Un film sur l'extermination avec grand angle et plans larges aurait été obscène. Claude Lanzmann le sait qui, avec Shoah, a réalisé un monument indépassable par son ampleur, sa force et son universalité. Or le premier long métrage de Laszlo Nemes en est un prolongement qu'on pensait impossible : c'est une fiction, dans les abîmes du monde, lue à travers le regard et uniquement le regard de Saul, juif hongrois déporté et affecté aux Sonderkommandos.
Sa tâche : aider les nazis à entasser dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau en cet été 1944, les 12.000 hommes, femmes et enfants à éliminer chaque jour. Puis, nettoyer les lieux une fois le Zyklon B dissipé, et traîner les cadavres jusqu'aux chariots qui les déverseront dans les fours crématoires, avant de disperser leurs cendres, pour qu'invisible reste le crime.
La survie de Saul, quelques semaines.
Son regard, mort.
Son humanité, abolie.
Jusqu'au moment où il croit reconnaître son propre fils dans un des cadavres retirés de la chambre à gaz, et où il veut, désespérément, dans une quête aussi absurde qu'impossible, lui donner sépulture et prière afin qu'il ne parte pas comme les autres, en fumée...
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