Tribune
|
Publié le 4 Avril 2013

Les sanctions contre l'Iran peuvent être encore plus efficaces

 

Alors que de nouvelles négociations avec l'Iran s'ouvrent le 5 avril, August Hanning, ancien chef des services de renseignement ­allemands, explique ­comment accroître davantage la pression sur Téhéran.

 

Au terme de deux jours de négociations fin février, les E3 + 3 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie, États-Unis) et l'Iran ont annoncé que leurs discussions seraient prolongées par une nouvelle réunion politique les 5 et 6 avril à Almaty, au Kazakhstan. La proposition formulée par ces pays d'alléger les sanctions si Téhéran accepte de revenir sur certains aspects de son programme nucléaire a souligné l'importance d'un régime de sanctions efficace. Si l'Union européenne souhaite consolider encore davantage sa position à la table des négociations, il est essentiel d'identifier les domaines dans lesquels des mesures complémentaires peuvent être prises afin de renforcer la cohérence de la diplomatie européenne.

 

Jusqu'ici, les sanctions de l'ONU, des États-Unis et de l'Union européenne (UE) ont grandement compliqué aussi bien les exportations vers l'Iran que les importations de produits iraniens. Le pétrole iranien non raffiné en particulier, dont la vente constitue la clé de voûte financière des Gardes révolutionnaires, a fait l'objet d'une attention marquée. Avec l'assèchement des ressources liées aux exportations de pétrole, dû en grande partie à la décision de l'UE d'interdire les importations de produits pétrochimiques iraniens l'an passé, la perte de valeur du rial, la monnaie iranienne, et les nombreuses restrictions appliquées aux transactions financières entre l'Iran et des pays tiers, le régime se trouve sous une pression accrue.

 

Mais malgré les efforts importants de la part de la communauté internationale, de nombreuses lacunes persistent. Il est urgent de rendre le régime de sanctions plus hermétique, afin d'accroître au maximum la pression sur le régime. Une possibilité serait de viser les importations iraniennes de charbon et de coke (résidu de la houille), matières premières indispensables à la production d'acier. L'acier est un matériau essentiel à la poursuite du programme nucléaire iranien, et les dernières sanctions en date interdisant aux entreprises européennes de vendre de l'acier à l'Iran, il paraîtrait logique de les amender afin d'interdire également la vente de charbon et de coke à l'Iran.

 

La majeure partie du charbon et du coke livrée à l'Iran provient de pays d'Asie centrale et de la Communauté des États indépendants (CEI) et ne peut donc pas être sanctionnée directement par Bruxelles. Mais l'UE peut agir malgré tout, à travers le domaine de l'assurance et de la réassurance. Étant donné que la plupart des (ré)assureurs de flottes marchandes se trouvent en Europe, une nouvelle législation interdisant la (ré)assurance de navires transportant du charbon et du coke vers l'Iran pourrait s'avérer efficace. En l'absence d'une telle mesure, l'Iran conserve la possibilité de contourner les sanctions européennes sur la vente d'acier.

 

Mettre en œuvre cette proposition pourrait contribuer de manière significative à l'effort diplomatique visant à mettre un terme au programme nucléaire iranien. Alors que les E3 + 3 entrent dans une phase critique de négociations, il est important que l'Europe et ses alliés prennent les décisions qui pourront augmenter leurs chances de succès.

 

L'auteur est membre d'une initiative transatlantique entre le groupe américain United Against Nuclear Iran et le think tank britannique ­Institute for Strategic Dialogue.