les Juifs, Les Belles Lettres, 1992, p. 8.
5. Henry Rousso, « The Dreyfus Affair in Vichy France: Past and present in French political Culture”, Studies in contemporary Jewry, XIII, 1997, pp. 153 – 169.
6. Cette association d'anciens combattants est créée le 29 août 1940 par Xavier Vallat et présidée par le maréchal Pétain. Les chefs sont nommés et appointés (et non plus élus et bénévoles, comme dans les associations traditionnelles d'anciens combattants). La loi du 19 novembre 1941 transforma la légion initiale en « Légion française des combattants et des volontaires de la Révolution nationale », de façon à y inclure les partisans du régime qui n'avaient pas combattu.
De cette légion ont émergé successivement deux formations:
le Service d'ordre légionnaire (SOL) rattaché à la Légion, mais avec une forte autonomie et la Milice française, constituée par Pétain, à partir du S.O.L..
7. Le 29 octobre 1894, un entrefilet dans La Libre Parole demande la confirmation de la récente arrestation d’un traître : est-il vrai, interroge le journal, « que, récemment, une arrestation fort importante a été opérée par ordre de l’autorité militaire ? ». Durant l'affaire Dreyfus, Édouard Drumont milite ardemment dans le camp anti-dreyfusard. Ceci lui permet d’être élu député « anti-juif » d'Alger au mois de mai 1898, une ville où de violentes manifestations antisémites ont eut lieu quelques mois plus tôt. A la Chambre ainsi que dans les colonnes de son journal, il s'oppose alors vivement à la révision du procès du capitaine Dreyfus, puis réclame des poursuites contre Émile Zola et milite même en 1899 en faveur de l'abrogation du décret Crémieux...
8. Henri Dutrait-Crozon, pseudonyme de Georges Larpent et de Frédéric Delebecque. Cet ouvrage de 1905 accumule citations et références, et offre l’apparence de toutes les garanties scientifiques, à l’exception de la vérité.
9. Cf. Marc Knobel, « C.-M.-V. Du Paty de Clam, commissaire général aux questions juives », Le Monde Juif, janvier mars 1985, pp. 18-24 et Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale », Paris, Grasset, 2006, pp. 742 – 756. Jugé en 1947, du Paty de Clam sera relevé de l’indignité nationale du fait de ses activités résistantes.
10. Simon Epstein, Les dreyfusards sous l’Occupation, Paris, Bibliothèque Albin Michel, 2001, 358 pages.
11. Cf. Jean Chérasse, Dreyfus ou l’intolérable vérité, Editions Pygmalion, 1975.
12. Il fallut des années pour trouver un endroit où installer cette statue de Tim. Elle trouva finalement un point de chute dans le square Pierre Lafue (VIème) en octobre 1994, pour le centième anniversaire de l’affaire. La statue est inaugurée par Jacques Chirac, qui qualifie l’affaire Dreyfus de « triple scandale : le scandale de l’injustice, le scandale de l’antisémitisme et de la xénophobie et le scandale de la division nationale. » « Autant de menaces qui continue de peser sur le continent européen et même sur la France » affirme le maire de Paris. En octobre 1994, une plaque rappelant que le capitaine Dreyfus finit sa vie dans le XVIIème arrondissement est apposée sur la façade de la rue des Renaudes qu’il occupa, à l’initiative des descendants de l’officier. Cette cérémonie se déroula en présence de Bernard Pons, député de Paris et de Pierre Rémond, maire du XVIIème arrondissement. Plusieurs autres personnalités dont Robert Badinter, président du Conseil Constitutionnel et Jean Kahn, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF), sont présents. En juillet 2000, à la suite d’un vote unanime du Conseil de Paris, une voie parisienne reçoit le nom de Dreyfus. La Place Alfred Dreyfus se trouve dans le 15ème arrondissement de la capitale au carrefour de l’avenue Emile Zola, de la rue du Théâtre et de la rue Violet.
13. La tombe de Dreyfus sera souillée par d’autres croix gammées, tout comme sa statue, en novembre 1995, sans doute à la suite de la diffusion par France 2 du film « l’affaire Dreyfus ». D’autres profanations auront lieu par la suite.
14. François Brigneau, de son vrai nom Emmanuel Allot, est un journaliste français né le 30 avril 1919 à Concarneau (Finistère). D'abord sympathisant de gauche, il s'oriente vers la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Il est admirateur de Robert Brasillach. Le lendemain du débarquement allié, il s'engage dans la Milice. Arrêté, il sort de prison au bout d'un an. Il entame ensuite une carrière dans la presse, en prenant tout d'abord le pseudonyme de Julien Guernec. Il a travaillé pour Paroles françaises, La Dernière lanterne, Indépendance française, France dimanche, Le Rouge et le noir, Constellation, La Fronde, Rivarol, Ciné monde, L'Auto-journal. Il a été ensuite rédacteur en chef à Semaine du Monde, éditorialiste à Télé magazine, grand reporter à Paris Presse, L'intransigeant et à l'Aurore et enfin collaborateur à Minute. Ses éditoriaux vengeurs, souvent dirigés contre le président Charles de Gaulle, contribuèrent à faire la réputation du journal. Il est un temps rédacteur en chef de Minute. Membre du mouvement Ordre nouveau, il est ensuite co-fondateur du Front national, dont il est de 1972 à 1973 le vice-président. Il s'éloigne ensuite du Front national lors de la scission, qui voit une partie de ses membres fonder le Parti des forces nouvelles. Il se rapproche plus tard à nouveau du FN, sans pour autant faire partie de l'appareil du parti. Il a collaboré, dans les années 1990, à l'hebdomadaire National-Hebdo, dont la rédaction est domiciliée dans les locaux du Front national . Longtemps, un des meilleurs amis de Jean-Marie Le Pen, il se brouille avec lui lorsque Bruno Mégret quitte le FN.
15. Cf. en particulier François Brigneau, L'interrogatoire, Publications FB, 1993 et du même auteur « Mon » Affaire Dreyfus, Publications FB, 1993.
16. André Figueras, L’Affaire Dreyfus revue et corrigée, Publications André Figueras, 1989 et la Fable d’Auschwitz et d’Abraham, Publications AF, 1996.
17. Cité par L’Histoire, n°173, janvier 1994, pp. 116-118