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Actualité Juive : Une formule lue dans la presse vous définit comme le cocktail détonnant d’un quart de gospel, un quartet de blues, le reste étant fait de talent et de courage. La définition vous convient-elle ?
Yoann Fréget : Je la trouve gentille, mais il m’est difficile de me définir. Je préfère laisser les autres parler de mes qualités !
Soit ! Le talent, c’est d’abord votre voix qui a bluffé le jury avec une chanson de Whitney Houston où vous êtes monté très haut...
J’ai beaucoup répété dans le Bois de Vincennes, par tous les temps, pour ne plus déranger mes voisins : j’ai pas mal de coffre, un parquet en bois et tout l’immeuble a dû entendre la chanson pendant un mois !
Votre univers est celui de la musique afro-américaine, notamment le Gospel. Que représente-t-il pour vous ?
C’est la découverte que la musique relève du spirituel. J’en ai pris conscience à l’âge de quinze ans en découvrant le gospel avec Emmanuel Djob qui a participé à The Voice. J’ai compris que c’était la musique que je voulais faire. À cette époque, je ne croyais pas en D'ieu, mes parents ne m’ayant pas donné d’éducation religieuse. Cette musique m’a révélé une énergie divine.
Que transmettez-vous à travers votre propre chorale «Le chœur enchanté» ?
Il est important de se détendre, d’aller au plus profond de soi. La musique ne peut se limiter à la seule dimension intellectuelle. C’est avec son âme que l’on peut bien chanter.
Venons-en au courage : chanter dans la rue, comme vous le faisiez à Montpellier, en est une forme...
Je chantais a capella pour dépasser ma timidité. Cela m’a permis de m’exposer au regard des gens et de trouver le détachement nécessaire. Cela m’a aussi parfois valu d’être insulté...
Le courage, n’est-ce pas aussi la surexposition lors de The Voice, beau tremplin même si vous aviez déjà remporté des concours ?
J’étais connu dans le milieu Soul et Gospel en France, mais inconnu du grand public. Les gens ont pu découvrir ma musique. Je trouve que ce qui se fait actuellement manque cruellement d’authenticité. Je déteste la vulgarité et quand je vois certains textes, que j’entends certaines musiques, je ne m’y retrouve pas...
Le courage, c’est aussi de lutter contre le bégaiement déclenché quand vos parents se sont séparés...
Un divorce est toujours une cause de souffrance pour les enfants. Le Gospel m’a aidé à réduire mon bégaiement. Un deuxième cap a été franchi quand j’ai découvert la méditation. Dans The Voice, je n’ai pas lutté contre le bégaiement ; j’ai essayé de rester en paix du début à la fin. Si je vis bien l’aventure The Voice, c’est parce que je la vis comme une continuité.
La famille est importante pour vous...
Mon grand-père est un grand écrivain grec. Je me sens pour ma part proche de Socrate, dans sa quête d’harmonie entre l’intellect et le cœur. J’ai eu la chance de connaître mon arrière-grand-mère et mon arrière grand-père maternels qui étaient juifs et avec lesquels j’ai partagé de grands moments. Mon arrière-grand-père me racontait ce qu’il avait vécu. Ses treize frères et sœurs se sont fait exterminer. Lui est un survivant des camps grâce à la ténacité de mon arrière-grand-mère, convertie au judaïsme, qui a convaincu une gardienne de le relâcher. Il venait de Hongrie. Je suis très fier de mes origines juives. Le message de Moïse et d’Abraham me porte dans ma vie de tous les jours. Ce sont des exemples de droiture et d’amour. Ils ont montré un chemin pour se connecter à D'ieu.
On relève sur YouTube votre émouvante interprétation de «Si je t’oublie Jérusalem...»
Je continue de chanter dans l’orchestre «Version originale» lors de mariages juifs et de bar-mitsvot. J’aime beaucoup «Im lo a’ale», « Rah’em » ainsi que la Tikva que j’adore chanter, mais que je préfère réserver à d’autres occasions qu’un mariage, car elle m’évoque trop de choses dramatiques...
Ave z-vous eu l’occasion de visiter Israël ?
Non, mais j’aimerais beaucoup y aller, car des amis m’attendent là-bas. Si un concert était organisé en Israël, ce serait avec grande joie !
Vous vous partagez entre la tournée «The Voice 2013» et la préparation de votre album, annoncé comme la rencontre de différentes cultures...
J’ai envie de parler des valeurs qui m’animent. Je pense avoir une grande moralité, je ne bois pas, ne fume pas, je veux me marier avant de vivre avec quelqu’un : j’espère que tout cela se retrouvera dans cet album.
(Article publié dans le n°1261 d’Actualité Juive)