Tribune
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Publié le 19 Janvier 2015

L'islamophobie et le « pas d'amalgame »

Le concept d'islamophobie est problématique, il met en oeuvre une confision qui identifie l'islam, une religion, unepensée, à une caractéristique ethnico-raciale. 

Le dispositif du "pas d'amalagame", s'inscrit dans la logique d'un concept récent, "l'islamophobie", fruit de l'action politique internationale de l'Organisation de la Coopération Islamique, un bloc de 57 Etats à l'ONU, dont le programme d'"Alliance des civilisations" vise à restaurer et exalter l'image de l'islam dans la culture occidentale, programme auquel l'Union Européenne a adhéré pleinement en vertu d'une série de traités et d'accords, dont les effets se ressentent dans tous les domaines, notamment éducatif, culturel, médiatique, politique.

Ce concept est problématique. Il met en œuvre une confusion qui identifie l'islam, une religion, une pensée, à une caractéristique ethnico-raciale. Il y a effectivement, sur le plan des normes, une distinction à faire entre le racisme anti-arabe/musulman, une haine de type ethnique qui s'applique aux personnes individuelles et à la masse, avec la critique ou la haine de l'islam comme idéologie, philosophie ou religion. Il peut exister une haine idéologique du christianisme ou du judaïsme, de l'athéïsme ou du laïcisme, comme du socialisme ou du communisme, mais tant que cette haine, ce mépris ou cette critique n'aboutissent pas à une atteinte aux personnes s'en recommandant, on n'est pas face à un cas de racisme mais à une animosité idéologique et intellectuelle. Il est vrai que cette animosité peut conduire à des actes agressifs. Il faut à ce propos distinguer entre "discrimination" et "racisme", ce dernier ne faisant référence qu'à une race, un caractère supposé relatif à des caractéristiques physiques apparentes, une catégorie elle même idéologique.

Le blasphème n'est pas un raciste
Le racisme anti-arabe/musulman ne doit donc pas être confondu avec quelque perspective que ce soit concernant l'islam comme doctrine. Le terme de "phobie" est ici trompeur et pour cause, c'est pour cela qu'il a été forgé. Il réfère la haine à une défaillance psychique (donc irresponsable) et, surtout, il a une portée invasive qui ferait de toute opinion sur l'islam un racisme, ce qui reviendrait par exemple à faire du blasphème un acte raciste (ce qui est un but avéré de l'Organisation de la Coopération Islamique). Or, bien que le blasphème soit une provocation gratuite et inutile (on peut être athée sans jeter nécessairement le discrédit sur une croyance), ce n'est pas un acte "raciste" ou, plutôt, "discriminatoire". L'accusation d'islamophobie, de cette sorte, parce qu'elle s'étend aux valeurs et aux croyances de l'islam, parce que l'étendue du champ de la phobie n'a aucune limite, risque donc de se confondre avec un interdit de nature religieuse, intellectuelle, culturelle et idéologique, visant en l'occurence, à protéger, défendre et illustrer l'islam. Il fait de lui, une religion (un facteur culturel), un marqueur ethnique (un facteur réputé biologique), de sorte que le critiquer, ce serait porter atteinte à une ethnie.

Distinguos fragiles
 Je serais aussi perplexe pour la notion de "judéophobie". L'antisémitisme est une forme de discrimination qui s'attaque aux Juifs parce qu'ils sont juifs, dans le sens où ils appartiennent à un "peuple" qui serait caché dans les citoyens (le complot juif mondial). Cacher cette vindicte dans l'antisionisme (autre forme de la condition de peuple des Juifs) ou le mensonge sur les pseudo crimes d'Israël est le propre du nouvel antisémitisme. La preuve est que cette idéologie s'attaque aux Juifs en France, à l'instar de Merah voulant "venger les enfants de Gaza". À Toulouse.
La vérité est que tous ces distinguos juridiques sont fragiles. Dans la réalité sociologique, la réalité vécue, si les musulmans reconnaissent dans leur religion un drapeau de leur appartenance collective (c'est en fait ce que nous dit l'analyse sociologique durkheimienne du phénomène religieux), critiquer l'islam, c'est s'attaquer à eux en personne, à leur dignité... L'homme moyen n'est pas un philosophe ni un juge. C'est le fait que cette confusion devienne invasive et agressive pour les autres qui est inacceptable. Or c'est bien le cas avec le djihad mondial.

http://www.actuj.com/2015-01/france/1331-shmuel-trigano-l-islamophobie-e...Pour en savoir plus :